À Nice, Gaël Nofri est l’un des quelques adjoints incontournables de l’équipe Estrosi, où il représente l’aile conservatrice. Interrogé dans Nice presse, il déclare :
Avant même qu’elle ne soit contestée devant la justice, la simple installation d’une statue représentant Jeanne d’Arc à Nice a créé un débat. Qu’est-ce que cela dit de la société, selon vous?
Ce débat n’a pas lieu d’être. L’installation d’une œuvre d’art face à l’église Jeanne d’Arc est une évidence, historique et symbolique. Refuser cela, sous prétexte qu’elle serait une « icône d’extrême droite », c’est absurde. Elle appartient à tous les Français. Cette polémique révèle les conséquences néfastes d’un demi-siècle de discours soixante-huitard. Crise d’identité, perte de repères, refus de l’histoire. Commémorer, ce n’est ni nostalgique ni réactionnaire. Au contraire, c’est essentiel.
Vous y avez vu une « dérive woke ». Elle vous freine réellement dans vos projets?
Le maire, Christian Estrosi, n’est pas du genre à se laisser intimider par ces idéologies. Quand nous avons inauguré le quai Napoléon Ier (au port, ndlr) et annoncé l’arrivée d’une statue en son honneur, tout s’est très bien passé. Les gens doivent être fiers de leur histoire. On doit combattre cette culpabilisation permanente qui mine notre société.
Peut-on dire que c’est un attachement conservateur qui guide votre action?
C’est l’histoire qui m’a conduit à la politique. J’assume entièrement cet attachement conservateur. L’enracinement est la base de toute action politique, et cela devrait être une évidence. C’est devenu un sujet, puisque ça ne l’est plus. Pendant longtemps, la question patrimoniale a été négligée au profit d’une idéologie qui voulait faire table rase du passé. […]
Avant de justement rejoindre Christian Estrosi et de beaucoup compter dans son équipe, vous avez connu l’ex-Front national. Pourquoi ce virage?
Je n’ai pas commencé ma carrière au FN, j’ai démarré avec Charles Pasqua, avec une droite gaulliste et souverainiste. Après sa retraite politique, j’ai cru que Marine Le Pen pouvait ouvrir le Front national à de nouveaux horizons. Je suis resté moins de trois ans. Je me suis vite rendu compte que le FN n’était qu’une addition de mécontentements sans cohérence, ce que j’appelle le populisme. La politique exige du courage et une cohérence. Ce que l’on ne retrouve ni là-bas, ni chez Éric Zemmour.
Vous sembliez pourtant très proche d’Éric Zemmour…
Je le connaissais à travers ses livres. Éric Zemmour confond théorie et politique. Un exemple concret : sa polémique sur les prénoms. D’un point de vue historique, l’évolution des prénoms est intéressante pour comprendre les influences culturelles. Mais transformer ça en stigmatisation d’un enfant dont les parents ont fait un choix intime, c’est irresponsable.
Que répondez-vous à ceux qui vous traitent d’opportuniste?
Je répondrais que si nous sommes aujourd’hui en République, c’est grâce aux républicains opportunistes. Si l’opportunisme consiste à saisir des occasions pour faire avancer ses idées et le bien commun, alors oui, je l’assume totalement.
Notez que je n’ai jamais changé de convictions : je suis resté fidèle à mes idées gaullistes et souverainistes, sans n’avoir aucune fidélité à un parti politique. Ce ne sont que des outils, pas des finalités. […]
Vous étiez opposé au « mariage pour tous » et aviez promis de ne célébrer aucune union gay en tant qu’adjoint au maire. Des années plus tard, avez-vous finalement marié des couples homosexuels?
« Non, je ne l’ai jamais fait. Je ne suis pas opposé à une union entre deux personnes du même sexe, mais le mot « mariage » porte une symbolique particulière liée à une institution religieuse laïcisée par la République, fondée sur la procréation. Je reste persuadé que l’on aurait pu éviter d’humilier une partie des Français en optant pour une union distincte du mariage. Comme disait Emmanuel Macron lui-même, ‘on a eu tort d’humilier une partie de la France’. Sur ce point, et c’est rare, je suis totalement d’accord avec lui. »