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Un rapport sur l’origine des abus au sein de la communauté Saint-Jean

Un rapport sur l’origine des abus au sein de la communauté Saint-Jean

La commission interdisciplinaire des Frères de Saint-Jean a publié un rapport de plus de 800 pages sur les origines et les modalités des abus dans la Famille Saint-Jean. Le rapport est accessible ici et il est accompagné d’un communiqué de presse, qui indique que, depuis 1975, année de la fondation, 72 frères ont commis des abus sexuels, soit 8% des 871 frères, et 167 victimes ont été dénombrées. Selon le rapport

les plaintes reçues pendant ces dix dernières années ont permis de confirmer l’aspect systémique des abus sexuels dans la famille Saint-Jean.

Cette remise en question n’a pas été simple :

Cependant, de nombreux frères et sœurs de Saint-Jean étaient troublés par la révélation que le père M.-D. Philippe avait commis des abus sexuels et ressentaient un malaise. Certains étaient même révoltés et dans une opposition au chapitre général. La volonté de « réhabiliter le père Philippe » fut exprimée dans une pétition signée par 22 frères envoyée à toute la communauté, des blogs, ou un appel à témoignage en faveur du père M.-D. Philippe. Il y eut aussi des accusations de diffamation. Les supérieurs essayaient d’accompagner les frères et sœurs, mais la crainte d’accentuer les divisions était grande. Les positions étaient en effet diverses et très marquées, tant en interne que parmi les oblats et les laïcs liés à la communauté, même si la majorité faisait confiance aux orientations prises par les chapitres généraux et les supérieurs. Pour éviter d’accentuer les tensions chez les sœurs contemplatives, Mgr Brincard leur interdit de parler de ce sujet entre elles. Du côté des sœurs apostoliques, la question a été abordée surtout dans les chapitres régionaux préparatoires au chapitre général de 2015. Les sœurs ont pu exprimer leurs points de vue, mais pendant le chapitre général elles n’ont pas souhaité reparler de ce sujet. Apparemment, les sœurs préféraient éviter ce sujet de tension. De nombreuses personnes, en particulier chez les sœurs, attendaient qu’une autorité de l’Église, et non seulement le prieur général des frères, se prononce sur les abus sexuels commis par le père M.-D. Philippe. Un point qui rendait peut-être ce sujet plus délicat chez les sœurs, contemplatives ou apostoliques, était que des victimes du père Philippe se trouvaient parmi elles, et que les autres pouvaient se dire aussi qu’elles auraient pu être victimes.

Néanmoins, le rapport se veut sans ambiguïté :

Sur les 72 frères ayant commis des abus :

  • 35 sont sortis ou ont demandé à sortir de la Congrégation, soit presque la moitié (dont 3 sont décédés). 37 sont encore dans la Congrégation (dont quelques-uns pourraient être renvoyés à l’issue d’une procédure).
  • 6 ont été condamnés par un tribunal étatique. À notre connaissance 10 enquêtes sont encore en cours, et au moins 12 plaintes ont été classées sans suite par le parquet.
  • 18 ont été reconnus coupables lors d’une procédure canonique. 6 prêtres ont été renvoyés de l’état clérical. 12 ont reçu une peine temporaire.
  • La procédure canonique prévoit la possibilité pour tout clerc de demander à quitter l’état clérical et la vie religieuse, et cela met alors un terme à la procédure. 7 frères sont concernés.
  • 7 procédures canoniques sont encore en cours à notre connaissance (une procédure concernant un ancien frère ne relève pas de la Congrégation Saint-Jean).
  • 4 frères ont été renvoyés de la Congrégation.
  • 21 ont fait l’objet d’une sanction disciplinaire (le plus souvent interne à la Congrégation, mais parfois imposée par un évêque).

Le total est supérieur à 72, puisqu’un même frère peut être concerné par différents points.

Si l’on considère les 37 frères qui sont encore dans la Congrégation, les sanctions se répartissent ainsi :

  • 5 procédures canoniques sont en cours, aux termes desquelles certains de ces frères pourraient être renvoyés. Ces frères sont sous le coup de mesures conservatoires qui limitent leurs activités pour la durée de la procédure. Ces 5 procédures représentent 14% du total.
  • 2 frères ont été renvoyés de l’état clérical et n’exercent plus aucun ministère (l’un des deux vit hors communauté). Ces 2 renvois de l’état clérical représentent 5% du total.
  • 10 frères ont été condamnés à une peine temporaire au terme d’une procédure canonique. Les peines peuvent être la privation ou la limitation du droit de célébrer l’eucharistie, de confesser, d’avoir un ministère auprès des mineurs, de prêcher, de faire de l’accompagnement spirituel, d’enseigner, de publier, d’exercer une charge de gouvernement, etc.). La durée de ces peines est comprise entre 3 et 10 ans. Ces 10 peines temporaires représentent 27% du total.
  • 18 frères ont reçu une sanction disciplinaire, infligée par le prieur général ou par un évêque, sans qu’ait été intenté un procès pénal à leur encontre (pour les cas les moins graves, ou lorsque manquent les conditions pour une procédure pénale par exemple). Ces sanctions sont par exemple la privation ou la limitation du droit de célébrer publiquement l’eucharistie, de confesser, d’enseigner, d’avoir un ministère auprès des mineurs, de faire de l’accompagnement spirituel, d’exercer une charge de gouvernement, ou encore le fait de ne pas être ordonné ou le report de l’ordination, etc. La durée de ces sanctions est généralement entre 2 et 5 ans, mais la levée de certaines sanctions peut être soumise à des conditions. La plupart de ces frères ont dû aussi entreprendre une thérapie. Ces 18 sanctions disciplinaires représentent 49% du total.
  • 2 frères ont été réprimandés par le prieur général (pour des actes moins graves). Ces 2 réprimandes représentent 5% du total.

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