Partager cet article

France : Politique en France

“Trou du cul” : la discussion vole haut à l’Assemblée

Voici quelques extraits des débats hier à l'Assemblée nationale concernant le projet de loi relatif à la délimitation des régions…

Antoine Herth. Monsieur le ministre de l’intérieur […] Vous et votre majorité en avez déduit qu’il fallait désormais englober l’Alsace dans ces vastes territoires de l’est parisien. C’est une vision, disons classique, essentiellement centralisatrice, mais un train ne fait pas une identité régionale. Le fait que les élites puissent voyager rapidement sur un territoire ne suffit pas pour fonder une communauté d’intérêt et de projet. Comment d’ailleurs l’appeler, cette région ? On entend toutes sortes d’acronymes, CHAMALLO, ALCA. Dans le texte, ce serait actuellement Alsace-Champagne-Ardennes-Lorraine, ce qui donnerait quelque chose du genre ACHLOR. (Rires sur plusieurs bancs du groupe UMP.)

Sébastien Denaja. C’est lamentable ! Même quand on est du sud, on peut traduire ! […]

Jean-Pierre Le Roch. Que l’on ne nous parle pas de dépeçage. Ce dépeçage, la Bretagne l’a connu en 1941.

Charles de Courson. Vichy !

Jean-Pierre Le Roch. Que l’on ne nous parle pas de repli identitaire dès que l’on revendique son attachement à la Bretagne historique. Il n’y a pas plus ouvert sur le monde que les Bretons, présents en nombre et depuis longtemps sur tous les continents. (Applaudissements sur de nombreux bancs des groupes UMP et sur les bancs du groupe écologiste.)

Charles de Courson. Pas chauvins ! […]

Philippe Bies. […] Mes chers collègues, vous avez également appelé à plusieurs reprises l’histoire de l’Alsace à la rescousse. Mais, là encore, au-delà de quelques erreurs que je peux comprendre – par exemple, il faudra rappeler à M. Schneider que l’Assemblée nationale, en 1871, ne s’est pas réunie à Paris, mais à Bordeaux –, vous avez oublié de dire que les députés alsaciens ont certes demandé à rester français, mais qu’ils ont fait cette déclaration avec leurs collègues lorrains. C’est ensemble qu’ils ont souhaité rester rattachés à la France. (Exclamations sur de nombreux bancs du groupe UMP.)

Patrick Hetzel. N’importe quoi ! Apprenez votre histoire !

Philippe Bies. Je vous rapporterai le livre d’histoire, que cela vous permette de faire quelques révisions !

Patrick Hetzel. Avec vous, c’est du révisionnisme ! (Protestations sur les bancs du groupe SRC.)

la présidente. Mes chers collègues, on se calme !

Philippe Bies. Je suis quand même un peu outré par l’attitude de mes collègues et, même si je n’en avais pas l’intention, je voudrais faire un rappel au règlement parce que M. Herth a raccourci Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne et a dit que cela donnait « Àrschloch ». Je souhaiterais que, devant la représentation nationale, M. Herth traduise pour ceux qui ne sont pas germanistes.

Sébastien Denaja. Ça veut dire « trou du cul » !

Philippe Bies. Exactement. Et pour un député de la République, monsieur Herth, je trouve que ce sont des propos totalement déplacés. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.) Mes chers collègues, vous parlez au nom des Alsaciens. Vous considérez que vous pouvez vous exprimer, vous, députés de la République, au nom des Alsaciens, alors même que vous êtes éloignés d’une partie de la population réelle.

Partager cet article

10 commentaires

  1. Ces ignares ne savent même pas que seule la Moselle et un morceau de la Meurthe ont été, avec les deux départements alsaciens, intégrés au Reich allemand après la défaite de 1870. L’expression “Alsace-Lorraine” est erronée puisqu’il s’agit en réalité de l'”Alsace-Moselle”.
    Sont restés français
    a) le reste de la Lorraine (Meuse, Vosges, grande partie de Meurthe et petite partie de Moselle),
    b) Belfort, arrondissement à la pointe méridionale du Haut-Rhin qui sera érigé en département appelé Territoire-de-Belfort.

