En Floride, l’Université Ave Maria prend forme. La première rentrée avait accueilli 101 étudiants, la deuxième 305, cette année, il y en a 450. Le but est d’arriver à 6000 étudiants en 2012. Le père Joseph Fessio, ancien élève du professeur Ratzinger, est devenu l’administrateur de l’université suite à la demande qui en avait été faite par le futur Benoît XVI au supérieur général des jésuites. Autour de ce pôle, se construit une ville entière avec 11000 logements. Le magnétisme est puissant.
Le campus s’étendra sur 300 hectares sur lesquels il y aura la bibliothèque Donum Dei, à laquelle le plus grand vendeur mondial de livres de théologie, Thomas Loome, a déjà fourni 175000 ouvrages ; le bâtiment Albertus Magnus dédié à la science et à la théologie ; le centre pour les Arts ; les dortoirs non mixtes, etc. Au centre trônera un parvis orné d’un gigantesque crucifix et une église pouvant contenir 3500 fidèles.
Les cardinaux Pell (archévêque de Sydney), Schönborn (Vienne), Arinze (Congrégation pour le culte divin) et Stafford composent un éminent quatuor de conseillers. Trois ordres de religieuses seront présents sur le campus ainsi que de futurs séminaristes (une bourse à la mémoire de la récente martyre Terri Schiavo leur est réservée). Office divin, angélus et rosaire rythment les journées. La messe est célébrée deux fois par jour, dont 3 fois par semaine en latin, dont l’étude est d’ailleurs obligatoire. Au Moyen-Age, la Sorbonne avait suscité une authentique élite catholique…
Michel Janva (source : L’Homme Nouveau)
Marie
Nous ne pouvons certes que nous réjouir de la naissance d’une nouvelle université catholique, mais que signifient ces mots “messe en latin”?
Oh, sans doute, une messe Paul VI en latin, pourvu qu’elle soit dignement célébrée, est sans doute un peu moins vide qu’une messe Paul VI tout court, mais qu’on ne nous fasse pas croire que ce qui ne serait qu’un saupoudrage esthétique suffirait à redonner de la consistance à la liturgie…
Et puis, je suis quelque peu étonnée de voir attribué à Terri Schiavo le titre de “martyre”, ce qui, quelle que soit l’immense sympathie que l’on a pour cette jeune femme, et quoi que l’on pense des circonstances si éprouvantes de sa mort, me paraît doctrinalement un peu léger…
Toute mort, quelque sainte, éprouvante ou même scandaleuse qu’elle soit ne devient pas pour autant un martyre, qui est par définition une mort subie en haine de la Foi et de l’Eglise (cf. le procès verbal de la condamnation des Carmélites de Compiègne, où elles obtinrent de le faire préciser!!!).
Je suis par ailleurs quelque peu étonnée de voir la fascination que semble exercer sur les catholiques français “conservateurs” ce que l’on pourrait appeler “the American catholic way of life”, dont le tonus, certes, nous fait envie, mais qui, sans préjuger bien entendu de la valeur souvent exemplaire de tant de catholiques américains, semble n’avoir jamais connu l’équilibre de nos traditions…
Quant on sait en outre combien parler “tradition” reste passablement tabou chez nous (même si la chape de plomb s’est quelque peu allégée depuis l’accession au Souverain Pontificat de Benoît XVI), on est porté à ne pouvoir se défendre de voir dans la puissance de cet attrait la compensation d’une frustration face à l’antique nourriture restée inaccessible – ou psychologiquement “défendue”… pour un nombre de plus en plus impressionant de jeunes qui du fond de leur époque vide de sens en ressentent viscéralement la privation…, nourriture qui reste néanmoins absolument nécessaire à la vie de la Foi!
Michel Janva
Où ai-je écrit ‘messe en latin’ ? J’ai écrit : “La messe est célébrée deux fois par jour, dont 3 fois par semaine en latin”. Le latin étant la langue de l’Eglise. Point.
Terri Schiavo est une martyre. Pas (encore ?) de l’Eglise mais il n’empêche qu’elle a été assassinée de façon ignoble.
Quant au “the American catholic way of life”, comme vous dîtes, il s’agit d’une université aux Etats-Unis mais non pas américano-américaine, voire ‘conservatrice’. Elle est tout simplement catholique, donc universelle. Ouverte aux étudiants de tous pays et les 4 cardinaux dont l’origine est hétéroclite le montrent.
La Sorbonne était et est toujours française mais au Moyen-Age elle a accuellit l’élite de toute la chrétienté. Il ferait bon s’en souvenir.
Quant à l'”équilibre de nos traditions”, j’ignore complètement de quoi vous voulez parler. Je crois que les universités françaises n’ont rien de vraiment équilibrées…
MJ
Marie
Mais Michel, excusez-moi, mais quelle différence faites-vous entre “messe en latin” et “messe célébrée en latin”???
Il n’y a vraiment aucune volonté polémique de ma part, mais je suis étonnée de vous voir réagir d’une manière qu’à mon corps défendant… je suis bien obligée de trouver irrationnelle…!
Par ailleurs, votre définition du martyre encore une fois n’en est pas une, et je suis étonnée de vous voir donner dans un jugement d’ordre sentimental qui n’a rien à voir avec un jugement d’ordre doctrinal: il ne suffit pas à un chrétien, quelque saint qu’il soit, de mourir dans des conditions particulièrement douloureuses et du fait de la méchanceté d’autrui pour être “martyre”, ce qui doctrinalement correspond à une définition très précise (je vous renvoie encore à mon allusion aux Carmélites de Compiègnes, qui connaissant pertinemment ce point ont expressément demandé que soit précisé dans leur condamnation que c’était en haine de l’Eglise et de la Foi qu’elles étaient mises à mort).
