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Liberté d'expression

Une commission d’enquête pour la chasse aux sorcières

Une commission d’enquête pour la chasse aux sorcières

LFI a déposé une proposition de résolution tendant à la création d’une commission d’enquête sur la structuration, le financement et les modalités d’action des mouvements conservateurs antichoix et agissant dans le champ de la parentalité et de la famille… On y lit :

En France comme partout en Europe, on observe depuis plusieurs années des velléités de revenir sur le droit à disposer de son corps, à la faveur de la montée de l’extrême droite, à travers des campagnes de désinformation, des manifestations anti-IVG ou des actions choc de mouvements conservateurs. Malgré la loi constitutionnelle du 8 mars 2024, les mouvements anti-choix continuent d’agir pour limiter les droits des femmes, des minorités de genre et des familles, notamment le droit à disposer de son corps, contrôler sa sexualité et à la séparation conjugale.

Selon le Planning familial,

« les associations et fondations qui appartiennent à cette mouvance ont leurs spécificités, mais se retrouvent au sein de la Marche pour la vie et la Manif pour tous (devenue aujourd’hui le syndicat de la famille), par exemple. Ces mouvements sont bien organisés et financés, même s’ils ne le revendiquent pas. Ils ont su se renouveler, avec de jeunes militant·e·s formé·e·s au plaidoyer, aux techniques de communication et à la prise de responsabilité politique. Ils agissent au niveau institutionnel, politique, mais aussi dans les associations de terrain et veulent gagner l’opinion publique à leur projet de société. Réunis au sein d’un mouvement européen qui a un agenda bien précis, ils défendent la famille et l’occident chrétien, avec des priorités différentes d’un pays à l’autre : combattre l’avortement, la contraception, la PMA, le divorce, l’éducation à la sexualité, les droits des personnes LGBTQI+, et plus précisément des personnes trans, et l’euthanasie. »

Parmi ces mouvements anti-choix agissant en France et en Europe se trouvent des associations et ONG (Parents vigilants, Institut européen de bioéthique, Civitas, SOS détresse, le Syndicat de la famille, Mum, Dad & Kids, etc.) et des fondations privées qui collectent et distribuent des fonds (Jérôme Lejeune, Fondation de la Famille Européenne).

Selon un rapport du Cese, pour définir leur corpus et programme idéologique, ces mouvements s’appuient sur une définition de la « dignité humaine » qui se décline selon trois aspects :

– Une défense de la vie définie « de la conception jusqu’à la mort naturelle », qui fonde l’opposition à plusieurs formes de contraceptions, à la contraception d’urgence, à l’avortement et au droit à mourir dans la dignité ;

– La défense de la « famille », dans une définition restreinte à son acception patriarcale et « traditionnelle » (un père, une mère et les enfants) ;

– La « liberté religieuse », définie sous l’angle de la possibilité de déroger à certaines législations pour des motifs de conviction religieuse

Les mouvements anti-choix bénéficient donc d’objectifs et d’un agenda politique précis, sont structurés et se réunissent régulièrement pour mieux ajuster leur stratégie et travailler leur argumentaire, lors de grands événements internationaux, et à travers l’organisation pan-européenne Agenda Europe.

[…]

Agissant à la fois au niveau institutionnel, politique, médiatique, dans les écoles et sur le terrain, leurs modes d’action sont pluriels et prennent des formes multiples : vandalisme, campagne de désinformation sur les réseaux sociaux, édition de manuels scolaires, réalisation de documentaires, lobbying politique et entrisme, utilisation des instruments de démocratie participative (pétition, consultations publiques, sondages), etc. L’association Alliance VITA, fondée par Mme Christine Boutin en 1993, illustre bien ce répertoire d’action pluriel déployé au fil des années : service d’écoute en ligne SOS bébé, interventions en milieu scolaire, campagne d’affichage à Paris, tractage, organisation de ses « universités de la vie », etc. En septembre 2016, un « manuel scolaire », outil de propagande anti-IVG de la Fondation Lejeune a été diffusé dans un établissement privé catholique de l’académie de Montpellier : « Près de 9 millions d’avortements ont été pratiqués [en France] depuis 1975. Ce sont 9 millions d’enfants uniques, irremplaçables », peut-on notamment y lire. En mai et juin 2023, à Paris et à Lyon, les vélos en libre-service Vélibs et Vélo’v ont été recouverts d’autocollants contre le droit à l’avortement par le groupuscule anti-IVG Les survivants.

Sur le plan politique et institutionnel, afin de s’attaquer à l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle (EVRAS), le Syndicat de la famille, ainsi que les associations Juristes pour l’enfance et famille et liberté se sont rassemblés en « Union pour une éducation responsable ». Cette union a organisé un colloque au Sénat en février 2024 afin de faire pression sur les décideurs politiques et institutions pour influencer le contenu du nouveau programme d’éducation à la sexualité. Enfin, le collectif Parents vigilants tente lui aussi d’imposer les obsessions de l’extrême droite au sein des établissements scolaires et de s’attaquer à l’EVRAS à travers différents leviers : mobilisation en ligne, organisation d’un colloque au Sénat, menaces et harcèlement à l’encontre d’enseignant·es, participation aux élections de parents d’élèves, mobilisations pour empêcher l’intervention de certaines associations féministes dans les établissements scolaires, lobbying pour couper leurs subventions, etc. […]

Mais leurs discours sont aujourd’hui également repris et diffusés dans les médias traditionnels (Valeurs Actuelles, C8, Cnews, Boulevard Voltaire etc.). En août 2021, le film américain anti-avortement « Unplanned » est diffusé en direct sur la chaîne C8, propriété du milliardaire Vincent Bolloré. En février 2024, la chaîne Cnews diffuse une infographie affirmant que L’IVG est la « première cause de mortalité dans le monde », assimilant l’avortement à un meurtre, lors d’une émission titrée « L’avortement : une blessure de l’âme ? » Une émission où l’on apprend qu’avorter est « contraire à la mission de la femme » et que le principe « tu ne tueras point » doit s’appliquer à la lettre à toutes les femmes.

Ainsi, les élites économiques utilisent leur empire médiatique pour diffuser cette propagande idéologique. Ceci est loin d’être étonnant, quand ces milliardaires, multi-propriétaires de médias, sont parfois directement impliqués dans le financement des mouvements anti-choix, à travers le mécénat et la philanthropie. C’est le cas par exemple du milliardaire conservateur Pierre Edouard Stérin. A travers son fonds de dotation le Fonds du Bien Commun et sa soirée de levée de dons la Nuit du Bien Commun, diffusée sur la chaîne C8, Pierre Edouard Stérin étend son réseau au sein de la philanthropie conservatrice et catholique. Le Fonds du Bien Commun finance par exemple les maisons Familya pour « prévenir les ruptures conjugales » ou SOS Calvaires « pour sauvegarder les calvaires de France », ainsi que d’autres organisations dédiées à « l’éducation intégrale », ou encore à « la croissance humaine et spirituelle ».

C’est bien, nous allons pouvoir parler d’avortement, de sa réalité, de ses conséquences, durant des heures, dans les murs de l’Assemblée, avec une diffusion vidéo gratuite !

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