A Palaiseau :
"Rutumbu Juvenal, le prêtre en charge de la paroisse de Palaiseau, a été attaqué par deux hommes encagoulés et armés vendredi soir au centre pastoral, où il tient une permanence pour ses fidèles. Des déboires qu’il a racontés en célébrant la messe ce dimanche pour « rassurer » les gens. « Ils pensaient que j’avais fait un AVC et que j’étais tombé, vu comme mon visage est tuméfié », sourit-il.
Mais s’il parvient à en plaisanter avec le recul, sur l’instant, le père Juvenal, 62 ans, a bien cru qu’il allait rejoindre son Créateur : « Ces derniers temps on sait qu’on est des cibles, avoue le prêtre né au Rwanda. Il y a les passages des militaires de Vigipirate pour nous protéger, donc quand ces deux hommes sont entrés cagoulés avec leur pistolet j’ai cru à des islamistes. Je pensais que c’était fini. » Comme beaucoup, l’homme d’église avait « gardé en mémoire ce qu’il s’est passé à Saint-Étienne-du-Rouvray », où un prêtre avait été égorgé en juillet dernier. « Mais quand ils m’ont dit : on sait que vous êtes riches, donnez-nous votre argent, je me suis dit que j’étais sauvé.
Ligoté avec les étoles qu’il utilise pendant la messe
Malgré tout l’agression est violente. Les deux hommes frappent le prêtre au visage et lui intiment l’ordre de se mettre au sol. Comme il n’obtempère pas assez vite, ils lui donnent également un coup au niveau genou. Une fois allongé, l’ecclésiastique est ligoté au niveau des pieds et des mains avec les étoles qui lui servent d’écharpe pendant les messes. Les deux voleurs lui dérobent sa montre et s’organisent pour visiter le centre pastoral qui est le lieu de travail de l’homme d’église.
« L’un des deux me gardait, l’autre fouillait partout, relate le père Juvenal. Ils m’ont pris 150 € dans une enveloppe qui était dans mon sac. C’est tout ce que j’avais, je venais juste de recevoir cette somme qui provient de la vente de mon dernier ouvrage*. » Les agresseurs s’emparent aussi des clés du presbytère, l’endroit où vit le père Juvenal situé juste à côté. « J’ai attendu quelques minutes pour être sûrs qu’ils soient partis là-bas et j’ai commencé à me débattre pour desserrer mes liens péniblement », relate la victime.
« Nous n’avons pas d’argent, mais comme nous vivons parfois dans de beaux endroits… »
Le prêtre parvient à se libérer et file par la sortie de derrière pour se réfugier chez ses voisins et appeler les secours. « Je voyais la lumière de chez moi allumée, on y est allé ensuite avec la police et ils avaient tout retourné », soupire Rutumbu Juvenal. Les deux hommes se sont envolés sans rien emporter d’autre."