Sébastien Pilard et Madeleine de Jessay, président et porte-parole de Sens Commun, mettent la pression sur l'UMP avec cette tribune :
"L'UMP est en crise. À nouveau. Tous les médecins de circonstance se pressent à son chevet. Et se disputent sur le remède à prescrire. À nouveau. Deux éternelles écoles s'affrontent : les partisans de la saignée contre ceux de la purge. Les premiers prescrivent un rapprochement avec le centre comme seule voie de salut et assument l'hémorragie d'électeurs du côté droit du malade. Les autres préconisent au contraire une cure de durcissement du discours et d'élimination des éléments les moins vigoureux pour ramener au bercail les brebis égarées au Front national. Tous ces scientifiques de la politique ont sorti leur calculatrice et comptent froidement les centaines de sympathisants que leur solution "garantirait". 10 % par-ci, 10 % par-là, des voix perdues ici, des voix gagnées là-bas…
Les mathématiques sont en train de tuer l'UMP. Ce n'est pas parce que nous aurons réussi à faire UDI + Modem + UMP ou tenté un UMP + FN que nous gagnerons 2017. Parce que les électeurs ne sont pas des données additionnables sur un tableau Excel. Parce qu'un parti ne repose pas sur des chiffres, mais sur des valeurs et des idées. Les siennes, pas celles des autres. Nos médecins s'obstinent à louvoyer aux extrémités, à regarder ce qui se fait ailleurs. Ils ne voient pas – ou refusent de voir – le mal pour ce qu'il est en son coeur : une crise d'identité. Comment se fait-il que la première force politique française soit aujourd'hui incapable de se définir autrement que par rapport aux autres ?
Il ne s'agit pas d'être "plus au centre" ou "plus à droite", il s'agit d'être ce que nous sommes. Et nous sommes la droite. C'est de cette certitude que nous pourrons tirer le traitement au malaise de notre parti. Ne restera dès lors qu'une question, pour laquelle il faudra chercher la réponse au plus profond de nous-mêmes : que signifie être de droite ? Cette introspection, notre parti en a fait l'économie pendant dix ans de pouvoir, se laissant aller à la léthargie mortelle de ceux qui se sentent majoritaires. Il la refuse toujours depuis deux ans, par lâcheté, trop concentré sur la désignation d'un candidat pour 2017, oubliant que sans elle, l'UMP, même si elle parvenait à la victoire, ne serait qu'une coquille vide de sens, inapte à sortir la France de la tempête.
Quelle droite voulons-nous ? C'est aux militants qu'il faut le demander. Beaucoup ont des idées très précises sur le sujet et n'attendent qu'une chose : être écoutés par ceux qui les dirigent. […]"