Extrait d’un entretien donné par le cardinal Robert Sarah dans La Nef :
[…] Une société irriguée par la foi, l’Évangile et la loi naturelle est souhaitable. Il revient aux fidèles laïcs de la construire. C’est même leur vocation propre. Ils servent le bien de tous, en bâtissant une cité conforme à la nature humaine et ouverte à la Révélation. Mais le but profond de l’Église n’est pas de construire un modèle social particulier. L’Église a reçu le mandat d’annoncer le salut qui est une réalité surnaturelle. Une société juste dispose les âmes à recevoir le don de Dieu. Elle ne saurait causer le salut. Inversement peut-il y avoir une société juste et conforme à la loi naturelle sans le don de la grâce dans les âmes ?
Il y a urgence à annoncer le cœur de notre foi : seul Jésus nous sauve du péché. Toutefois, il faut souligner que l’évangélisation n’est complète que lorsqu’elle atteint les structures de la société. Une société inspirée de l’Évangile protège les plus faibles contre les conséquences du péché. Inversement une société coupée de Dieu devient vite une structure de péché. Elle encourage au mal. C’est pourquoi on peut dire qu’il ne saurait y avoir de société juste sans une place pour Dieu dans le domaine public. Un État qui proclame l’athéisme est un état injuste. Un État qui renvoie Dieu au domaine privé est un État qui se coupe de la source réelle du droit et de la justice. Un État qui prétend fonder le droit uniquement sur son bon vouloir, qui ne cherche pas à fonder la loi sur un ordre objectif reçu du Créateur, risque de sombrer dans le totalitarisme. […]
Dans un ouvrage qui a fait grand bruit, Sodoma, l’auteur explique que les prélats homosexuels sont très nombreux au Vatican, donnant par là raison à Mgr Vigano qui dénonçait l’influence d’un puissant réseau gay au sein de la Curie : qu’en pensez-vous ? Y a-t-il un problème homosexuel au sein de l’Église et, si oui, pourquoi est-il si tabou ?
L’Église vit aujourd’hui avec le Christ les outrages de la Passion. Les péchés de quelques-uns lui sont renvoyés comme des crachats au visage. Certains cherchent à instrumentaliser ces péchés pour faire pression sur les évêques. On voudrait qu’ils adoptent les jugements et le langage du monde. Certains évêques s’y sont résolus. On les voit réclamer l’abandon du célibat sacerdotal ou tenir des propos douteux sur les actes homosexuels. Comment s’en étonner ? Les Apôtres eux-mêmes se sont enfuis du jardin des Oliviers. Ils ont abandonné le Christ au moment le plus difficile.
Je crois qu’il nous faut être réalistes et concrets. Oui, il y a des pécheurs. Oui, il existe des prêtres, des évêques et même des cardinaux infidèles qui manquent à la chasteté mais aussi, et c’est tout aussi grave, à la vérité de la doctrine !
Le péché ne doit pas nous surprendre. En revanche, il faut avoir le courage de l’appeler par son nom. Nous devons avoir le courage de retrouver les voies du combat spirituel : la prière, la pénitence et le jeûne. Nous devons avoir la lucidité de punir les infidélités. Nous devons trouver les moyens concrets de les prévenir. Je crois que sans une vie de prière commune, sans un minimum de vie fraternelle et commune entre prêtres, la fidélité est une illusion. Nous devons nous tourner vers le modèle des Actes des Apôtres. Pour ce qui regarde les comportements homosexuels, ne tombons pas dans le piège des manipulateurs. Il n’y a pas dans l’Église un « problème homosexuel ». Il y a un problème de péchés et d’infidélité. Ne nous laissons pas imposer le vocabulaire de l’idéologie LGBT. L’homosexualité ne définit pas l’identité des personnes. Elle qualifie des actes déviants et peccamineux. Pour ces actes, comme pour les autres péchés, les remèdes sont connus. Il s’agit de retourner au Christ, de le laisser nous convertir. Quand la faute est publique, le droit pénal de l’Église doit s’appliquer. Punir est une miséricorde. La peine répare le bien commun blessé et permet au coupable de se racheter. La punition fait partie du rôle paternel des évêques. Enfin, nous devons avoir le courage d’appliquer avec clarté les normes concernant l’accueil des séminaristes. On ne peut recevoir comme candidats au sacerdoce des personnes ayant une psychologie ancrée durablement et profondément dans l’homosexualité.