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Nous sommes en ce dimanche 11 décembre 2022, au IIIe dimanche de l’Avent, un dimanche de joie qui verra le prêtre quitter les habits liturgiques violets qui représentaient ce temps de pénitence de l’Avent et revêtir le rose, comme pour exprimer une joie de Noël anticipé. L’autel pourra être orné de fleurs et les orgues se feront entendre…
Le troisième dimanche de l’Avent est donc un dimanche ” rose “, comme le quatrième dimanche de Carême ; ce sont les deux seuls jours de l’année où le célébrant revêt des ornements de cette couleur, car ils marquent une halte dans un temps de pénitence, où les ornements sont normalement violets. En effet l’Avent est un temps de pénitence comme le Carême, bien que moins austère, car c’est un temps de purification et de recueillement qui nous prépare à la venue du Sauveur. Ce jour de répit au milieu du temps de pénitence est un jour de joie, car nous en profitons pour entrevoir le but, qui est le salut et la rédemption finale.
Aussi ce dimanche est-il appelé de Gaudete, du premier mot de l’Introït, comme le quatrième dimanche de Carême est appelé Lætare : ces deux mots voulant dire : réjouissez-vous.
1er avènement : C’est Marie qui nous donne Jésus : Vous êtes heureuse, Marie, parce que tout ce qui vous a été dit de la part du Seigneur s’accomplira en vous (Ant. du Magnif.). C’est de Bethléem que sortira le Roi dominateur qui apportera la paix à toutes les nations (2e répons) et qui délivrera son peuple du pouvoir de ses ennemis (4e rép.). Nos âmes participeront d’une façon spéciale à cette délivrance aux fêtes de Noël parce qu’elles sont l’anniversaire de l’entrée en ce monde du vainqueur de Satan. Faites, demande l’Église, que la nouvelle naissance de votre Fils unique selon la chair nous délivre de l’antique servitude qui nous tient sous le joug du péché (Messe du Jour, 25 déc.). Saint Jean-Baptiste prépara les Juifs à la venue du Messie ; il nous prépare de même à l’union, chaque année plus intime, que Jésus contracte avec nos âmes à Noël. Rendez droite la voie du Seigneur, dit le Précurseur. Aplanissons donc les chemins de notre cœur et le Sauveur Jésus y viendra pour nous donner ses grâces libératrices.
2e avènement : C’est à la venue de Jésus à la fin du monde que Saint Grégoire fait allusion en expliquant l’Évangile : Jean, le Précurseur du Rédempteur, déclare-t-il, marche devant Jésus dans l’esprit et la vertu d’Élie qui sera précurseur du Juge (9e leçon). C’est aussi, en les prenant dans leur sens littéral, de l’avènement de justice qu’il est question dans l’Épître et dans l’Introït. Si nous ressentons une grande joie à l’approche des fêtes de Noël qui nous rappellent la venue de l’humble enfant de la crèche, combien plus la pensée de sa venue dans tout l’éclat de sa puissance et de sa majesté ne doit-elle pas nous remplir d’une sainte exultation, parce que c’est alors seulement que notre rédemption trouvera sa pleine consommation.
Si l’on considère l’ensemble des chants de cette messe, la joie y est beaucoup moins partout présente que dans ceux du dimanche précédent. On y trouve aussi des appels pressants et suppliants mettant en évidence le mot “venez” qui est un des mots-clés de l’Avent, mais cette supplication reste toujours pleine de confiance et d’espérance.
Introït : Gaudete
Le texte de l’Introït est tiré de l’Épître de saint Paul aux Philippiens. C’est d’ailleurs un des rares chants des messes de l’Avent qui provient du Nouveau Testament.
Gaudete in Domino semper : iterum dico, gaudete : modestia vestra nota sit omnibus hominibus : Dominus prope est. Nihil solliciti sitis : sed in omni oratione petitiones vestræ innotescant apud Deum.
Réjouissez vous toujours dans le Seigneur, je vous le répète, réjouissez-vous. Que votre douceur soit connue de tous les hommes. Le Seigneur est proche ; ne vous inquiétez de rien, mais qu’en toutes choses vos demandes se fassent connaître à Dieu par la prière.
Ce texte a été choisi évidemment à cause de la phrase Dominus prope est, le Seigneur est proche. En écrivant cela saint Paul ne pensait pas tellement à une proximité dans le temps. Il voulait seulement dire que le Seigneur est toujours près de nous, nous guidant et nous protégeant par sa providence. C’est pourquoi nous devons être sans inquiétude, manifestant cette tranquillité d’âme par une humeur égale envers tous. Soyez toujours joyeux, nous dit l’apôtre ; un chrétien doit toujours être joyeux, la tristesse c’est le domaine du diable. Cependant dans la liturgie de l’Avent, la phrase ” Le Seigneur est proche ” annonce la prochaine venue du Sauveur dans quelques jours à Noël. C’est cette prochaine venue qui doit susciter en nous ces mêmes sentiments de paix, de confiance et de joie. Ils sont ici très bien exprimés par une mélodie douce et tranquille, sans grands écarts, avec seulement une belle montée sur la phrase importante : Dominus prope est. Cet Introït est accompagné du premier verset du psaume 84, un des grands psaumes de l’Avent que nous avons déjà rencontré dans les messes des deux premiers dimanches, et que nous retrouverons aujourd’hui dans le chant d’Offertoire avec ce premier verset :
Benedixisti Domine terram tuam, avertisti captivitatem Jacob.
Seigneur, vous avez béni votre terre, Vous avez ramené Jacob de captivité.
