"Cette année encore, je ne participe plus à la Gay Pride, rebaptisée "Marche des fiertés". J’en suis non seulement soulagé, mais très satisfait, car ce retrait volontaire me restitue l’estime d’être moi-même comme je l’entends désormais : sans tapage, sans marquage, de nouveau à la marge. Parlons franc […] : que gagnons-nous à devenir chaque solstice d’été le zoo préféré des médias et les histrions de notre propre folklorisation corporatiste ? […]
[L]a liturgie de "notre" fête nationale, la mise en scène hystérique de "notre" credo ne sont plus supportables. […] S’il existe une "culture homosexuelle" – ce dont je doute fort -, c’est en tout cas ce jour-là, en soulevant le voile, qu’elle se livre sous son vrai jour : une subculture érotique […].
Je propose deux remèdes drastiques : la suppression d’une manifestation devenue […] surannée et inintelligible […]. Et l’abandon des néologismes aussi inappropriés que datés. Oui – latinisme ou anglicisme – basta, les mots ! Hétérosexuel, homosexuel, bisexuel, métrosexuel, übersexuel… qu’on déclare ces vocables vieillots, usés, grotesques".