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Histoire du christianisme / L'Eglise : Le Vatican

Une vision terrifiante et l’origine d’une prière

Une vision terrifiante et l’origine d’une prière

D’Aurelio Porfiri, éditeur et écrivain catholique italien, pour le Salon beige:

Le 13 octobre 1884, le pape Léon XIII venait de conclure la messe. Alors qu’il s’entretenait avec quelques cardinaux sur certaines questions urgentes pour l’Église, alors qu’il se trouvait encore près de l’autel, il eut une vision mystique. Ceux qui étaient proches de lui le virent pâlir. Après la vision, il confessa à ses collaborateurs avoir eu une vision terrifiante. Qu’avait-il vu ?
« J’ai vu des démons et entendu leurs chuchotements, leurs blasphèmes, leurs dénigrements. J’ai entendu la voix effrayante de Satan défier Dieu, disant qu’il pouvait détruire l’Église et amener le monde entier en enfer s’il lui donnait assez de temps et de pouvoir. Satan a demandé à Dieu la permission d’avoir 100 ans pour influencer le monde comme il n’avait jamais pu le faire auparavant » (source Aleteia).
Après cette vision, qui impliquait aussi la ville de Rome, le pape se retira dans son bureau pour écrire une prière. Il demanda que cette prière soit récitée à la fin de la messe dans le cadre des « prières léonines ». Le texte de cette prière est le suivant :
« Sancte Míchæl Archángele, defénde nos in prælio, contra nequítiam et insídias diáboli esto præsídium. Imperet illi Deus, súpplices deprecámur: tuque, Prínceps militiæ cœléstis, Sátanam aliósque spíritus malígnos, qui ad perditiónem animárum pervagántur in mundo, divina virtúte, in inférnum detrúde. »
Et voici la traduction :
« Saint Michel Archange, défendez-nous dans le combat ; soyez notre protection contre les pièges et la perfidie du démon. Que Dieu lui commande, nous vous le demandons en suppliant : et vous, Prince de la milice céleste, par la puissance divine, repoussez en enfer Satan et les autres esprits mauvais qui rôdent dans le monde pour la perte des âmes. »
Après la résolution du conflit entre l’Italie et le Vatican en 1929 avec les « accords du Latran », Pie XI demanda que la prière continue à être récitée, mais avec l’intention pour la conversion de la Russie. La prière sera supprimée à la suite de la réforme liturgique après le Concile Vatican II. Cette disposition fut donnée dans l’instruction Inter Oecumenici du 26 septembre 1964 (presque 80 ans après la vision de Léon XIII), avec une simple phrase disant : « les prières léonines sont supprimées ». Ainsi, pour la grande majorité des catholiques, il n’est plus obligatoire d’invoquer saint Michel Archange avec cette prière. Léon XIII composa aussi un exorcisme dans lequel figurait ce passage :
« Des ennemis très habiles ont mis leurs mains impies sur tout ce que l’Église, épouse de l’Agneau immolé, a de plus précieux et l’ont saturée d’amertume. Là où fut établie la Chaise du bienheureux Pierre et le Siège de la Vérité pour la lumière des nations, ils ont placé le trône de l’abomination, de leur impiété ; de sorte qu’en frappant le pasteur, ils puissent disperser le troupeau. Sois donc présent, saint Michel Archange, chef invincible auprès du peuple de Dieu, contre les assauts des forces spirituelles du mal et donne-leur la victoire ! C’est toi que la Sainte Église vénère comme son gardien et son maître. Toi que l’Église se glorifie d’avoir comme défenseur contre les puissances criminelles de la terre et de l’enfer. »
Il n’est pas illogique que le démon attaque précisément là où se trouve le cœur de la chrétienté, qui n’est certainement pas seulement le Vatican, mais tout Rome. Quelle douleur nous causent nos manquements, mais aussi ceux du clergé — le cléricalisme, le carriérisme, les abus. Voilà pourquoi, peut-être, il faudrait recommencer à réciter la prière de Léon XIII dans la liturgie et en dehors. D’ailleurs, les récents papes ont montré beaucoup de considération pour cette prière.
Saint Jean-Paul II, dans le Regina Coeli du 24 avril 1994, déclara :
« Que la prière nous fortifie pour ce combat spirituel dont parle la Lettre aux Éphésiens : “Puisez votre force dans le Seigneur et dans sa grande puissance” (Éph 6, 10). C’est à ce même combat que fait référence le Livre de l’Apocalypse, en mettant devant nos yeux l’image de saint Michel Archange (cf. Ap 12, 7). Le pape Léon XIII avait sûrement cette scène à l’esprit, quand, à la fin du siècle dernier, il introduisit dans toute l’Église une prière spéciale à saint Michel : Saint Michel Archange, défends-nous dans la bataille contre les maux et les pièges du malin ; sois notre rempart…’. Même si aujourd’hui cette prière n’est plus récitée à la fin de la célébration eucharistique, j’invite tous à ne pas l’oublier, mais à la réciter pour obtenir d’être aidés dans le combat contre les forces des ténèbres et contre l’esprit de ce monde. »
Le pape François, en 2018, invita également les fidèles à réciter cette prière, conjointement avec le Sub Tuum Praesidium, à la fin du rosaire, pour implorer la protection sur l’Église.
Une église qui m’est très chère, ainsi qu’à ma famille, est celle des Santi Quaranta Martiri e San Pasquale Baylon, au cœur de Trastevere, un quartier populaire de Rome, reconstruite en 1744 par les religieux mineurs déchaussés de la réforme de saint Pierre d’Alcantara (religieux qui en ont toujours la charge), comme nous l’indique Mariano Vasi Romano dans son Itinerario istruttivo di Roma o sia Descrizione generale delle opere più insigni di pittura, scultura e architettura e di tutti i monumenti antichi, e moderni di quest’alma citta, e parte delle sue adiacenze de 1794. Or, dans cette petite église, il y a plusieurs choses à noter, mais l’une sur laquelle je m’attarde souvent est une peinture de Luigi Tussi, également mentionnée dans le livre susmentionné, un peintre génois qui fut actif dans cette église avec d’autres œuvres. Pourquoi cette œuvre m’a-t-elle frappé ? En réalité, c’est pour un détail particulier. Il y a la Vierge avec les mains jointes et à ses pieds, un ange qui perce le serpent infernal avec une lance, tandis que la Vierge semble le maintenir avec son pied pour aider l’ange dans son opération. Certes, on pourrait aussi dire que la Vierge l’écrase directement, mais j’ai toujours aimé l’image d’elle aidant l’ange à combattre le mal. Je crois que le message dans ce cas serait le suivant : aide-toi, et Dieu t’aidera (et la Vierge aussi). C’est-à-dire que, pour coopérer à notre bien, l’aide céleste est certainement fondamentale, mais notre action active et efficace ne l’est pas moins. Dans le mot « contemplation » est inclus le mot « action ». Contempler est en tout cas une actio, quelque chose que nous mettons en œuvre, de la même manière que pour chaque opération de notre vie, nous devons coopérer activement à notre sanctification. Nous savons que nous chuterons maintes et maintes fois, que la volonté ne parvient pas à enrayer certaines erreurs, augmentant nos misères. Alors, rappelons-nous de la Vierge dans cette peinture dont je parle, qui, avec les mains jointes, et donc en prière, n’arrête jamais d’intercéder, et d’agir, pour nous.

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