Graduel : Qui sedes
Une particularité de ce troisième dimanche de l’Avent est que nous allons retrouver le même texte au Graduel et à l’Alléluia. Ce texte est tiré du Psaume 79, dont nous avons déjà entendu le premier verset à l’Introït de dimanche dernier, et dans lequel le peuple d’Israël, en butte aux épreuves et aux persécutions, implorait le Seigneur, son guide et son pasteur, pour qu’Il vienne le sauver. Nous n’avons plus ici la joie de Gaudete, mais une supplication intense, où le mot important, un des grands refrains de l’Avent, est Veni (venez), que l’on va retrouver à l’Alléluia.
Qui sedes, Domine, super Cherubim, excita potentiam tuam, et veni. Qui regis Isræl, intende : qui deducis velut ovem Joseph.
Seigneur, Vous qui siégez au dessus des Chérubins, réveillez votre puissance et venez. Soyez attentif, Vous qui dirigez Israël, qui conduisez Joseph comme une brebis
Les Chérubins dont il est question ici sont ceux qui étaient représentés au dessus de l’arche d’alliance, symbole de la présence de Dieu dans le temple. Joseph, comme Israël, désigne le peuple élu.
La mélodie est très ornée comme c’est toujours le cas dans les Graduels, mais on remarquera le contraste frappant entre les deux phrases de la première partie. La première qui acclame la majesté divine siégeant dans les cieux est éclatante, s’élevant jusqu’à l’extrême aigu, tandis que la deuxième prière de demande très humble, se tient entièrement dans le grave. Le texte du verset du psaume est d’ailleurs interrompu (on trouvera le texte complet de ce passage dans l’Alléluia) pour se terminer sur le mot important veni qui est ainsi mis fortement en évidence. Si la mélodie de cette première partie est très originale, celle de la deuxième partie reprend des formules types que l’on retrouve dans d’autres Graduels, avec de grandes vocalises souples et légères mais s’adaptant au texte de manière très expressive.
Alléluia : Excita Domine
L’Alléluia du troisième dimanche de l’Avent comporte un texte qui figurait déjà dans le Graduel et plus précisément dans la deuxième phrase. Mais cette fois il n’est pas coupé après le mot veni et il va jusqu’au bout du verset.
Excita, Domine, potentiam tuam, et veni, ut salvos facias nos.
Seigneur réveillez votre puissance et venez pour nous sauver.
Cette phrase est vraiment la prière type du temps de l’Avent, on la trouve même à plusieurs reprises dans les oraisons de la messe. Elle est revêtue ici également d’une mélodie type que l’on retrouve dans un certain nombre d’autres Alléluias au cours de l’année. Elle exprime la prière suppliante du texte d’une manière assez douce et contemplative et le mot important veni, bien que ne se trouvant pas cette fois à la fin, est quand même bien souligné.
Je suis, dit Jean-Baptiste, la voix de celui qui crie dans le désert : Rendez droite la voie du Seigneur (Évangile St Jean 1, 23).
Offertoire : Benedixisti
Dans l’Offertoire du troisième dimanche de l’Avent, on retrouve le psaume 84, qui est un des grands psaumes de l’Avent et qui figurait déjà dans les chants des premier et deuxième dimanches ; c’était aussi le psaume de l’Introït de ce dimanche. Nous avions dit que dans ce psaume le peuple d’Israël rendait grâce au Seigneur pour les bienfaits passés, notamment la délivrance de la captivité de Babylone, et il s’appuyait sur cette confiance pour implorer la venue du Messie tant attendu. Nous avons déjà rencontré le verset qui formulait cette demande : ” Montrez nous votre miséricorde et donnez nous le salut “, et celui qui affirmait la certitude d’être exaucé : ” Le Seigneur donnera sa bénédiction et notre terre donnera son fruit “. Aujourd’hui nous revenons au premier verset du psaume et à la prière d’action de grâce pour la délivrance de la captivité, mais elle est évidemment éclairée par le désir du Sauveur et la confiance dans sa prochaine venue. En ce dimanche de Gaudete on se réjouit du bienfait de la Rédemption, dont la fête de Noël qui approche nous apporte les prémices.
Benedixisti, Domine, terram tuam : avertisti captivitatem Jacob : remisisti iniquitatem plebis tuæ.
Seigneur vous avez béni votre terre (c’est à dire votre peuple), vous avez ramené Jacob de captivité, vous avez remis les péchés de votre peuple.
Votre terre, Jacob, votre peuple, c’est toujours le peuple élu, et maintenant c’est l’Église.
La mélodie est assez contemplative mais pleine de mouvement. Chacune des trois phrases comporte une grande montée très expressive avec une nette progression d’une phrase à l’autre.
Communion : Dicite Pusillanimes
Le texte de l’antienne de Communion du troisième dimanche de l’Avent est tiré du prophète Isaïe, le grand prophète de l’Avent, celui qui a le plus annoncé la venue du Messie. Nous l’avions déjà trouvé à l’Introït de dimanche dernier et nous le retrouverons à deux reprises dans la messe de dimanche prochain.
Dicite : Pusillanimes confortamini et nolite timere : ecce Deus noster veniet, et salvabit nos.
Dites à ceux qui craignent : Prenez courage, n’ayez pas peur, voici que notre Dieu va venir et Il vous sauvera.
Il y a donc deux phrases assez différentes : la première est l’invitation à prendre courage, ce qu’exprime sa mélodie avec une grande montée enthousiaste et vraiment réconfortante. La deuxième phrase donne le motif de ce réconfort, elle est plus calme, affirmative et pleine d’assurance.