Mgr Vesco, évêque d’Oran et l’un des participants au Synode romain sur la famille, déclare au quotidien La Croix que
« la discipline de l’Église à l’égard des divorcés-remariés le blesse profondément et, à vrai dire, le révolte depuis longtemps en raison de la violence inutile qu’elle fait subir aux personnes concernées, sans aucune distinction de leur situation individuelle ».
Sur le blog de La Croix, l'abbé Amar cite une lettre du Père Gérard Thieux :
« Cher Monseigneur, ce sont vos propos qui me blessent profondément et qui blessent, je pense, toutes celles et ceux qui, comme mes propres parents, s’efforcent de rester fidèles à l’enseignement de l’Église tout en acceptant une situation qui les a fait souffrir, certes, mais dont ils ont accepté dans la foi les conséquences.
Je sais de quoi je parle car je suis moi-même enfant de parents divorcés (j’avais deux ans au moment de leur divorce) et qui se sont remariés très vite. J’ai toujours été traité avec beaucoup d’affection aussi bien par mes parents que par leur second conjoint respectif, et permettez-moi de vous dire que s’ils avaient subi une violence inutile – comme vous dites – ils m’auraient traité bien différemment.
Que m’ont-ils donné en plus de leur amour ? Une bonne éducation chrétienne et un exemple qui m’a toujours beaucoup édifié de pratique régulière, de prière sincère, de charité vécue au quotidien. Et jamais un mot négatif des uns sur les autres.
Lorsque j’ai décidé de donner à Dieu une plus grande place dans ma vie, ils m’ont toujours accompagné, même s’ils ne comprenaient peut-être pas tout, et lorsque je leur ai annoncé ma décision de devenir prêtre, ils en ont été profondément heureux et, je crois pouvoir le dire, fiers.
Le jour de mon ordination sacerdotale, ils étaient là, bien entendu, tous les quatre, conscients de l’enjeu, mais conscients aussi, depuis le jour de leur deuxième mariage, que cette deuxième union avait contredit l’indissolubilité de leur première union. Ils n’ont pas communié, comme ils n’ont pas communié le jour de ma première messe, ni des messes successives que j’ai pu célébrer en leur présence.
En ont-ils souffert ? Oui. En ai-je souffert ? Oui. Était-ce violent ? Non !
Le Christ a-t-il souffert sur la Croix pour obtenir le pardon de mes péchés ? Oui. Était-ce violent ? Non !
Mes péchés font-ils souffrir le Christ ? Oui ! Me font-ils souffrir ? Oui ! Est-ce violent ? Non ! Car même si souffrance il y a, elle est noyée dans la miséricorde infinie de Dieu.
Une miséricorde qui n’autorise pas le compromis, mais qui donne le pardon.
Mes parents ont-ils accès à cette miséricorde ? J’en suis convaincu et eux aussi. Pendant longtemps ma mère m’a dit, à propos de sa situation de divorcée-remariée, qu’elle s’en remettait à la miséricorde de Dieu. Jusqu’au jour où elle m’a déclaré qu’elle s’en remettait désormais à sa justice. Je vous laisse méditer.
Vous dites qu’une « doctrine vraie ne peut pas entrer en contradiction avec la vérité des personnes ». Vous confondez, je crois, la vérité des personnes avec la vérité des faits et des actes. Lorsque je m’écarte de la vérité prônée par le Christ, je suis peut-être vrai avec moi-même à ce moment-là ; je m’assume, mais je m’écarte objectivement de lui. Ne pas le reconnaître revient à reprocher au Christ sa Passion qui serait alors inutile, et reviendrait alors à me priver de l’accès à sa miséricorde.
Relisez l’épisode de la femme adultère. Le Seigneur lui pardonne sa faute tout en lui disant : « va et ne pèche plus ! ».
Non Monseigneur, l’Église n’est pas caricaturée par sa prise de position sur la doctrine qu’elle a reçue du Christ. C’est vous qui la caricaturez et qui instrumentalisez des situations de souffrance que l’on ne règle pas en refusant de les voir. Soyez miséricordieux, mais soyez vrai, car le Christ seul est le Chemin, la Vérité et la Vie ».