Ces jours derniers, le Salon Beige a récemment publié « A la lueur de la bougie, pistes pour discerner sa voie ». Aussi, nous allons vous proposer durant ce mois un voyage dans différents monastères. Ce voyage durera quelques instants, à chacun de le vivre en ouvrant son cœur, comme une invitation à approfondir notre lien avec le Christ, et pour certains, à tenter l’aventure monastique…
Signum magnum apparuit in caelo chantaient les moines le 15 août dernier. Au même moment, l’âme du Très Révérend Père Dom Antoine Forgeot, abbé émérite de Fontgombault, rejoignait son Créateur. Elle vivait son transitus comme disent les moines, elle rejoignait le lieu de son repos. Soixante-cinq ans auparavant, Dom Forgeot avait prononcé sa profession monastique, un 15 août aussi. Quel signe ! Signum magnum…
Notre-Dame du Bien-Mourir, statue romane en pierre du pays adossée au mur sud de l’abbatiale, regarde les moines, les fidèles et visiteurs de passage. Elle présente son Fils, cadeau divin fait à l’homme. En contemplant l’Enfant-Jésus, Saint Jean-Paul II disait : « Dieu s’est fait tout petit pour que personne n’ait pas peur de lui ». A Fontgombault, c’est l’homme qui est petit, se sent pauvre et ressent le besoin de tout recevoir de Dieu au point de lui consacrer sa vie, comme en témoigne l’engagement des moines. Qu’as-tu que tu n’aies reçu… chuchote l’Esprit-Saint à l’oreille de notre âme. Assis sur les genoux de Notre-Dame, l’Enfant-Jésus bénit, et c’est à proportion de l’ouverture de notre cœur que nous sommes renouvelés, revivifiés de l’intérieur. Dom Forgeot changeait volontiers le vocable de l’antique statue en Notre-Dame du Bien-Vivre, car c’est bien de cela qu’il s’agit ; revivre, revêtir l’homme nouveau dans son âme et dans son corps pour devenir à son tour lumière. Bien vivre pour bien mourir et rejoindre le Père du Ciel afin qu’il nous prenne dans ses bras pour toujours.
Les moines de Fontgombault, qui ne sont pas sans talent, loin sans faut, ont édité un petit livre qui est peut-être l’un des plus utiles : Le Ciel sera si beau. Son titre est presque enfantin. La méditation qu’il contient porte sur le pourquoi de notre vie, sa finalité. Oui, pourquoi vivre sinon pour aimer infiniment et entrer dans l’intimité de l’auteur de l’Amour qui est l’Amour. Les moines qui se lèvent avant l’aube chaque matin pour chanter et louer l’Amour en font l’expérience. C’est pour cela qu’ils sont si nombreux. Quand on fait l’expérience de l’Amour, on n’a pas envie que cela s’arrête. Et plus on aime, plus on s’approche de Dieu et plus on s’approche de Dieu plus on aime. C’est l’inverse du cercle vicieux qui tourne en rond pour l’éternité, terrible enfermement. Au contraire, c’est une montée hélicoïdale, un cercle vertueux, qui trouve une illustration dans les volutes d’encens qui s’élèvent vers les voûtes durant la sainte messe.
Seul le Christ est la lumière, sa parole est lumière qui réchauffe et indique la route. Il est la voie. Il est la vérité et la vie. Il se donne en nourriture. Sans lui aucun salut n’est possible, sans cela on se perdrait dans la nuit. Quel bonheur de le savoir, quelle joie d’entrer pas à pas, gressibus amoris disait saint Grégoire le Grand, oui à pas d’amour, à tous petits pas, comme des enfants qui s’adressent au Père du Ciel sans se rendre compte de sa grandeur et osent tout. Et c’est cela que le Bon Dieu aime, il désire tant que nous osions tout, car tant que l’on n’a pas tout donné a-t-on vraiment donné quelque chose… ? Il faut être fou pour tout oser, et pourtant notre bonheur en dépend. La voie du silence intérieur est unique pour cela (un livret pourra aider).
Un beau livre de Nicolas Diat nous fait découvrir le quotidien des moines de Fontgombault ; il est intitulé : Le grand bonheur. Et ce n’est pas du marketing, c’est la belle et douce folie qui n’a rien à voir avec nos délires matérialistes ou égocentriques ; folie selon le Christ car « ce qu’il y a de fou dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour couvrir de confusion les sages » écrit saint Paul.
Sages, ils le sont aussi. Sans doute faut-il être bien enraciné pour durer… Relieur, apiculteur, responsable de la centrale hydroélectrique, fermier, bibliothécaire, orfèvre, médecin,… les moines trouvent chaussure à leur pied sous la houlette paternelle du Père Abbé.
A Fontgombault, les visiteurs font une expérience peu courante. Lorsque le frère sonne les cloches pour les offices liturgiques, on se croirait presque aux JMJ lors des grandes cérémonies : la procession est presque infinie. Comment peut-il y avoir tant de jeunes dans un monastère au vingt-et-unième siècle ? C’est un vrai petit miracle pour notre temps. La paix de saint Benoît affermit et console, elle guérit et relève. Ceux qui sont entrés au monastère le savent, et c’est pour cela qu’ils sont là, frères convers, moines de chœur ; il en faut pour tous… En ces temps d’éloge de la diversité on n’en voudra pas aux moines d’avoir gardé les us anciens… Les messes basses et la grand-messe grégorienne portent la signature des vénérables traditions, et il y a fort à parier qu’un moine du XIIIe siècle ne serait pas perturbé si, de passage, il devait suivre un office… Le cardinal Ratzinger, qui célébra les saints mystères en ce lieu en 2001, fut lui-même témoin de la continuité en cette abbaye fondée par Pierre de l’Etoile en 1091.
Oui, chaque soir un grand signe apparaît dans le Ciel au-dessus de la splendide abbaye de Fontgombault. Les étoiles indiquent le lieu où se cacher avec Jésus et s’offrir avec lui pour le salut du monde.
Allons, rejoignons les bergers.
Et adorons-Le.
Pour contacter l’abbaye : Abbaye Notre Dame de Fontgombault 36220 FONTGOMBAULT
Tel. : 02.54.37.12.03 ou pour une retraite spirituelle à l’abbaye, s’adresser au Père Hôtelier à l’adresse : [email protected]