Dans Minute, Jeanne Smits dresse le portrait de Mike Pence, gouverneur de l’Indiana, colistier de Donald Trump et donc vice-président des Etats-Unis en cas de victoire. Extrait :
"[…] Issu d’une famille irlandaise simple – d’extraction catholique ? –, Mike Pence est un évangélique de variété exaltée, propre à plaire à l’important bloc électoral du même métal. Sur le plan du respect de la vie, il semble irréprochable. Cela compte dans la politique américaine où la douloureuse question de l’avortement est loin d’avoir été enterrée avec la décision Roe v. Wade de 1974 : elle reste déterminante pour de nombreux électeurs. Vu les tergiversations de Donald Trump sur le sujet, tantôt pro, tantôt anti-avortement, un compagnon fermement attaché à la défense de la vie sur le « ticket » républicain est un atout certain.
Les statistiques de vote de Mike Pence à la Chambre des représentants sont nettes : les pro-vie lui ont décerné la note de 100 %, tandis que le lobby national pro-avortement Naral lui attribue, inversement, 0 %. En tant que gouverneur de l’Indiana, il a signé une belle série de lois en faveur de l’adoption, contre l’avortement sur le fondement du sexe ou de la race, pour le don du cordon ombilical, pour l’aide aux parents d’enfants trisomiques, pour l’information sur les soins palliatifs offerts aux enfants à faible espérance de vie, pour l’information complète des femmes demandant l’avortement. C’est à peu près aussi loin que l’on puisse aller aujourd’hui aux Etats-Unis sans se faire retoquer par les cours fédérales et surtout la Cour suprême.
Sur les autres chapitres, les choses sont beaucoup moins nettes. Alors que les Etats-Unis sont agités par le débat des droits des homosexuels et des transgenres, Pence a signé une loi en faveur de la liberté religieuse pour protéger les commerçants croyants de l’obligation de fournir des prestations liées à une cérémonie de « mariage » homosexuel par exemple. Devant l’indignation – nationalement orchestrée – du lobby LGBT, Mike Pence a fait marche arrière, exigeant que la loi qu’il venait de signer ne soit expurgée de ses alinéas qui pouvaient déplaire aux homosexuels et aux tenants de l’identité de genre. La forme la plus nouvelle et la plus aboutie de l’antiracisme, cette idéologie qui cherche à gommer toute différence identitaire, a eu bien vite raison de ses convictions.
Sur la question de l’éducation, autre domaine cher aux conservateurs dans un pays où « l’école à la maison » a le vent en poupe, Mike Pence n’est pas plus sûr. A la tête d’un Etat chatouilleux sur la question, qui avait rejeté le « Common Core », ce « socle commun » qui ressemble comme un frère à celui qui décervèle les élèves en France, il a été l’un des premiers à promouvoir sa version revue et corrigée par l’administration Obama. Le nouveau programme national pour l’école approuvé par Pence pour l’Indiana en mars 2014 reprend le « Common Core » à 90 %, avec ses préjugés mondialistes, ses chapitres d’endoctrinement, ses exigences pédagogiques désastreuses. […]"