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Culture : cinéma

Twilight 4 : pro-vie et pro-famille ?

C'est l'avis du sociologue des médias Divina Frau-Meigs :

R"Bella arrive à prendre du pouvoir, mais par le mariage, la production d’un enfant et la mort. Evidemment on peut le voir de manière symbolique comme une mutation que permet le mariage, la sexualité assumée, avec toutes les sécrétions corporelles, etc. Mais elle est restée vierge jusqu’au mariage. Et c’est son vampire de mari qui l’a voulu ainsi. C’est vraiment le mélange de deux systèmes de valeurs. […] On est bien dans la fiction, qui joue sur le dilemme éthique dans lequel se trouvent les jeunes filles d’aujourd’hui. Soit renoncer à leur virginité avant le mariage, au risque de se retrouver seules ou perdues, soit s’inscrire dans un schéma plus classique qui peut relever du jackpot, avec mari, famille, amour et tout le bataclan.

Le succès de Twilight viendrait de là ?

Oui, Twilight ne doit pas son succès qu’à Robert Pattinson. Car la saga vient répondre au grand dilemme éthique des jeunes d’aujourd’hui, et notamment des jeunes filles.

C’est une vision très américaine pourtant. Comment expliquer ce phénomène d’identification quasi-mondial ?

Twilight correspond à un phénomène massif du monde occidental et des pays émergents : le désarroi face au changement de statut des femmes. On vit actuellement une régression des acquis du féminisme 60’s, sous couvert d’une sexualisation et d’une réappropriation du corps. […]

Si on regarde bien, ce sont les hommes qui veulent protéger les femmes et les maintenir dans leurs droits acquis, et les femmes qui sont prêtes à y renoncer. Cette inversion est étonnante. Et pas tenable. La preuve, Edward ne peut pas se retenir. Il va mettre enceinte Bella alors qu’il ne l’avait pas prévu. Pour moi il y a une lecture très conservatrice de ces enjeux dépolitisés : la saga est anti-avortement, pro-life, pro-mariage, prône la pureté et l’abstinence…La totale ! Le fait que lui soit vampire et pas elle permet de mettre en valeur tous les pouvoirs d’érotisation de l’abstinence et de la remettre au centre des enjeux amoureux comme à l’époque victorienne…

Vous parlez d’un nouveau romantisme en somme ?

Oui, mais nous ne sommes plus au XVIIIe ou au XIXe siècle, du coup, ça pose problème. On est aujourd’hui dans un désarroi amoureux très fort. Les jeunes n’ont plus de repères, et on leur propose des scripts extrêmement régressifs. Mais sans anxiété, c’est ça le génie de  Stephenie Meyer. Du morbide sans crainte, c’est très fort ! (rires) Avec des vampires végétariens…On est dans une révision très large des rapports amoureux, et ce qui en ressort n’est pas très clair, pour moi.

L’idéal, dans Twilight, est incarné par les vampires. 

La réalité de Bella, engendrée par la libéralisation des femmes (possibilité de divorcer, de s’autonomiser, de se débarrasser de son enfant) est moche. Très négative. Elle se retrouve à paterner son père et à materner sa mère, séparés. Le monde des vampires est meilleur : ils sont immortels. Personne ne se sépare."

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6 commentaires

  1. Un avis plus reserve: http://www.lifesitenews.com/news/parents-beware-twilight-breaking-dawn-features-disturbing-treatment-of-abor/
    “Dr. Christine Schintgen, assistant professor of literature at Our Lady Seat of Wisdom Academy in Barry’s Bay, Ontario, argues that the pro-life angle is “superficial” and is “counter-balanced” by stronger anti-life messages that are communicated by the power of imagery.”

  2. Attention, cela ne veut pas dire que twilight est “bien”. C’est un film dangeureux pour nos adolescentes romantiques, et qui pousse sans cesse au désir sexuel. Bella reste vierge parce qu’elle y est contrainte par son amoureux de vampire, et ce n’est pas faute d’avoir essayé de le séduire. Ce n’est pas du tout un choix sain. Les mères dominicaines du saint esprit avaient fait une étude très intéressante sur le sujet. Si je parviens à la retrouver je vous la transmettrai.

  3. Ma fille de 20 ans l’a vu (ancienne élève des dominicaines citées ci-dessus) et signale que le film est aussi très violent et donne une vision de l’accouchement très dure. Elle avait bien aimé le premier, vu les autres et n’a pas été emballée par ce dernier volet.

  4. Orsel a parfaitement raison, j’avais lu aussi l’étude qui avait été faite par les mères dominicaines du St Esprit, ce film est TRES MALSAIN.

  5. Le plus interessant reste le succès auprès du public féminin, dont les clés sont bien celles que décrit la sociologue : tout le suspens de la saga ( totalement fidèle en cela aux romans) réside dans le dilemne de Bella face à la virginité, au mariage, et au don total. Des questions dont le traitement et le dénouement amène cette socilogue dans la suite de son interview, a juger le film très pervers de son point de vue féministe militant, au point de nécessiter un décryptage sévère avant visionnage par sa propre fille ! Un film très malsain selon elle aussi, donc.
    Un film dont le succès montre assez clairement…a quoi rêvent les jeunes filles.

  6. Stéphanie Meyer est mormon(e).Il ya donc un certain nombre de références à la pratique mormone (abstinence d’alcool des héros, maitrise de soi etc…)
    Ca n’en fait pas un bon auteur pour autant…

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