Le Synode sur l’Amazonie a terminé ses travaux samedi 26 octobre avec le vote point par point du document conclusif. Ce document n’a aucun effet normatif. Il a été simplement remis au Pape François afin qu’il décide lui-même quoi faire et qu’il le mette par écrit dans une exhortation post-synodale.
Le document final du synode des évêques sur l’Amazonie est accessible en espagnol. Il n’y a pas de traduction française pour le moment, mais VaticanNews en a rédigé une synthèse en français, que Jeanne Smits a commenté sur son blog. On y trouve parmi les propositions, ce qui circulait déjà avant le synode :
- Ordination au sacerdoce des hommes mariés : il s’agirait d’ordonner prêtres les diacres permanents, qui ne seront donc plus permanents… Nul doute que cette idée, si elle était mise en œuvre, ne se limitera pas à l’Amazonie…
- Des ministères pour les hommes et les femmes, à égalité
- Des femmes diacres (sic !), une hypothèse à étudier (un évêque brésilien a osé soutenir que Benoît XVI aurait ouvert la voie. Il a été recadré par le secrétaire personnel du pape émérite)
- Une commission pour étudier un « rite amazonien »
- Des péchés écologiques et des ministères de l’environnement
- La “béatitude” innée des indiens d’Amazonie
Un missionnaire Uruguayen invité au synode par le Pape François, Martín Lasarte Topolanski, dresse sur Asia News, pour ce synode, la liste des dix choses qui lui ont plu et des neuf choses qui lui ont déplu. Sandro Magister a traduit ces 9 points et c’est assez bien vu, quand on a pris la peine de lire les textes en lien ci-dessus :
- Une énergie excessive gaspillée sur des problèmes intra-ecclésiaux, en particulier sur celui des « viri probati » et des « diaconesses ». Ce sujet, qui ne faisait pas totalement consensus, a consommé beaucoup de forces au détriment de la qualité des autres aspects qui eux faisaient consensus.
- Une auto-référentialité régionale. Synodalité avec ceux qui pensent comme moi. Autonomie et pluralisme avec ceux qui pensent autrement, comme dans le cas des Églises sœurs en Asie, en Europe et en Afrique. Je pense que le thème de la synodalité avec l’Église universelle aurait dû être davantage présent en ce qui concerne les ministères ordonnés.
- Il a manqué un plus sens plus profond d’autocritique ecclésial. Je fais référence à la faible incidence pastorale de ces cinquante dernières années dans les diverses réalités ecclésiales d’Amazonie. Quelles sont les causes de cette pauvreté pastorale et de son infertilité ? À mon avis, on n’a pas suffisamment abordé les thèmes de l’idéologisation sociale du ministère pastorale et du manque d’un témoignage crédible, cohérent et resplendissant de sainteté des ministres (phénomène de nombreux abandons de la vie religieuse et sacerdotale, ou de vue ambigüe).
- De nouvelles pièces sur un vieux vêtement. À mon avis, on n’a pas abordé les problèmes les plus profonds de l’évangélisation. Quelles sont les nouveaux chemins proposés par le synode ? Uniquement de nouvelles structures et les ordinations de « viri probati ». Il me semble de ces nouveautés soient extrêmement pauvres. De mon point de vue, les nouveaux vêtements que nous devrions endosser avec une nouvelle ferveur consistent en un problème de foi : revêtir le Christ.
- On parle d’un « rite amazonien » pour la liturgie. On risque de tomber dans une expérimentation théorique de laboratoire. Il ne fait aucun doute que l’inculturation de l’Évangile dans la liturgie et dans la vie des communautés amazoniennes soit indispensable mais cela devrait être fait dans la vie concrète et petit à petit, avec une adaptation raisonnable et en prenant le temps de décanter ce qui est réellement authentique dans la culture et de ce qui est vraiment susceptible de transmettre le mystère chrétien avec des symboles et des expressions originales, en évitant une « folklorisation » superficielle et générique.
- La cléricalisation des laïcs. Il aurait été possible de résoudre le problème des éventuelles ordinations au sacerdoce des hommes mariés par les voies ordinaires déjà possibles et praticables dans l’Église. Mais, malheureusement, « le » thème du synode a été l’ordination des hommes mariés, tandis que les autres thèmes sont restés dans l’ombre.
- Une vision sécularisée des ministères, en particulier de celui de femmes en tant que « diaconesses ordonnées. » Quand ce thème a été abordé, ce sont uniquement des motivations civiles qui sont mises en avant […] sous la forte pression de la culture dominante. Il m’a semblé qu’’un certain sens parlementaire a été assez présent : « nous sommes les représentants des peuples d’Amazonie et nous devons porter leurs revendications ».
- Le danger d’une église transformée en ONG. On réduit le mystère, la vie et l’action de l’Église à des activités de « conseil » et de service social. Cette réduction me semble être très présente dans la sensibilité de plusieurs participants au Synode.
- L’atmosphère du synode a été assez sereine, fraternelle et respectueuse, mais à la fin certains ont présenté les choses de façon assez clivante. D’une part un club de pharisiens qui serait attaché à la doctrine et effrayé par la nouveauté, et donc fermé à l’Esprit Saint et de l’autre ceux qui écoutent le « sensus fidei » du peuple, sans avoir peur, ouvert à la nouveauté et donc dociles à l’Esprit Saint. Nous ne pouvons qu’admirer cet Esprit Saint venu si bien préparé et si bien organisé.
La photo illustrant cet article a été prise lors de la messe de clôture du synode, ce matin à Saint Pierre de Rome.