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Liberté d'expression

Une banderole sur un avion : atteinte à la sûreté de l’Etat ?

Lu ici :

"Depuis le 10 août,  un pilote proche du Printemps Français remonte peu à peu la côte atlantique avec son ULM, tractant une banderole libellée « Hollande Demission.fr ».
Le pilote étant professionnel et respectant la réglementation aérienne,
cette opération est complètement légale
. Cependant, suite à une sortie
de piste d'un aérodrome vendéen, une rafale plaque au sol son ULM et une
pièce se brise : suite à cet accident, le pilote se voit intimer
l'ordre de ne pas réparer et la BGTA envoie ses hommes le 15 août pour
examiner l'avion.

C'est suite à ces péripéties que votre humble serviteur se trouve à 9h30
à franchir les portes d'un terrain perdu au coeur de la Vendée derrière
une voiture de la gendarmerie, immatriculée dans le 75. Cependant elle
ne transporte que  deux hommes de la brigade de gendarmerie des
transports aériens de Nantes (BGTA) qui s'occupent de tout ce qui touche
à l'aéronautique en Loire-Atlantique, dans l'Anjou et en Vendée. Bien
que leur venue a été signifiée au pilote à dix heures, ils sont là en
avance et commencent à faire le tour d'un aéronef qui, en dehors de la
pièce abîmée, est en bon état. Ils sont soucieux : l'ULM – qui a la
silhouette d'un avion, bien qu'il n'y a qu'un métallique squelette,
ensuite entoilé – est en bon état, hors la pièce cassée.

A l'aérodrome, où beaucoup ignorent qu'il s'agit d'un ULM dissident,
puisque tractant la banderole « Hollande démission », l'on s'étonne de
cette attention soudaine de la BGTA. Un membre de l'aéroclub confirme
qu'il est « très rare » que la BGTA se mette ainsi au chevet d'un ULM.
 Cependant, la loi lui permet : « tout ce qui vole est de notre domaine. Lorsqu'il y a un accident, il doit être déclaré et nous faisons une enquête sur tout », explique le capitaine Rannou.

Cependant, Manu, inscrit à l'aéroclub, et qui possède un ULM du même
modèle (un Hanuman) en attente d'être monté, note que la pratique est
différente de la loi « sur bien des terrains privés, les accidents sont déclarés, mais la BGTA n'y va jamais ». La côte vendéenne est truffée de petits terrains discrets. « Par
ailleurs, pour les ULM, ses attentions sont très rares, surtout s'il
n'y a pas eu de préjudice matériel aux tiers ou de blessés
 ». Pour lui, c'est clairement « un excès de zèle sur cet avion qui porte un message politique », un zèle d'Etat qu'il estime « excessif ».

Après l'inspection de l'avion, les gendarmes se sont enfermés dans un
bureau pour auditionner le pilote, David van Hemelryck, pendant une
petite heure. Ils ressortent, rires, poignées de main, ambiance
cordiale. David commente : « ils ont la tête sur les épaules et le
sourire devant, mais ils ont aussi des consignes. Ils ont été envoyés
pour trouver des motifs valables afin de clouer au sol l'avion 
».
En effet. Nous assistons dans les locaux de l'aéroclub à une poignante
discussion téléphonique entre le capitaine et son colonel, durant une
dizaine de minutes. Le colonel demande à son capitaine si tout a été
vérifié, s'il y a quelque chose d'illégal quelque part. Le capitaine
répond posément que tout est bien cadré, carré, correct, légal, et qu'il
n'y a aucun motif juridiquement fondé pour bloquer l'avion. David continue : « Ils ont vérifié ma situation personnelle, et
m'ont dit qu'à Paris, certains parlaient de mon action comme si c'était
une atteinte à la sûreté de l'Etat
 ».
Il y a du reste un gouffre
entre les gradés proches des politiques – qui font du zèle – et le
terrain où l'application stricte de la loi prime, hors de toutes
considérations politiques. Le ministère de l'Intérieur, très énervé par
l'initiative du pilote, espérait bien que des motifs seraient trouvés
pour clouer l'avion au sol.

Il en sera pour ses frais : « dès que la déclaration d'accident est faite, pour moi, cet avion peut repartir de suite »,
conclut le capitaine. Il est 11h36, et à peine deux heures après avoir
franchi le seuil de l'aéroclub, les gendarmes s'en vont. Le pilote s'en
va réparer, avec la pièce neuve usinée à Frossay, chez le constructeur.
Il faut une bonne heure pour démonter et remonter le train droit,
changer la pièce et remettre tous les assemblages d'aplomb, aligner les
boulons… et faire faire un petit tour à l'ULM. La fébrilité des pouvoirs
publics et la colère du ministère de l'Intérieur tombe quelque peu à
l'eau. […]"

Devant son zinc réparé il y a à peine dix minutes, David déclare : « en
France, tout est fait au nom du peuple. Mon message est simple : je ne
crois pas au CDD inamovible de cinq ans. L'actuel président est un
incompétent notoire, peut-être fraudeur
donc il doit être destitué.
C'est au peuple de se bouger et de se réapproprier le pouvoir exercé en
son nom, en se mobilisant pour que soient mises en oeuvre les
procédures prévues pour la destitution du président.
 »
La banderole tractée par l'avion renvoie en effet au site Hollandedemission.fr
dont le pilote est aussi le créateur. Ce site a mis en ligne une
pétition qui pose de lourds griefs contre le président en exercice et
demande aux députés
d'organiser un référendum d'initiative populaire en vue de permettre au
peuple de décider de sa destitution. Ce référendum qu'on devrait plutôt
appeler « d'initiative parlementaire » peut être organisé à la
demande d'un cinquième des parlementaires (députés ou sénateurs)
soutenus par un dixième des électeurs inscrits.
La pétition doit donc
recevoir au moins 4.6 millions de signatures : elle en est à 8500,
quatre mille de plus en quatre jours. […]"

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