L’exécutif européen a approuvé aujourd’hui un document indispensable à l’ouverture des négociations d’adhésion avec Ankara, le 3 octobre. Ce texte de sept pages ne durcit pas le ton en réaction aux non français et néerlandais. Rédigé en pleine polémique sur l’élargissement, le document de la Commission reste sourd à la surenchère anti-Turquie pratiquée ces jours-ci par Nicolas Sarkozy en France ou Angela Merkel en Allemagne. S’il fixe la feuille de route des pourparlers futurs avec Ankara, il s’en tient au cadre des négociations tel qu’il fut défini, le 17 décembre dernier : des règles plus sévères que pour les pays de l’Est, mais toujours orientées vers l’adhésion et non sur un partenariat privilégié. Sur la forme, les autorités turques peuvent être rassurées. Pas nous.
«L’objectif commun des négociations est l’adhésion», réaffirme le texte. «Ces négociations sont un processus ouvert dont l’issue ne peut pas être garantie à l’avance (…) Si l’Etat candidat n’est pas en mesure d’assumer intégralement toutes ses obligations, il convient de veiller à ce qu’il soit pleinement ancré dans les structures européennes par le lien le plus fort possible.» Il est rappelé que les négociations débuteront bien le 3 octobre, mais qu’elles ne pourront pas se conclure avant 2014 au plus tôt.
Le séisme provoqué par les deux référendums négatifs sur la Constitution n’a pas été pris en compte par Bruxelles. «Aujourd’hui, il n’y a ni budget ni Constitution, mais l’élargissement continue comme si de rien n’était : on marche sur la tête», peste un eurodéputé français de l’UMP. Après le référendum, la France est intervenue en coulisse à Bruxelles pour empêcher tout durcissement du document de la Commission à l’égard de la Turquie. C’est Matignon qui a imposé la marche à suivre.
Côté turc, on se fait menaçant : "La Turquie n’est pas prête à renégocier quoi que ce soit" a déclaré le premier ministre Recep Tayyip Erdogan à la chaîne d’informations NTV. " Le processus de l’UE continuera à suivre son cours comme avant. Il nous est impossible d’accepter tout autre développement. Si vous imposez de nouvelles conditions aux pays candidats, tout particulièrement à un pays qui s’apprête à entamer des négociations (d’adhésion), cela ne serait pas correct (…) Nous sommes habitués et nous nous attendons à des positions politiques honnêtes. Nous percevons l’Union européenne comme une union de valeurs politiques. Si la Turquie ne rejoint pas l’Union, elle risque de rester un club chrétien".
C’est un risque que nous assumerons, en pleine connaissance de cause. Mais on remarque que la France a fait pression sur Bruxelles, contre la volonté affirmée du peuple !, pour que l’ouverture de ces négociations ne soit pas suspendue !