Le Master (1 et 2) « Histoire et droit des relations de l’Eglise et de l’Etat » (HDR2E) ouvre la prochaine année universitaire à l’Institut Catholique d’Etudes Supérieures (ICES), la « catho » de La Roche-Sur-Yon (Vendée). Nous avons interrogé Guillaume Bernard, Maître de conférences et Responsable du master :
Quelles sont les spécificités de cette nouvelle formation ?
C’est un master unique en France car s’il existe des formations sur l’histoire de l’Eglise ou sur le droit des religions, aucune ne porte spécifiquement sur, à la fois, l’histoire et le droit des relations de l’Eglise et de l’Etat. Ensuite, c’est un master à objectif essentiellement professionnel, même si certains étudiants pourront poursuivre leurs études en doctorat. Il est donc très largement ouvert aux actifs (laïcs et ecclésiastiques) dans le cadre de la formation continue. Enfin, l’organisation des enseignements a été conçue de telle manière que des personnes déjà engagées dans la vie professionnelle puissent le suivre ou que des étudiants en formation initiale puissent s’y inscrire en parallèle d’un autre diplôme : les cours des deux années de master sont regroupés sur une seule année civile et dispensés par sessions intensives réunies une ou deux fois par mois.
Pour résumer, peut-on dire que c'est un Master sur la laïcité ?
L’objet scientifique de ce master est d’étudier les points de rencontre (de conjonction ou d’opposition) des domaines spirituel et temporel, des organes ecclésiastique et politique. Par conséquent, il est certain que la question de la laïcité – et des différentes formes qu’elle est susceptible de prendre : agressive, apaisée et même, selon certains, « positive » –, est au cœur des enseignements. Il s’agit, bien entendu, d’étudier l’actuel état du droit. Mais, il est impossible d’analyser sérieusement la situation d’aujourd’hui sans enracinement historique. Par exemple, pour comprendre pourquoi les communes sont propriétaires de l’essentiel des lieux de culte catholiques (et donc normalement chargées de leur entretien), il faut remonter à la confiscation des biens « nationaux » dès le début de la Révolution et au compromis du Concordat de 1801. Cela dit, tout l’enseignement ne se résume pas à la laïcité même vue de fond en comble. Car les étudiants suivront aussi des cours portant sur les règles, à la fois canoniques et profanes, touchant par exemple aux sacrements ou au fonctionnement des associations cultuelles.
Est-ce que cela touche aux relations diplomatiques entre la France et le Saint-Siège ?
L’histoire de la diplomatie du Saint-Siège fera l’objet d’un cours spécifique. D’ailleurs, c’est dans le cadre d’une convention signée, en décembre 2008, entre le Vatican et la France que ce master est habilité. Mais, cet aspect des choses sera présent dans nombre d’enseignements. En effet, malgré les très fortes tendances gallicanes du Clergé en France, l’Eglise romaine s’est toujours refusée à n’être qu’une entité privée soumise à l’Etat.
En quoi ce Master peut-il contribuer aux bonnes relations entre la France et l'Eglise ?
Une formation universitaire n’a pas d’ambition « politique » mais scientifique. Cependant, il est certain qu’en contribuant à la compétence professionnelle des personnels aussi bien d’organisations catholiques (services diocésains, établissements scolaires, associations caritatives, mouvements pro-vie) que des pouvoirs publics profanes (comme les collectivités territoriales), cela peut participer à des relations apaisées et constructives. Tout le monde ne peut que gagner à connaître avec précision les principes qui meuvent l’action des différents protagonistes d’une question. Comprendre avec intelligence la position de l’interlocuteur, cela n’implique pas de l’approuver. Savoir sur quels fondements doctrinaux et historiques repose une position, cela permet de ne pas rechercher le compromis à tout prix mais de viser la solution juste.
Site : www.ices.fr
Contact ; [email protected]