Mgr Ginoux a été interrogé sur la cérémonie d’ouverture des JO. Traduction de Benoît et moi :
Excellence, vous attendiez-vous à toute cette polémique autour de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris ?
Depuis des mois, voire depuis au moins deux ans, les médias français annonçaient que la soirée d’ouverture des Jeux Olympiques serait un événement extraordinaire, éblouissant et d’une innovation inattendue. L’idée était de « déconstruire les clichés ». Ces mots impliquaient que les créateurs adopteraient un style résolument surprenant, c’est-à-dire qu’ils mettraient en scène les clichés du moment, les idéologies véhiculées par les think-tanks des milieux branchés. On pouvait s’attendre à des références à l’inclusion, au wokisme, au renversement des codes culturels. Bref, le sens de la cérémonie était clair : dépasser la pensée commune pour montrer l’extravagant, l’inédit et surtout la provocation. En d’autres termes, l’art n’est rien d’autre que l’inversion de la réalité et la négation des critères de beauté. En définitive, l’artiste est celui qui impose une fausse perception de la réalité. Le soir du 26 juillet, nous l’avons démontré au monde entier.
En tant que Français avant même que d’être évêque, qu’avez-vous ressenti face aux images désormais célèbres du spectacle conçu par le directeur artistique Thomas Jolly ?
La France, mère des arts et des lettres, a présenté un spectacle à la fois prétentieux et misérable. La parodie de la Cène, le célèbre tableau de Léonard de Vinci, a défiguré l’un des épisodes les plus marquants de la mission du Christ et de l’attachement des chrétiens à l’eucharistie.
Les justifications qui ont suivi le tollé et selon lesquelles la représentation aurait été inspirée par un repas païen sont-elles crédibles ?
Thomas Jolly a nié avoir voulu choquer qui que ce soit. Il a invoqué un tableau d’un illustre inconnu intitulé « Le festin des dieux » pour expliquer l’origine de sa mise en scène grotesque et offensante. Ces excuses ont ensuite été démenties par les acteurs eux-mêmes et par la préparation de la pièce. Les protestations sont venues du monde entier, et pas seulement de la part des chrétiens ! Erdogan lui-même a fait part de sa déconvenue au Pape.
Qu’est-ce qui vous a semblé négatif dans la cérémonie d’ouverture de ces Jeux olympiques français ?
Nous devrions également revenir sur la mise en scène sanglante de l’exécution de la reine Marie-Antoinette, où l’honneur de la France a été bafoué sous le regard d’un président de la République qui était également coprince d’Andorre ! A l’heure où les attentats et la violence sont à l’ordre du jour, l’exploitation du passé sanglant de notre pays est une provocation de plus. C’est inacceptable quand on prétend que les Jeux Olympiques sont un moyen de promouvoir la fraternité et la paix. Ces images sont une profanation, pour ne pas dire une horreur. Les créateurs ne peuvent pas dire qu’ils n’ont pas voulu choquer. En disant cela, ils font preuve de mauvaise foi et prennent le public pour une bande d’idiots. Ils ont délibérément présenté des images révoltantes. Il en va de même pour certaines séquences de chansons. Les chansons d’Aya Nakamura sont truffées de mots grossiers, d’argot et d’insultes. La « danse » clownesque de la Garde républicaine ridiculisait ces serviteurs de la nation.
Pensez-vous qu’il y ait une stratégie culturelle spécifique derrière les choix faits lors de la cérémonie, ou sont-ils simplement le résultat de considérations artistiques ?
Thomas Jolly, Tony Estanguet et les autres ne sont pas des « perdants » qui ont échoué dans leur performance. Bien qu’il y ait eu des éléments positifs dans cette mascarade, ils n’ont pas compensé le niveau de vulgarité, d’obscénité et de dérision atteint par ces soi-disant artistes. Ils ont tenté de subvertir les valeurs culturelles et religieuses de la France, ils ont insulté – sous prétexte d’inclusion – l’histoire et le christianisme, fondements de la civilisation européenne. Il s’agissait d’une manipulation de la réalité dont le but était de se moquer, de piétiner les valeurs de la civilisation occidentale et de faire des sarcasmes sur la religion. Mais de nombreux spectateurs l’ont admiré parce qu’ils n’ont pas compris. C’est à partir de ce public que les artisans de la « déconstruction » artistique peuvent venir sur le devant de la scène et être applaudis.
Quelle attitude devons-nous adopter, nous catholiques, face à de telles scènes ?
En tant que catholiques fidèles, nous ne pouvons pas reconnaître dans ce spectacle la promotion de la beauté, la recherche du bien de l’homme, son élévation.