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Liberté d'expression

Traumatisme chez les gauchistes : Bardella invité au déjeuner des best-sellers de L’Express

Traumatisme chez les gauchistes : Bardella invité au déjeuner des best-sellers de L’Express

Jordan Bardella a été invité au déjeuner des best-sellers de L’Express organisé au Royal Monceau, avenue Hoche, en raison du succès de son livre, Ce que je cherche (Fayard), publié le 9 novembre, à la 18e place des meilleures ventes de l’année avec près de 190 000 exemplaires à ce jour (175 000 en 2024).

L’Express assume :

C’est un fait, nous ne censurons aucun best-seller, essai comme fiction. En 2015, Éric Zemmour était bel et bien présent lui aussi à nos agapes de l’édition pour Le Suicide français (Albin Michel)- faut croire qu’à l’époque il sentait moins le soufre. Tout comme Philippe de Villiers, invité pour Le moment est venu de dire ce que j’ai vu (Albin Michel) en 2016, Christiane Taubira en 2017 pour Murmures à la jeunesse (Philippe Rey) ou encore François Hollande en 2019 pour Les Leçons de pouvoir (Stock). Etre sur la photo avec Bardella alors que l‘élection présidentielle est dans deux ans, nos auteurs ne vont jamais l’accepter, clament en substance quelques éditeurs.

Mediapart s’étrangle et c’est savoureux :

La lecture du compte rendu de ce déjeuner, commis par L’Express une fois les petits-fours digérés, permet à elle seule de mesurer le moment de bascule dans lequel nous nous trouvons. Concentré d’entre-soi et de dépolitisation, il donne un aperçu effarant de ce petit monde sans problèmes. […] Un monde où l’extrême droite ne représente aucun véritable danger et où l’on raille même celles et ceux qui s’en inquiètent. Un monde où l’on aperçoit Amélie Nothomb, donc, une « coupe de (très bon) Moët à la main et sourire aux lèvres », déambuler dans les salons chics du Royal Monceau, où s’est retrouvé ce petit comité. […] « Vous auriez invité Trump, c’était pareil, je serais venue ; cela fait vingt-cinq ans que je participe au déjeuner, ce n’est pas Bardella qui va m’empêcher d’assister à celui-là », a-t-elle affirmé à ses hôtes, en évoquant son père qui « était diplomate » et « a reçu Mao Zedong à la maison » – comment cela, il n’y a pas de rapport ?

On pourrait aisément arguer qu’Amélie Nothomb a construit une partie de sa légende sur le fait de manger des fruits pourris et de saliver devant des poubelles. Elle n’en est donc plus à cela près. Mais que dire des autres, cette « cinquantaine de convives » qui se sont joyeusement « attaqués au saumon fumé, suivi d’un suprême de volaille et d’une tartelette à la poire », sans s’interroger un seul instant sur leur entrée fracassante dans le grand monde de la banalisation de l’extrême droite ?

Parmi eux, figuraient l’auteur de polars Maxime Chattam, le romancier David Foenkinos – qui en a profité pour faire des blagues sur le nom du côtes-du-Rhône servi à table, parce que « çaaa vaaaa », on peut quand même rire de tout avec tout le monde –, l’autrice de dark romance Laura Swan, le médecin légiste belge Philippe Boxho, ou encore le prix Goncourt 2023 Jean-Baptiste Andrea. Mais l’essentiel des assiettes du Royal Monceau a été vidé par des dirigeant·es du milieu de l’édition.

Leurs échanges, retranscrits partiellement par L’Express, donnent à voir ce milieu encore profondément bourgeois, conservateur et homogène, qui se pense trop souvent au-dessus de la société et de ses considérations. Et qui ne voit vraiment pas le problème à déjeuner avec le président du RN. D’autant que si on le leur proposait – anticipons déjà les arguments qui pourraient être opposés, à grand renfort de citations apocryphes de Voltaire –, ils déjeuneraient avec n’importe qui d’autre.

[…] Pour conclure cette mauvaise blague, l’hebdomadaire cite un éditeur qui confie en fin de repas à son voisin de table que Jordan Bardella « est quelqu’un de très bien élevé » parce qu’« il n’a pas cherché à attirer l’attention ». C’est vrai, quoi, c’est quand même drôlement agréable cette extrême droite polie, bien habillée, qui ne met pas ses coudes sur la table et mange proprement. Et puis, c’est rassurant d’être entre personnes qui n’ont rien à redouter de l’arrivée du RN au pouvoir. C’est même assez grisant de faire la nique aux grincheux qui ne se résolvent pas à ce que la haine et le rejet deviennent la norme.

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