Invitée de Politique Matin mardi 25 novembre, le député communiste de Seine-Saint-Denis, Marie-George Buffet, a affirmé que "beaucoup de gens devraient écouter le pape François". Elle a réagi aux propos de Jean-Luc Mélenchon critiquant la visite du pape François.
"François est apparu pleinement dans un rôle où l’on ne l’attendait pas : celui d’une sorte de leader de l’Europe. Leader au sens propre, c’est à dire celui qui mène un projet en invitant ses troupes à le suivre. Plus qu’un chef d’Etat –ce qu’il est en tant que Souverain pontife, il a été ce personnage qui, dans un contexte européen difficile et les crises que l’on connaît, a proposé des solutions afin de porter un idéal. Les dix minutes d’applaudissements des députés une fois l’allocution terminée donnaient l’impression que l’homme avait réellement touché les cœurs par un message de Foi, d’Espérance et de Charité. Des applaudissements qui pouvaient signifier qu’avec de telles intentions l’idée européenne bien pensée n’était pas morte.
Laisse-t-il présager d'une attitude conservatrice ?
Le « conservatisme » est peut être fort, car généralement le pape François n’est pas considéré comme un conservateur même si, à son retour de Rio, il a déclaré à une journaliste qu’il était fils de l’Eglise et n’avait pas à en bouleverser les fondements. Néanmoins, on peut dire sans se tromper que le pape François a retrouvé les accents de ses deux prédécesseurs Jean-Paul II et Benoît XVI.
Alors que, jusqu’à présent, son pontificat apparaissait comme un moment de rupture voire de révolution. Il a donc littéralement pris à contre-pied les commentateurs qui s’attendaient à des thématiques sociales fortes qui en font un pape apprécié par les milieux catholiques de gauche. Certes, il a parlé de l’immigration et du chômage, mais il a aussi clairement dénoncé « les purismes angéliques, les totalitarismes du relativisme, les fondamentalismes antihistoriques, les éthiques sans bonté, les intellectualismes sans sagesse. »
Il a rappelé les racines chrétiennes de l’Europe, les droits mais aussi les devoirs de l’homme, l’indissolubilité de la famille et l’enseignement de Jean-Paul II en matière d’éthique en condamnant l’euthanasie et l’avortement. […]
[A]lors que le pape ne cesse de dire que l’Eglise doit aller vers les périphéries, être à l’écoute des autres en prenant en compte les réalités contemporaines, il a affirmé dans ce discours que l’Eglise a un rôle à jouer en Europe, un rôle moteur caractérisé par des valeurs et des principes qu’il a énoncé dans le détail. L’Eglise devient dès lors plus qu’un interlocuteur de la modernité. Elle devient un recours. Et le plus étonnant est que, pour illustrer son propos, il a fait appel à l’histoire du christianisme !
Ce qui est extrêmement rare chez lui : « Une histoire non exempte de conflits et d’erreurs, et aussi de péchés, mais toujours animée par le désir de construire pour le bien.» a-t-il dit en ajoutant : « Cette histoire, en grande partie, est encore à écrire. Elle est notre présent et aussi notre avenir. Elle est notre identité. » On en conclut que l’identité européenne est bien une identité chrétienne. Que le Christianisme n’est pas une force du passé mais bien une idée moderne, tournée vers l’avenir. Pour cette raison, comme Benoît XVI, il a exprimé l’idée qu’une Europe sans Dieu serait comme un corps sans âme. […]"