Il ne s'agit pas de la France, mais du Nigéria, où Mgr Charles Hammawa, évêque du diocèse de Jalingo, a exprimé ses inquiétudes à l'AED :
"Boko Haram semble être en recul et leurs attaques sont en régression. Cependant, vous évoquez une autre manifestation d’extrémisme islamique avec des agressions émanant de gardiens de troupeaux peuls à l’encontre de paysans chrétiens ?
C’est ce que je crains : que le djihad ne soit en train de s’engager dans une nouvelle voie. Dans le passé, les choses finissaient par se calmer lorsqu’il y avait des différends entre les gardiens de troupeaux et les paysans. Aujourd’hui, j’observe des cas de gardiens qui ne se contentent pas de laisser paître leur bétail, mais qui s’emparent des terres, tandis que des musulmans venus du Nord viennent s’y installer. Il s’agit apparemment d’une stratégie délibérée pour peupler de musulmans certaines parties du pays et pour peser, du simple fait de la supériorité en nombre, sur les décisions politiques dans la région. Ce n’est pas la violence extrême de Boko Haram, mais une autre manière de s’approprier le Nigeria au profit de l’islam. Cette crise dure depuis trois ans dans notre région. Il est également étrange que les gardiens de troupeaux aient accès à des armes sophistiquées. Il semblerait que les attaques des Peuls, qui ont fait nombre de morts, qui ont détruit bien des communautés et qui ont chassé des milliers de personnes, soient financées.
Les musulmans et les chrétiens sont-ils en compétition ?
Ces deux religions aspirent à trouver de nouveaux adeptes. La différence réside dans leur approche respective. Le christianisme recourt à la persuasion à travers le prêche. Pour l’islam, il peut s’agir d’une sorte de contrainte – l’idée étant que si vous voulez accéder à quelque place que ce soit au sein du gouvernement local, vous devez nécessairement être musulman. À titre d’exemple, le bureau des chefs traditionnels se présente comme un bureau d’obédience purement musulmane, ce qui incite certains chrétiens éligibles à se convertir à l’islam. […]
Vos prêtres et vous-même abordez-vous le sujet dans vos sermons ?
Nous prêchons la paix et la réconciliation. Nous demandons aux chrétiens de ne pas riposter : nous les encourageons tout au plus à assurer leur propre défense ; mais nous ne pouvons pas leur dire de partir au combat, cela irait à l’encontre de l’esprit de l’Évangile. La crainte des persécutions est vive, et bel et bien là, chez les chrétiens ; cela amène certains d’entre eux à faire des compromis ou à cacher leur foi. Ceux qui restent déterminés méritent tout notre soutien."