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L'Eglise : L'Eglise en France

Une communion à géométrie variable

Une communion à géométrie variable

Jean-Pierre Maugendre revient sur l’élection de la nouvelle présidente des Scouts et Guides de France, militante de gauche, LGBT et pro-avortement :

Le grand public a découvert avec un certain étonnement que la nouvelle présidente des Scouts et Guides De France, Marine Rosset, était une élue socialiste, partisane de la défense des « droits des femmes, le droit à avorter », lesbienne assumée et mère d’un petit garçon. Rappelons que l’association des SGDF, qui rassemble 100 000 jeunes, est une œuvre dite d’Eglise qui a pignon sur rue dans toutes les paroisses de France et qui bénéficie donc de subventions directes ou indirectes (mise à disposition de locaux) de la part des paroisses, des diocèses et de la Conférence des Evêques de France (CEF). L’aumônier général le père Xavier de Verchère, un religieux salésien, s’est désolidarisé du résultat de ce vote : « Je ne m’associe pas à ce choix » a-t-il déclaré.

N’est-ce pas un peu court ?

Une étrange paroissienne

En effet, Marine Rosset était depuis 2022 vice-présidente de l’association. C’est donc munie de cette précieuse qualité, qu’elle a pu être candidate aux élections législatives de juin 2024 sous l’étiquette du Nouveau Front Populaire. Dans le silence assourdissant des autorités de tutelle de l’association. Notons, en outre, que cette élection bénéficie du soutien massif de l’institution puisque madame Rosset a obtenu 22 voix des 24 votants. Il ne s’agit pas d’un accident de parcours mais du ralliement massif et public de cette association de jeunesse à l’idéologie woke. En clair, le Conseil d’Administration des SGDF, patronné par les évêques de France, considère qu’il est tout à fait possible et légitime d’être « en même temps » catholique, homosexuelle, favorable à l’avortement, à la PMA et, probablement, à la GPA.

Et la communion dans tout ça ?

Il est curieux d’observer qu’à cette occasion aucune autorité ecclésiastique, à commencer par l’évêque accompagnateur des mouvements scouts à la Conférence des Evêques de France, Mgr Bozo, évêque de Limoges, ne s’est exprimée sur la rupture de communion que semblerait pourtant légitimement constituer ces prises de positions publiques parfaitement hétérodoxes. Serait-on toujours en communion avec l’Eglise en étant partisan de l’avortement et de la PMA, mais en rupture de communion quand on a le malheur d’être attaché aux pédagogies traditionnelles de la foi ? Car les faits sont là : une association dont la direction assume des positions largement hétérodoxes au regard de l’enseignement moral de l’Eglise est toujours réputée catholique avec les avantages sociaux, psychologique et financiers associés à cet état alors que, dans le même temps, vouloir enseigner ou suivre le catéchisme de saint Pie X ou vouloir être baptisé selon le rituel antérieur à la réforme liturgique serait un signe manifeste de « rupture de la communion ». En effet, pendant que les Scouts et Guides de France poursuivent leur descente aux enfers, doctrinale et intellectuelle, sous la paternelle et bienveillante houlette des évêques de France, ceux-ci mènent massivement, hormis quelques exceptions notables, une  forme de harcèlement ecclésiastique continu et systématique contre les prêtres et les fidèles attachés à la tradition liturgique de l’Eglise : interdiction de mariages ou de confirmations avec célébration de la messe traditionnelle, obligations de s’associer aux catéchismes recyclés, remplacement de prêtres Ecclesia Dei par des prêtres diocésains acquis aux méthodes pastorales post conciliaires, etc. Dernier épisode en date : les chiffres officiels des ordinations sacerdotales en France, en 2025, ne prennent pas en compte les prêtres français ordonnés dans des communautés traditionnelles même en situation régulière avec Rome. Incidemment, nous nous permettons de signaler à la direction de la communication de la CEF que traditionaliste ou traditionalisme s’écrit avec un seul « N » même si traditionnel s’écrit avec deux « N ». C’est curieux mais c’est ainsi !

Nous nous en doutions mais maintenant nous le savons : les envolées épiscopales plus ou moins lyriques ou comminatoires sur la communion qui serait plus ou moins pleine, ou vide !  ne sont que des prétextes. D’ailleurs on aurait très prosaïquement envie de dire que la communion c’est comme le mariage : on est ou on n’est pas marié. Point final. On n’est pas plus ou moins pleinement marié… Il en est de même pour la communion. On est ou on n’est pas catholique et donc en communion avec la foi et la hiérarchie de l’Eglise, dans la limite de ses attributions. Point final, terminé. L’appel à la pleine communion se révèle, en réalité, trop souvent être une arme par destination afin de briser les résistances de ceux que n’enthousiasment guère les nouveautés conciliaires et post conciliaires.

Et l’avenir ?

Ayant pris bonne note des réserves du père de Verchère que va-t-il désormais se passer ? A priori rien. Les évêques de France ont depuis longtemps dans leur ADN de ne rien faire qui puisse manifester une opposition, autre que verbale, aux courants dominants du libertarisme contemporain. Comme pour la constitutionnalisation de l’avortement ou le vote de la loi sur le suicide assisté, un communiqué finira par être publié dans lequel nos pasteurs se déclareront « vigilants et inquiets ». Le sel de la terre est devenu le sucre de la planète, verte bien sûr. Très concrètement après négociations discrètes puis admonestations publiques les évêques de France pourraient retirer le label catholique à l’association des SGDF ce qui signifierait : retrait des aumôneries, cessation des annonces dans les lieux de culte, suppression des locaux mis à disposition, arrêt des subventions, etc. Tout cela a bien été pratiqué à l’encontre de tous ceux qui ne souhaitaient que vivre paisiblement leur foi dans la fidélité aux méthodes et aux pratiques qui avaient fait leurs preuves pendant des siècles.

Au fond un des drames majeurs de notre temps n’est-il pas que cela fait bien des siècles que l’Eglise de France n’a pas compté en son sein de saints évêques, du moins reconnus comme tels par l’Eglise et ainsi proposés en modèles à leurs confrères et au peuple fidèle. Sans doute est-il un peu abusif de chercher à récupérer Saint François de Sales (1567-1622) qui était savoyard et évêque de… Genève. On notera cependant l’existence des bienheureux Alain de Solminihac (1593-1659), évêque de Cahors, Pierre-Louis de la Rochefoucauld (1744-1792) évêque de Saintes, martyr et bienheureux, assassiné le 2 septembre à la prison des Carmes, François-Joseph de la Rochefoucauld (1736-1792), évêque de Beauvais, martyr et bienheureux, lui aussi assassiné à la prison des Carmes. C’était il y a bien longtemps ! Le fait est là, incontestable : ces derniers siècles la France a donné à l’Eglise de saints prêtres (le curé d’Ars), de saints religieux (le père de Foucauld) de saintes religieuses (Thérèse de l’Enfant-Jésus), de saints laïcs (les époux Martin). Mais point d’évêques portés sur les autels.

Mon Dieu donnez-nous de saints évêques animés d’un zèle ardent pour votre gloire et le salut des âmes, véritables pasteurs de leurs troupeaux respectifs, et préservez-vous des fonctionnaires ecclésiastiques, simples courroies de transmission de la CEF, imprégnés de l’esprit du monde, à l’esprit dur et au cœur sec !

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