Lu dans Minute :
"Il était une fois Chamseddine Bourassine, pêcheur tunisien et « sauveur de migrants ». Alors que l’Europe laissait se noyer les réfugiés dans la Méditerranée, Chamseddine, lui, en « sau vait » depuis 2015 des centaines en les recueillant à bord de son petit bateau de pêche. Las… Depuis une dizaine de jours, Chamseddine, prénom qui en arabe signifie « soleil de la religion », médite dans une prison italienne avec les cinq membres de son équipage. Rome l’accuse d’être un trafiquant de clandestins, un « passeur ». Naturellement, sa version est radicalement différente. A l’en croire, il pêchait tranquillement lorsque sa route a croisé par le plus grand des hasards celle d’une embarcation en détresse avec à son bord quatorze migrants. Obéissant « aux lois de la mer », Chamseddine affirme avoir aussitôt prévenu les gardes-côtes italiens qui n’auraient pas réagi. Il a alors pris en remorque la barque chargée de migrants et s’est dirigé vers l’île italienne de Lampedusa. Pourquoi pas vers la Tunisie toute proche ? « Les réfugiés ne voulaient pas », affirme Chamseddine. […]
Il est, en revanche, un abonné absent parmi les soutiens de Chamseddine : l’extrême gauche française. Voici un an, à l’été 2017, Chamseddine avait travaillé avec des groupuscules anarchistes afin d’empêcher le C-Star, le navire affrété par Génération identitaire pour bloquer les barques des passeurs, d’aller se ravitailler en Tunisie. A cette occasion, Chamseddine avait organisé des manifestations « antifascistes » dans le port de Zarzis. On aurait pu croire que son arrestation allait donner lieu à une de ces mobilisations dont les antifas français ont le secret, mélange emphatique de pleurniches et d’appels aux dons, mais, non, rien. Il est sans doute une raison à cet étrange silence. Le 17 septembre prochain, Yannis Youlountas et Jean-Jacques Rue, deux des meneurs anti-identitaires de l’été dernier, passeront en appel devant la cour d’Aix-en- Provence. Génération identitaire les poursuit pour diffamation et menaces de mort. En première instance, Youlountas a été relaxé mais Rue a été condamné à deux mois de prison avec sursis et 900 euros de dommage et intérêts. L’affaire Chamseddine tombe mal pour eux. Pas question donc de se faire remarquer en le soutenant publiquement. La « solidarité internationale antifasciste » a ses limites. […]"