Lu sur Osservatore vaticano :
"Non, malgré le caractère sensationnel du titre de cet article, à la manière de la « grosse presse », aucun scandale dans cette information, mais le caractère rare d’une situation très particulière.
Après l’approbation du pape Benoît XVI, l’archidiocèse de Cologne (Allemagne) vient d’annoncer que le luthérien Harm Klueting, 61 ans, sera ordonné prêtre catholique mardi prochain. Or, et c’est la particularité du cas, ce futur prêtre est marié depuis 1977 et père de deux enfants majeurs. Toutefois, l’épouse du futur prêtre, Edeltraut Klueting, qui était aussi luthérienne, est devenue… religieuse carmélite en 2004. Les époux ne vivant plus ensemble et leurs deux enfants étant majeurs, rien, en effet, ne pouvait prohiber l’ordination sacerdotale."
Altaica
Cela dit, même s’ils vivaient ensemble, ça ne serait pas choquant:
Les prêtres mariés anglicans devenant catholiques gardent en règle générale leurs femmes.
J’ai ainsi pu inviter au scout un prêtre catholique (qui a béni les promesses de mes jeunes promettant), en compagnie de sa femme!
Les gros titres des journaux valent bien ceux d’il y a quelques mois “le pape autorise le préservatif”: incomplet car il n’y a pas toutes les explications nécessaires pour comprendre le pourquoi, situation absolument banale, puisque les papes ont tous affirmé la même chose (dans les deux affaires), bref, un gros titre juste pour vendre!
Julie
En lisant juste le titre, ça aurait pu faire peur… Mais là, comme sa femme est Carmélite…
Juste pour faire vendre, en fait.
Altaica, Vous êtes chef scout ?
Béatrice
Il me semble que le mariage chez les protestants n’est pas un sacrement.
Laetitia de M
Votre titre devrait plutôt être : “un homme marié ordonné prêtre”, ce qui d’une part respecterait mieux la chronologie des évènements; & d’autre part dirait mieux la réalité théologique qui se tient derrière cette ordination.
Guillaume
Selon le père John Zuhlsdorf (www.wdtprs.com/blog), l’épouse de ce nouveau prêtre n’est pas religieuse : elle appartient au tiers-ordre carmélitain, ce qui n’est pas du tout pareil
“The accomplished Edeltraut, a medievalist – of course, has a webpage on which she identifies herself as a T.OCarm. She is a tertiary. She is a third order Carmelite. She is not a fully professed Carmelite nun. The now-Fr. Klueting had to have permission to be ordained because he was married, but he wasn’t married to a nun.”
loupiot
ça les gênerait de titrer “un homme marié ordonné prêtre” ce qui est conforme à la vérité, plutôt que “un prêtre marié”, ce qui est faux…
François
Merci;)
Daquin
Le titre pourrait être modifié. Tel qu’il est, il semble dire que la personne est prêtre et va se marier.
Anonyme
Il ne s’agit d’ailleurs pas d’un “prêtre catholique marié avec l’autorisation du pape”, mais d’un homme marié qui sera ordonné. Le Pape n’a pas autorisé le mariage d’un prêtre catholique, ce que le titre pourrait (malintentionnellement?) faire croire.
Xtophe
En effet, le titre n’est pas bon. Cette personne ne s’est pas mariée avec l’autorisation du Pape ; elle est devenue prêtre avec l’autorisation du Pape (en dépit du fait d’être mariée). C’est totalement différent.
Thomas FERRIER (PSUNE)
Le mariage (évidemment hétérosexuel) des prêtres ne me choque pas puisque son interdiction date du début du XIIème siècle, si je ne m’abuse, en tout cas après le schisme de 1054, puisque les popes par exemple peuvent se marier.
La question de femmes-prêtres donc de “prêtresses” est bien différente. Dans les religions abrahamiques, le prêtre est nécessairement un homme. Dans les polythéismes européens, les dieux sont également représentés par des prêtres (les prêtresses représentant les déesses). Pas de prêtresse de Yahweh mais pas non plus de prêtresse de Zeus.
[Non, le célibat sacerdotal date des temps apostoliques dans l’Eglise romaine. MJ]
Michèle
Il n’y a là rien d’autre que ce que l’on observe dans le clergé de l’Eglise d’Orient, il me semble; chez les gréco- catholiques, par exemple.
Peut-être vaudrait-il mieux ne pas braquer les projecteurs plus que nécessaire sur ces situations dont les media sont friandes ?..
Olivier
Un prêtre catholiqué marié à une carmélite, aurait fait plus sensass^^
SALMONT-STRUYVEN
Encore un titre raccoleur fait par les médias qui laisse la désinformation en exergue!
Cette situation a toujours été admise en Eglise, donc rien de nouveau dans ce cas spécial !
Que les titres soient à l’image de la vérité du contenu entier.
Vos “scoop” nous laissent un goût amer et je n’achète d’ailleurs plus jamais aucun journaux depuis près de 20 ans !
Altaica
@Thomas FERRIER
Les popes ne peuvent pas se marier. Les hommes mariés peuvent devenir pope. C’est pour ça qu’il y a tant de mariage parmi ceux qui se forment pour devenir popes!
