De Pierre-Olivier Arduin dans La Nef :
"Pour bâtir sa nouvelle société et forger un nouvel homme, le
gouvernement est résolu à faire de l’école un lieu de (ré)éducation
morale et de l’enseignement un moyen d’endoctrinement des nouvelles
générations. Nous sommes à la veille d’un affrontement majeur pour
défendre la liberté de conscience des enfants et de leurs parents. Au
début de cette année scolaire 2013-2014, nous devons prendre la mesure
des dangers qui nous attendent et nous organiser pour résister.Le
ministre de l’Éducation nationale nous a prévenus dans son
livre-programme Refondons l’école : « Il appartient à l’école de
produire un individu libre, émancipé de toutes les tutelles –
politiques, religieuses, familiales, sociales ». Comme il
l’annonçait dès 2008 dans une vidéo édifiante mise en ligne sur le site
de son éditeur, il s’agit par l’école d’accomplir la Révolution
française qui n’est pas encore achevée. Vincent Peillon voit dans
l’éducation sexuelle, la promotion des identités de « genre » et
l’imposition d’une morale laïque le fer de lance de la révolution
spirituelle et intellectuelle qu’il appelle de ses vœux sur le terrain
de l’éducation, terrain, dit-il, qu’il ne faut « pas laisser à l’Église
catholique car on ne pourra jamais construire un pays de liberté avec
elle ».Théorie du genre d’abord. Cette idéologie est une
hérésie anthropologique qui nie toute complémentarité naturelle entre
l’homme et la femme et fait de l’hétérosexualité une structure
arbitraire socialement construite et artificiellement reproduite sans
rapport avec la dimension sexuée de la personne. Vincent Peillon en est
l’un de ses plus fervents adeptes comme il l’avoue lui-même : « La lutte
contre les stéréotypes de genre et l’homophobie doit s’effectuer à tous
les niveaux de l’enseignement ». Peu lui importe que l’amendement
de la députée Julie Sommaruga sur l’éducation à l’égalité de genre à
l’école ait été écarté lors du vote de sa loi au Parlement, il sait que
la circulaire du 30 septembre 2010 de son prédécesseur de droite qui
introduisait les premiers fondamentaux de cette théorie dans les
programmes du lycée a préparé minutieusement son offensive ; il compte
surtout sur le nouvel enseignement obligatoire de « morale laïque » à
raison d’une heure par semaine du CP jusqu’à la terminale pour en faire
un véhicule privilégié. Plusieurs signes illustrent par ailleurs la
propagande méthodique du ministre : expérimentation dès la rentrée dans
cinq académies du programme ABCD de lutte contre les préjugés « genrés »
de la grande section de maternelle au CM2 avec l’objectif de le
généraliser en 2014, arrêté du 21 mai 2013 accordant un nouvel agrément à
SOS Homophobie qui affiche sa volonté de détruire « la binarité
historique entre féminin et masculin » (un passage en force inouï de la
rue de Grenelle quand on sait que le tribunal administratif de Paris
venait d’interdire à cette association d’intervenir en milieu scolaire
en raison de son militantisme)…Sexualité et « droits »
reproductifs ensuite. Vincent Peillon a décidé de rendre obligatoire
l’éducation sexuelle à partir de 6 ans. Comme si les programmes de
sciences de la vie et de la terre sur la « maîtrise » de la procréation
ne suffisaient pas, le ministère a signé le 11 avril 2013 une convention
cadre – une première ! – établissant un partenariat avec le Planning
familial : l’article 1 établit ainsi que l’objet général de cette
convention est « l’amélioration de l’éducation à la sexualité, de
l’information en matière d’accès à la contraception et à l’IVG ainsi que
la lutte contre les stéréotypes de genre et les comportements
homophobes ». De surcroît, l’association est désormais habilitée à
former l’ensemble des personnels intervenant en milieu scolaire dont les
professeurs. On peut d’ailleurs craindre que les toutes nouvelles
Écoles supérieures du professorat et de l’éducation ne soient en réalité
que des lieux d’enrégimentation des enseignants au nouveau catéchisme de Vincent Peillon.L’article 5 de la Charte des droits de
la famille du Saint-Siège dont nous allons fêter les 30 ans le 22
octobre prochain nous éclaire sur notre responsabilité historique : «
Les parents ont le droit [et le devoir] d’obtenir que leurs enfants ne
soient pas contraints de suivre des enseignements qui ne sont pas en
accord avec leurs propres convictions morales et religieuses. » Aussi,
face à ce pouvoir qui oppresse toujours plus les consciences, qui
s’arroge le droit de redéfinir la nature humaine en niant la différence
originelle entre les sexes et méprise sans vergogne la vie et sa
transmission, plus aucun compromis n’est possible. La résistance doit
passer par le soutien et la fondation d’écoles catholiques libres de
proposer de la maternelle au lycée des enseignements respectueux de la
loi morale naturelle et du Magistère de l’Église. Mais il nous faut
aussi dès à présent réfléchir à l’opportunité de lancer, à l’instar de
nos amis espagnols, un vaste mouvement d’objection de conscience dont
les parents et les enseignants devront être les premiers acteurs."