Et c’est dans Le Point :
En août 2018, la chercheuse Lisa Littman de l’université de Brown, aux États-Unis, publiait un article dans la revue scientifique PLOS ONE (Public Library of Science), une revue qui n’accepte que des articles expertisés (peer-reviewed). […] L’argument central de l’étude de Lisa Littman est que les nombreux adolescents et jeunes adultes qui se découvrent de manière subite un malaise dans leur corps sexué (« dysphorie de genre ») et cherchent à changer de sexe pourraient être victimes de contagion sociale. […]
L’université de Brown, dans l’État du Rhode Island, s’honore de faire partie de la grappe des Ivy Leagues de la côte est, c’est-à-dire des institutions d’enseignement supérieur les plus vénérables et les plus sélectives, telles que Yale et Harvard. Or, la doyenne de la faculté de santé publique à l’université de Brown, sous la pression des réseaux sociaux et de membres de l’université (étudiants, parents, partenaires sociaux), a fait retirer de son site l’information concernant l’étude du professeur Littman.
Voici des extraits de la lettre de la doyenne Bess Marcus qui justifie le choix du retrait :
« […] Outre le retrait par l’université de l’étude, à cause des inquiétudes ressortissant à la méthodologie employée par son auteure, l’École de santé publique a pris acte des préoccupations de membres de notre communauté, et de leurs craintes que l’étude ne soit utilisée pour discréditer nos efforts pour soutenir la jeunesse transgenre, et qu’elle ne risque d’invalider les perspectives des membres de la communauté transgenre. »
Deux points sont à relever : tout d’abord, la méthodologie d’une étude scientifique au demeurant très prudente et aux conclusions modestes est tenue pour suspecte dès lors qu’elle ne cadre pas avec le dogme de la théorie du genre. En effet, si le désir de changer de sexe, tout au moins chez certains adolescents et jeunes adultes, est un phénomène social, voire un phénomène de mode, alors la théorie du genre s’effondre, ou plutôt révèle son essence idéologique. Que l’on puisse émettre l’hypothèse que le désir de changer de sexe pourrait relever du mimétisme social, voilà qui doit être censuré à tout prix, de peur de révéler que le roi est nu.
Deuxièmement, la politique, dans les universités nord-américaines, et même dans les revues scientifiques, l’emporte désormais sur la recherche de la vérité. Les pressions communautaires, la peur de déplaire ou de passer pour « transphobe » surpassent l’éthique de la recherche, jusque dans le champ de la santé publique. […]
On peut appeler cette emprise de l’idéologie sur la recherche le retour de Lysenko, du nom du tristement célèbre ingénieur soviétique qui avait fabriqué des méthodes agricoles désespérément inefficaces, fondées sur le déni de la génétique mendélienne, jugée réactionnaire et idéaliste. On connaît la suite : pénuries et famines de masses.
Or que prétend l’idéologie du genre ? Que la différence sexuelle est, justement, réactionnaire, qu’il faut par conséquent laisser le genre s’exprimer. Ainsi la novlangue du genre ne parle-t-elle même plus de « réattribution sexuelle » (« sex reassignment »), mais de « confirmation d’identité de genre », ce qui signifie que le genre pré-existerait au corps sexué, et se tiendrait pour ainsi dire quelque part dans les replis de la psyché. Il revient dès lors au sujet d’entendre l’appel de son moi « genré » authentique, et à la médecine et à la société de « confirmer » cette authenticité. Tout le reste relève de « l’hétéronormativité », c’est-à-dire d’une oppression biopolitique à combattre.
En attendant, ce sont de plus en plus de jeunes gens qui cherchent vainement à se débarrasser de leur détresse existentielle en se tournant vers la médecine et des traitements endocrinologiques coûteux et irréversibles. C’est d’autant plus stupéfiant que Lisa Littman révèle que certains des jeunes gens souffrant de dysphorie de genre ont été victimes de traumatismes récents susceptibles d’expliquer leur détresse. Combien de jeunes gens devront-ils être sacrifiés pour qu’on s’interroge enfin sur les effets délétères d’une idéologie obscurantiste et de ses sinistres idoles sur la santé publique ?