  2. Du moment que personne n’a appelé la présidente “monsieur le président”, il n’y a rien à redire

  3. Nimbus, votre “a)” est approximatif puisqu’un fragment du département des Vosges a également fait partie de l’Alsace-Moselle annexée : la haute vallée de la Bruche, c’est-à-dire l’actuel canton de Saales qui est aujourd’hui incorporé au Bas-Rhin.

  4. “Les injures sont les fruits honteux d’un esprit qui n’est pas maître de lui-même.” (Grotius)

  5. Les français parlent d’ “annexion” au sujet de 1871… Ici en Alsace, on dit “rattachement”.
    Bizarrement, pour 1918, les français n’emploient pas le mot “annexion”. Comique.

  6. Décidément les députés ont un peu de mal avec les immortels…

  7. Ah, si on avait écouté St Pierre Fourrier fêté le 07 juillet, date à laquelle Notre-Dame est apparue pour la 1ère foie en 1872 et la dernière fois en 1877 au Frankenbourg (ville de Neubois canton de Villé près de Sélestat)après des milliers d’apparitions devant des milliers de témoins de toute classe sociale reconnues par les évêques du lieu mais les dossiers ne sont jamais parvenus à Rome puis étouffées par le FM Bismark. Ce saint a lutté contre Louis XIV (massacres au Palatinat), Richelieu et Mazarin pour que JAMAIS l’Alsace-Lorraine n’appartienne à la France… quelle clairvoyance !

  8. Cette tentative de destruction des identités régionales est – en apparence-le dernier sursaut du jacobinisme des zélites autoproclamées, contre un pays qui n’en veut plus et entend affirmer ses capacités d’autodétermination pour éviter le désastre attendu.
    Cela ne fera qu’aggraver le désir d’émancipation et la destruction de l’état.
    Mais nos zélites sont souvent de fin manipulateurs qui ne reculent devant aucun paradoxe (comme Moscovici aux finances européennes!).. Que gagneraient-ils à l’éclatement de la France ? Et des autres nations européennes? L’éclatement en petits “landers” rendrait plus nécessaire le pilotage fort européen, et la perte des pouvoirs de états affaiblirait définitivement les peuples européens face aux grandes puissances.
    A moins que les peuples des régions retrouvant leurs espaces et leur nation ne se dotent d’un vrai destin, à l’instar de la Suisse..mais l’Europe a déjà suffisamment tissé sa toile et chaque européen y est piégé. Bravo l’artiste!

  9. Creoff a parfaitement raison.
    Ajoutons que cette Assemblée ne représente qu’elle même et ses intérêts propres.
    Le peuple souverain est une fois de plus absent.
    Quand prendra t il les armes pour effacer ces parasites ?

  10. hahahaha, je ne suis pas d’accord avec vous, je trouve cette réplique de Herth fantastique ! Denaja et Blies pouvaient choisir d’en rire ou de s’en offusquer, ils ont fait le mauvais choix : ils dénoncent l’emploi de “trou de cul” avec une telle rigidité qu’on jurerait qu’ils y ont enfilé un balai entier.

Publier une réponse

Nous utilisons des cookies pour vous offrir la meilleure expérience en ligne. En acceptant, vous acceptez l'utilisation de cookies conformément à notre politique de confidentialité des cookies.

Paramètres de confidentialité sauvegardés !
Paramètres de confidentialité

Lorsque vous visitez un site Web, il peut stocker ou récupérer des informations sur votre navigateur, principalement sous la forme de cookies. Contrôlez vos services de cookies personnels ici.


Le Salon Beige a choisi de n'afficher uniquement de la publicité à des sites partenaires !

Refuser tous les services
Accepter tous les services