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Communisme / Médias : Désinformation

Un ancien rédacteur en chef du magazine « Témoignage chrétien » était une source prisée par le renseignement soviétique

Un ancien rédacteur en chef du magazine « Témoignage chrétien » était une source prisée par le renseignement soviétique

Catholique, marqué à gauche, l’ex-rédacteur en chef du magazine « Témoignage chrétien », décédé en 2010, était une source prisée par le renseignement soviétique.

Pierre-Luc Séguillon (1940-2010) était très apprécié de Moscou et du renseignement soviétique, pour lequel il semble avoir été un « contact confidentiel ». C’est l’une des surprises des archives du KGB, transmises, en 1992, par le transfuge Vassili Mitrokhine, que Le Monde a consultées au Churchill College, à Cambridge, en Angleterre.

Né à Nancy, en 1940, il a décroché plusieurs licences (philosophie, théologie, arabe) et un diplôme de l’Institut des lettres orientales de Beyrouth, avant de se destiner à la prêtrise, dans les années 1960, à Lyon. Devenu « frère Luc », il est ordonné le 30 juin 1968. Sans pour autant renier sa foi, il quitte les dominicains deux ans plus tard pour se marier et fonder une famille.

Il débute dans le journalisme en 1970 à Témoignage chrétien, proche des positions du Parti communiste français (PCF), à l’époque alignées sur Moscou. En 1973, Témoignage chrétien pèse de tout son poids dans la campagne de dénigrement de L’Archipel du Goulag, le livre d’Alexandre Soljenitsyne, qui décrit l’univers concentrationnaire soviétique. D’après l’hebdomadaire, le sort des dissidents n’est pas aussi précaire que ceux-ci veulent bien le laisser croire et l’URSS chemine vers la démocratie.

Pierre-Luc Séguillon est rédacteur en chef adjoint en 1977, puis décroche le poste de rédacteur en chef de l’hebdomadaire, en 1979. Il effectue dès 1973 de nombreux voyages à Moscou, où il croise des dizaines d’officiels et très vraisemblablement d’honorables officiers du KGB, qui ouvre un dossier à son nom, en 1974, sous le pseudonyme « Kelt ». De novembre 1980 à octobre 1983, il devient dans le même temps secrétaire national du Mouvement de la paix et vice-président du Conseil mondial de la paix, des structures contrôlées par le PCF depuis des décennies. Ces fonctions le conduisent à présider des événements publics, comme en 1983, à Paris, avec Georges Marchais, secrétaire général du PCF.

Dans les archives du KGB, accolé à « Kelt », on peut lire ceci :

« Rédacteur en chef adjoint du journal français catholique de gauche “Témoignage chrétien” » qui aurait « des contacts solides auprès du ministre des affaires étrangères, Michel Jobert ». « Jeune journaliste promis à un brillant avenir. »

Il est également noté, en 1977, que « le directeur de la maison d’édition communiste française Editions sociales, Antoine Spire, propose à “Kelt” d’écrire un livre sur [Georges] Marchais ».

En 1983, lorsqu’il est nommé chef du service politique de TF1, Pierre-Luc Séguillon démissionne de toutes ses fonctions militantes. En 1987, il devient éditorialiste sur La Cinq, puis il rejoindra les chaînes d’information en continu LCI, en 1994, et i-Télé, en 2009.

Ce n’était pas le seul. L’AFP a également été une cible de choix pour le KGB, de même que le quotidien de référence des politiciens et journalistes français : Le Monde.

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4 commentaires

  1. avez-vous connu des gens qui encensaient ces journaux ? c’est le moment de les confronter à leurs anciennes passions, ce doit être assez cocasse …..

  2. La plupart de ces salopards sont morts trop tôt, nous ôtant ainsi le plaisir de les “raccourcir” le moment venu…

  3. Pourtant le bonhomme ne se cachait pas tellement. Wikipedia ne nous raconte pas sa jeunesse. Puis il devient prêtre dominicain et le reste pendant deux ans. Cela ne se fait pas par hasard. Il navigue à vue, avec témoins. Son engagement au Mouvement de la Paix le marque aux yeux de tous, définitivement. Sa femme, si elle vit toujours, et ses trois enfants, pourraient nous dire qui il a continué à être. Michel Jobert, ministre des affaires étrangères, plus pompidolien que gaulliste, puis mitterrandien, de femme américaine mais opposé à Kissinger, lui aurait donc fait confiance ? A creuser tout cela.

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