CV
La vraie question serait: est-il marié? Au sens du sacrement catholique, je ne pense pas. Cet homme n’est donc pas à la fois prêtre catholique et époux catholique… Et de nombreux autres cas existent déjà; mais le titre est tellement racoleur qu’on pourrait croire à un scoop!!
Thomas FERRIER (PSUNE)
Pourtant, il me semble bien dans mes souvenirs d’université que c’était sous Grégoire VII que le mariage avait été aboli parce qu’il craignait que les fils de prêtres deviennent prêtres (dans la société médiévale, le fils suivait la voie du père), ce qui auraient été cause d’un appauvrissement de la qualité sacerdotale du clergé.
Mais merci de me préciser la différence entre des hommes mariés devenus prêtres et le cas inverse. Pourtant, j’ai toujours lu que les popes pouvaient se marier…
Mon avis n’a de toutes façons qu’une importance relative sur ce point, puisque l’avenir des institutions catholiques ne concernent que les catholiques.
[Sur le plan historique :
http://www.sacristains.fr/2010/03/30/vive-le-celibat-des-pretres-12-six-idees-fausses/
“Dire que le célibat des prêtres remonte au XII° siècle, c’est lui donner comme origine le premier concile oecuménique du Latran, en 1123. Ce concile a en effet déclaré invalide le mariage des clercs. Les ordres majeurs deviennent un empêchement dirimant au mariage, ce qui veut dire que si un sous-diacre, un diacre, un prêtre ou un évêque se marie, son mariage est purement et simplement invalide.
Mais il faut faire attention, on le voit souvent dans l’histoire de l’Église, l’apparition d’une norme, d’une décision conciliaire, ne permet pas forcément de dater le phénomène qu’elle sanctionne. Un concile peut entériner ce qui est déjà vécu depuis des siècles comme il peut promouvoir une chose qui n’entrera dans les faits que bien plus tard. Alors, regardons d’un peu plus près.
D’abord, il y a le célibat du Christ qui est une question centrale, sur laquelle il faudra évidemment revenir. Ensuite parmi les apôtres, saint Pierre au moins a été marié puisqu’il a une belle-mère. Son épouse n’est jamais mentionnée dans les évangiles. Saint Jérôme (347-420) écrit : « Apostoli vel virgines vel post nuptias continentes » : les apôtres étaient soit vierges, soit continents après un mariage (veufs, donc).
Jusqu’au IV° siècle, il n’y a pas de règle générale, mais la pratique du célibat des clercs est souvent louée par les pères de l’Église. Nous avons, en Orient comme en Occident de nombreux témoignage d’estime pour cette pratique.
Au concile de Nicée (325), on n’impose pas la continence aux évêques, aux prêtres et aux diacres mariés avant l’ordination. Mais, « en vertu d’une ancienne tradition de l’Église », on leur interdit de se marier après l’ordination. Cette règle restera absolue et universelle, en Orient comme en Occident.
Autre repère important, le Concile In Trullo (692), convoqué par l’empereur Justinien II, qui ne rassemble que des évêques orientaux. Il fixe la discipline qui reste encore aujourd’hui celle de la plupart des églises orientales, même catholiques : l’évêque est tenu à la continence, les prêtres et les diacres ne peuvent se marier après l’ordination. Ceux qui sont mariés ne doivent pas quitter leur femme. Ils peuvent « user du mariage », sauf lorsqu’ils doivent dire la messe (j’y reviendrai). Tout en recommandant toujours le célibat des prêtres, les papes ont accepté ensuite que les Églises orientales qui revenaient à la communion avec Rome conservent cette discipline.
Revenons un peu en arrière. En Occident, au IV° siècle, le célibat des clercs, encouragé par les papes, se généralise progressivement. Il est ratifié par des conciles locaux : Elvire, vers 300, Rome en 386, etc. Il y a pourtant des résistances et on peut dire que si elle est souvent enfreinte est mal acceptée, la règle est au moins connue de tous au IV° siècle.
On sait que de la fin du IX° au début du XI° siècle la règle du célibat est très mal suivie, le mariage ou le concubinage du clergé semble presque normal. Vient alors, au XI° siècle, la réforme grégorienne. On se souvient de s. Pierre Damien (+1072) et surtout le grand pape Grégoire VII (+1085) qui lutte contre l’inconduite des clercs, la simonie (le commerce de choses saintes), les investitures laïques, etc. La règle du célibat rentre à nouveau dans les moeurs. C’est dans la suite de saint Grégoire que, sous Calixte II, le 1er Concile oecuménique du Latran déclare invalide le mariage des clercs.”
Thomas FERRIER (PSUNE)
Merci d’abord pour ces informations historiques précises. Je n’ai pas affirmé que le célibat des prêtres était une invention du XIIème siècle, puisqu’il fallait bien que cette décision s’appuie sur une tradition, mais qu’elle n’avait été officialisée qu’à cette date.
Je ne souhaite pas vous heurter à propos du célibat supposé du sieur Jésus. Mais je ne suis pas convaincu que présenter le prêtre comme à l’imitation de Jésus ne soit pas dans un certain sens une forme d’hybris.
Il est vrai que ma religion considère qu’un prêtre ne peut vraiment l’être que s’il est marié (pas de flamen sans flaminica). Selon ce principe ancien qui est: tu es terra, ego sum caelus.