Philippe Pelissier a recueilli des témoignages de convertis et de « recommençants », entrés ou revenus dans l’Eglise via la messe latine, montrant ainsi que cette liturgie est non seulement bien vivante, mais aussi missionnaire. Bien des jeunes, venus de l’indifférence ou d’une autre religion, entrent (ou rentrent) dans l’Église grâce à elle et aux prêtres qui la célèbrent. Ce sont des chrétiens adultes qui veulent vivre leur foi au sein de l’Église universelle sans considération pour les querelles qui ont divisé leurs grands-parents.
Nous avons interrogé l’auteur :
D’abord qu’appelez-vous précisément la liturgie latine ?
Ce livre présente les parcours d’une quarantaine de néophytes et de “recommencants ” qui sont entrés dans l’Eglise ou sont revenus à elle grâce à la liturgie traditionnelle. Techniquement, on devrait parler du missel de Saint Jean XXIII ou de 1962 – pour le distinguer du missel promulgué par Saint Paul VI en 1969. Cette liturgie de 1962 étant souvent réduite par le grand public à l’usage du latin, le titre fait allusion à cette identité. Ce titre est certes simplificateur mais on peut espérer qu’il soit bien compris.
Pourquoi la liturgie latine attire-t-elle des néophytes ?
Les motivations sont de deux ordres principaux. Pour certains, on peut parler de démarche émotionnelle, les fidèles ressentant presque physiquement la présence réelle de Notre Seigneur sur l’autel, notamment grâce à la solennité et au silence de la consécration dans le rite traditionnel.
Pour d’autres, le choix repose sur une base plus intellectuelle : les gestes du prêtre et des fidèles leur semblent plus précisément exprimer la doctrine catholique de l’Eucharistie – qui n’a pas été modifiée par les Pères Conciliaires.
J’ajoute deux détails complémentaires : l’esthétique est rarement mentionnée et toujours en second plan. Les néophytes ne vont pas à la messe traditionnelle comme on irait au concert !
En revanche, nombre de personnes interrogées ont estimé être mieux nourries par les sermons et la catéchèse plus précis et plus complets des paroisses ou des communautés attachées à la liturgie traditionnelle.
N’oubliez pas que les fidèles ne sont pas enchaînés à une paroisse ou à une communauté. Les frontières liturgiques sont poreuses et ceux qui optent pour la forme traditionnelle ont presque toujours été assister à la messe “en français ” et souvent continuent de fréquenter ces messes lors de déplacements ou de fêtes de famille. Préférer la liturgie traditionnelle ne signifie pas rejeter automatiquement la liturgie réformée.
La célébration de la messe traditionnelle étant assez disparate selon les diocèses, comment avez-vous recueilli ces témoignages ?
Je n’ai absolument pas travaillé seul mais j’ai pu bénéficier de la bonne volonté d’une paroisse parisienne (Saint Roch où sont célébrées les deux formes de la liturgie romaine) et de deux instituts d’orientation traditionnelle (la fraternité Saint Pierre et la société des missionnaires de la miséricorde divine). Je les remercie vivement de leur coopération – et j’espère que mon travail leur sera utile pour réfléchir à l’accueil des candidats au baptême.
J’ai pu ainsi rencontrer personnellement plusieurs prêtres et quelques fidèles. Les autres témoignages ont été collectés sur la base d’un questionnaire écrit diffusé par cette paroisse et ces deux communautés auprès des néophytes et des recommençants.
Quel est le profil des convertis attirés par la liturgie traditionnelle ? Sont-ils jeunes, âgés, célibataires, de culture chrétienne non baptisés, musulmans … ?
Il n y a pas de profil type mais je note quelques tendances. En premier lieu l’équilibre des deux sexes. En second lieu, un âge plutôt jeune : nous avons affaire à des étudiants ou à des jeunes professionnels. En troisième lieu une majorité de personnes issues de familles déchristianisées dont les grands parents ont pu être catholiques mais dont les parents ont refusé de transmettre la foi.
On trouve aussi quelques convertis d’origine juive ou musulmane mais dont les familles avaient pris leurs distances à l’égard de leur religion.
Dans tous les cas, ce sont des gens qui se sont interrogés sur le sens de leur vie et ont trouvé que le catholicisme, en particulier dans sa version “tradie” apportait la bonne réponse.
Ils savent que certains au sein de la hiérarchie ecclésiastique sont peu favorables à la liturgie traditionnelle. Ils le savent mais ne comprennent pas les motifs d’une telle réserve.
Quoiqu’il en soit, la messe traditionnelle n’est pas un marqueur social ou culturel, c’est une liturgie vivante et attirante.
Ouvrage à commander en ligne sur Les 4 Vérités.