Extrait de l'homélie de l'abbé Lelièvre, hier, à propos du tremblement de terre en Italie :
"[…] Ce tremblement de terre est-il l’œuvre du démon qui passe son temps à nous faire croire qu’il n’existe pas et envahit toujours davantage nos vies, la pourrissant du dedans ? Dois-je exorciser mon diocèse ? Ce tremblement de terre, est-ce la nature qui ne pardonne pas tout ce que nous lui faisons subir au profit de l’argent ? Ce tremblement de terre, est-ce la colère de Dieu ? Est-ce une punition de Dieu ? Et alors, pourquoi sur des innocents ?
"Dieu, toi qui es notre Père, où étais-tu cette nuit-là ? Que faisais-tu ? Pourquoi ton silence ? Ton absence ? Pourquoi laisser faire la nature que tu as toi-même créée bonne ? Pourquoi ne pas intervenir ? Pourquoi permets-tu cela ? Pourquoi ? Pour quoi ? Que faire maintenant?" Questions posées par Mgr d'Ercole lors de son homélie de la Messe d'enterrement samedi 27 août.
"Toi Evêque, ne nous réponds pas avec tes réponses de curés, toutes faites, l'habituel "Dieu est amour."
Chers amis, soyons vrais un instant. Permettez-moi de me mettre du côté de Dieu. Quel regard pose Dieu sur nous, à travers cette épreuve ? A travers nos épreuves. Permettons à Dieu notre Père, en cet instant, de frapper à la porte de notre âme, de notre conscience. Et toi, homme, où es-tu ? Toi que j'ai créé à mon image et ma ressemblance, où es-tu ? Toi que j'ai créé par amour et appelé à partager ma vie, mon intimité, dès cette terre, avant de la vivre pleinement ans le Ciel, où es-tu ? Toi que j’ai sauvé du péché, où es-tu ? Toi homme, femme, créés à mon image et ressemblance, où es-tu ? Te laisses-tu approche par mon Amour ? Acceptes-tu que le Salut offert gratuitement par mon Fils sur la Croix puisse venir te rejoindre dans ta vie et le laisser jaillir au cours de ton existence ? Homme, où es-tu ? Qu'as-tu fais-tu don de mon Amour ? Qu'as-tu fait du don de la vie ? Qu'as-tu fait de la Création ? Qu'en as-tu fait ?
Un tremblement de terre extérieur n'est-il pas le reflet d'un tremblement de terre intérieur ? La mort extérieure n'est-elle pas le reflet de la mort de l'âme ? Les gravats extérieurs ne sont-ils pas le reflet des gravats présents dans ton âme, par ta course à convoiter sans trêve l’éphémère ? La poussière extérieure qui va jusqu'à asphyxier tes poumons, n'est-elle pas le reflet de la poussière intérieure du relativisme, du nihilisme, du positivisme qui asphyxie petit à petit ton intelligence jusqu'à la mener au refus de Dieu, de la Vérité … et à agir contre Dieu et contre l'homme ; pour finir par se retourner contre toi-même ? Les gravats, la poussière extérieure, n’est-ce pas le reflet de l’apostasie silencieuse ou publique de la foi ? La désolation extérieure n’est-elle pas le reflet de la désolation intérieure de l’âme fatiguée, épuisée par les mirages ambiants pensant se passer de Dieu au quotidien ? Le vide extérieur, les ruines extérieures ne sont-elles pas le reflet de ta vie construite sans moi, trop souvent sans moi ; ou même contre moi ? N'est-ce pas le reflet d’une société construite contre son Créateur, contre la grammaire commune à tous les hommes inscrite dans la conscience de chaque personne humaine depuis le matin du monde ?
Un tremblement de terre extérieur avec ses innombrables destructions, gravats, poussière, n'est-il pas le cri des entrailles de la terre face aux entrailles de tant de femmes, de tant de mères devenues des tombeaux par l'avortement au lieu d’être des berceaux de la vie ? … "La voix du sang de ton frère crie de la terre vers moi" (Gn 4,10-11) Ces Rachel d'aujourd'hui, qui pleurent leurs enfants parce qu'ils ne sont plus (Jér 3,15)… et qui trouvent encore trop peu d'écoute, de consolation ! Face à la lâcheté de tant d’hommes qui fuient leur responsabilité ? Face au silence de trop de serviteurs de l’Evangile à ne pas annoncer l’Evangile de la Vie et de la Famille comme Dieu nous l’a appris et donné ?
"Dieu, pourquoi ton silence ? Pourquoi ton absence ? Pourquoi nous as-tu abandonnés ?"
Jésus : permets-moi de te prendre sur mes épaules, comme j'ai pris tant de brebis égarées, perdues, révoltées, dans le doute ou l'angoisse. Permets-moi de te prendre sur mes épaules. Écoute ma voix : "N'es-tu pas bien avec moi ? N'étais-tu pas bien avec moi ? " A travers ta peine, ton extrême douleur, ta fatigue intérieure, ta lassitude intérieure : viens, je veux parler à ton cœur. Viens, je veux te donner mon Pardon. Je connais tes blessures, tes refus, ton orgueil. Viens, mets-toi à genoux un instant. Un tout petit instant… Permets-moi de faire jaillir la vie là où la mort a frappé.
Chers amis, les sismologues peuvent-ils tout prévoir ? La Science peut-elle tout nous expliquer ? La raison peut-elle nous expliquer pourquoi cette colère grandissante de la nature au fur et à mesure des dernières décennies ? Le journal télévisé peut-il répondre à toutes nos questions profondes ? Soyons vrais. Benoit XVI posait cette question : "Quel avenir voulons-nous pour nos enfants" ? Avec Dieu ou sans Dieu ? ...Si nous continuons à priver nos enfants de la Vie de Dieu, de les priver de l’annonce du Royaume, de la Vie Eternelle et du salut de leurs âmes ; si nous continuons à les infantiliser au lieu de les forger à prendre leurs responsabilités envers Dieu, envers la personne humaine, envers la Création… la terre continuera de crier depuis ses entrailles. De nous laisser ruines, gravats, poussière. Comprenons que nous devons convertir notre cœur, notre vie, des entrailles de la colère, à celles de la Miséricorde !
"Émerge avec une force dramatique la question fondamentale de savoir si l’homme s’est produit lui-même ou s’il dépend de Dieu.", demande Benoit XVI (CV,74) "Sans Dieu, l’homme ne sait où aller et ne parvient même pas à comprendre qui il est." (CV 78) Car "Dieu révèle l’homme à l’homme; la raison et la foi collaborent pour lui montrer le bien, à condition qu’il veuille bien le voir" (CV,74)
« Le tremblement de terre peut tout enlever, excepté le courage de la foi. Je sais, je sens que Dieu est Père. Dieu est un Père qui ne peut jamais renier sa paternité. Lançait d’une voix forte et émue, Mgr d’Ercole, samedi 27 août, lors de la Messe. Avant de conclure, en s'adressant aux nombreux jeunes présents : "C'est seulement la foi qui nous enseigne comment dépasser cette épreuve. Notre foi, notre difficile foi nous indique comment reprendre le chemin : les pieds sur terre et le visage tourné vers le Ciel… Alors, nos maisons, oui, nous les reconstruirons. Alors, les cloches sonneront à nouveau"