Tribune de Dominique Esterlle :
De même que l’Empire a été construit sur les contreforts de la Terreur, la Constitution de la Vème République l’a été sur le procès intenté systématiquement aux Français qui avaient simplement pris acte de la décision du président Lebrun. J’exclus évidemment le cas d’une collaboration patente avec l’ennemi. Il eût été plus judicieux de comparer ces deux faits que de gloser à satiété sur le pouvoir régalien du Président de la République ! L’occultation de cette similitude, le pouvoir hérité d’une accusation fratricide, mis aux mains d’un général victorieux d’une partie des Français, a entretenu l’idée ancienne d’une fracture entre le pays réel et le pays légal sans que l’on remette jamais en question la consanguinité du bonapartisme et de la Vème République.
Le mythe éculé d’un jeune Bonaparte a ainsi naturellement ressurgi à l’occasion de l’élection d’Emmanuel Macron. C’est même Emmanuel, «Dieu avec nous», sous une forme païenne, qui est régulièrement évoqué par la presse : Jupiter ! Ainsi descendu de l’Olympe, le nouveau président est vraiment le deus ex machina de la Constitution !
Ce spectacle ridicule dont le dramaturge n’est pas seulement François Hollande mais encore toute la clientèle républicaine, passé le premier acte, a jeté dehors plus de la moitié de nos concitoyens électeurs, lassés d’être réduits au rang de spectateurs d’une génération spontanée inédite, la corde socialiste suspendant Emmanuel Macron au dessus de la scène politique ayant été grossièrement dissimulée à leurs yeux éblouis.
C’est dans un théâtre déserté qu’a été joué le deuxième acte de cette farce, le premier tour des élections législatives ! D’une part, la majorité des électeurs outrés a abdiqué son droit à être représentée, d’autre part, le mode de scrutin viole la volonté des électeurs persévérants qui se sont rendus aux urnes en conférant d’avance une majorité écrasante de sièges au parti présidentiel. Qu’ils votent ou qu’ils y renoncent, les Français sont dépouillés de toute représentativité par la représentation d’une fiction, la victoire de la majorité présidentielle.
La Vème République est une dictature électoraliste, conformément à ses origines. Le terrorisme musulman en est, d’ailleurs, le nouveau contrefort.
