Dans le Figaro d’aujourd’hui, Alain Bentolla fait litière d’un des leitmotive favoris des partisans de la "méthode globale" : l’apprentissage alphabétique ne serait pour eux qu’un déchiffrage, à opposer à "l’accès au sens" (thèse de cet article de l’Express, par exemple). Pour le linguiste :
Contrairement à ce que l’on a seriné aux instituteurs pendant trente ans, ce n’est donc pas le fait de déchiffrer qui est responsable d’une lecture dépourvue d’accès au sens, mais c’est le déficit du vocabulaire oral qui empêche l’enfant d’y accéder. […]
Il est clair que le déchiffrement, que nous avons qualifié de «nécessaire», n’est pas une fin en soi ; il doit, par une progressive automatisation, conduire un enfant à une identification «orthographique» des mots qui le libérera progressivement du passage par le déchiffrage des mots. Plus l’enfant sera habile au déchiffrage, plus vite il s’en libérera pour devenir un lecteur expert pour qui l’oralisation ne constituera qu’un recours exceptionnel lorsqu’il rencontrera un mot rare dont la composition orthographique n’a pas été encore enregistrée.
claire
D’où l’importance capitale de continuer à vérifier la lecture de l’enfant bien après le CP et à le faire lire tout haut, à lui lire tout haut et à le faire chercher au hasard dans le dictionnaire…Il s’agit d’une véritable éducation, fermement menée qui ne peut pas se satisfaire des “pédagogies de projet” où le jeu prend le pas sur l’apprentissage…
FP
C’est la même chose pour la musique. Que dire de l’enfant qui n’apprend pas, avant toute chose à déchiffrer les notes, à taper la mesure avec quelque instrument… il ne deviendra jamais un musicien. Mais après ce laborieux travail, il déchiffrera avec aisance, et accèdera à la vue d’ensemble d’un morceau, non comme un simple mélomane, mais avec une acuité telle qu’il en saisira toutes les nuances de manière précise, et sera alors capable de les restituer, ce que ne pourra jamais faire un simple mélomane.