Quelques jours avant que l’ancienne basilique Sainte-Sophie, classée au patrimoine mondial de l’Unesco, soit réouverte au culte musulman le 24 juillet, le Président exécutif de l’AED international, Thomas Heine-Geldern, exprime son inquiétude pour les chrétiens de la Turquie :
« L’AED considère avec beaucoup d’inquiétude la reconversion prévue de Sainte-Sophie en mosquée. Une fois de plus, une question religieuse est instrumentalisée par le pouvoir afin de soutenir sa politique intérieure. Par cette mesure critiquée dans le monde entier, le Président turc Erdogan tente apparemment d’améliorer sa cote de popularité et de détourner l’attention des problèmes de son pays.
L’AED comprend l’indignation des chrétiens vivant en Turquie et au Proche-Orient face à cette reconversion. Elle renforce l’affaiblissement et la discrimination permanents des chrétiens et des autres minorités religieuses de la région. Malgré les affirmations contraires et également les dispositions constitutionnelles, ces groupes de la population sont souvent traités comme des citoyens de seconde zone et sentent que leurs racines et leur identité s’effacent de plus en plus.
Par ailleurs, l’AED est sceptique quant à l’ampleur de la réaction négative de nombreux États et politiciens de la planète à cette décision. Alors que l’émotion concernant cette reconversion d’un bâtiment religieux est grande, les actes de violence et de discrimination fréquents, parfois même à l’initiative d’un État, à l’encontre des chrétiens et d’autres minorités religieuses dans de nombreux pays à travers le monde, reçoivent peu, voire pas d’attention.
L’AED réaffirme encore que le droit de l’homme au libre exercice de sa religion est inextricablement lié à la dignité inviolable de l’homme, et encourage les États-nations et les institutions internationales telles que les Nations Unies à faire respecter ce droit.
L’AED condamne la montée de l’ultranationalisme dans de nombreux pays, souvent en lien avec des motivations religieuses. De ce fait, les membres des minorités religieuses sont souvent considérés comme des étrangers et des ennemis, même si leurs ancêtres s’étaient déjà installés avant que les membres de la population majoritaire actuelle ne prennent possession des terres.
L’AED incite particulièrement les pays occidentaux à tirer les leçons de l’histoire du Proche-Orient au XXème siècle et à cesser de se taire lorsqu’il est question de la destruction des droits fondamentaux à la survie des minorités, que ce soit en Turquie, en Irak, en Inde, en Chine, au Pakistan ou ailleurs ».