Je suis désolée de me permettre d’insister sur ce point, mais aussi bien doctrinalement que philosophiquement, un tel raisonnement où sont si souvent mélangés, chez les meilleurs de nos catholiques, le plan naturel et le plan surnaturel, ne tient la route ni théologiquement ni philosophiquement!
Et cette invasion du sentiment au détriment de la raison nous mène tout droit à une approche protestisante de la Foi (approche si sensible aux Etats-Unis où par ailleurs tant de protestants sont très conservateurs, mais on voit entre autres ce que cela donne par exemple au niveau politique: nous sommes aux antipodes des traditions authentiquement chrétiennes! Je regrette, mais sans tomber dans l’exagération malhonnête des médias de gauche, la religion de Bush n’est pas la nôtre, et ses principes ne sont pas les nôtres, quelques réelles que soient ses qualités éventuelles par ailleurs!).
Quant à ce que je voulais dire dans mon post précédent par “l’équilibre de nos traditions”, ce n’est bien évidemment pas à l’université française que je songeais, mais plutôt à l’approche générale de la foi, particulièrement à travers la liturgie, la vie sacramentelle et la formation doctrinale… avant ce que l’on est convenu d’appeler la crise de l’Eglise.
Carthage
Marie, l’utilisation de guillemets pour une citation doit suivre une règle stricte : le respect absolu de ce qui est cité. Merci.
Marie
A strictement parler, Carthage, vous avez raison, mais enfin bon, ne tombons pas dans l’exagération… surtout quand les mots cités peuvent se vérifier quelques lignes au-dessus, et que les lecteurs viennent de les parcourir (et je vous ferais remarquer que je ne me suis pas permis de chercher querelle syntaxique à Michel Janva sur son utilisation de “messe […]célébrée […] en latin” – cela vous va-t-il?! – pour “messe Paul VI en latin” ou “messe tridentine” mais seulement de lui demander de bien vouloir nous préciser ce qu’il entendait par ces mots bien évidemment légitimes… mais susceptibles actuellement de porter à confusion)!
J’en profite pour ajouter ou redire qu’il n’y avait aucune intention polémique vis-à-vis de cette nouvelle université dans mes interventions, loin de là, mais qu’il me semblait seulement que cela pouvait nous être l’occasion d’élargir quelque peu notre réflexion…
Si une maladresse de ma part a pu ouvrir la porte à une erreur d’interprétation, je prie les lecteurs de bien vouloir m’en excuser,
mais à vrai dire, je m’étonne de voir la gêne que semblent introduire des paroles qui n’ont pourtant rien d’incendiaires…(!)
Il me semblait que Le Salon Beige était un espace de réflexion libre et respectueux, me serais-je trompée?
Allez Carthage, je vous laisse, vous et ce sujet sur cette boutade!
David
Chère Marie,
Je réponds sur un seul point : il est extrêmement choquant pour un catholique de lire qu’une messe de Paul VI serait (plus ou moins, peu importe) vide !!!
Une messe est une messe, le Très Saint Sacrifice de Notre-Seigneur. Elle peut être mal célébrée, auquel cas il y a manque de respect des célébrants envers la réalité de cette messe, mais elle n’est jamais (et même pas plus ou moins) vide. Au contraire, elle est d’une densité infinie, dont jamais nous ne seront dignes.
Et, je vous rappelle, “si quelqu’un dit, que les Cérémonies, les Ornemens, & les Signes extérieurs dont use l’Eglise Catholique, dans la célébration de la Messe, sont plûtost des choses qui portent à l’impiété, que des devoirs de piété, & de dévotion : Qu’il soit Anathême.” (concile de Trente) Accuser le rite de Paul VI de vacuité même relative me paraît ressortir de cet anathème.
Ceci dit fraternellement, bien sûr.
Eugène
A Michel Janva et à Marie:
permettez-moi de revenir sur la définition du martyre. Le martyre n’est pas directement une mort victime de la haine contre la Foi chrétienne ou contre l’Eglise; le martyre n’est pas non plus causé directement par le caractère affreux de la mise à mort.
Que la mort de martyrs ait eu ces caractéristiques, bien sûr, mais le martyre c’est avant tout un homme ou une femme qui témoigne du Christ, témoignage qui lui vaut d’être tué. Le martyre c’est le témoignage jusqu’à mourir pour Dieu. En l’espèce, Terri Schiavo ne peut être morte en martyre que si elle a témoigné de sa foi et qu’on l’a tuée à cause de ça. En l’espèce, elle ne serait donc martyre que de façon indirecte puisque son cas a servi à défendre la voie de la Vie. Indirectement seulement.
A David:
Ce matin, c’était le jour des communions privées dans ma paroisse. Je n’ai pas de moyen de locomotion, alors je n’ai pas “choisi” la liturgie. A priori, les paroles de la consécration ont sans doute été valides, même si le curé les a dites en chantant; mais hormis la validité du sacrement, et la vérité des lectures choisies dans les Saintes Ecritures, tout le reste était vide. En premier lieu le sermon où le curé se comparait à Zidane (footballeur) et qu’il demandait aux jeunes communiants d’être ses supporters à lui, car ça lui fait plaisir quand l’église est pleine de monde. Valide mais non licite, nous sommes d’accord. Seulement, je vous pose la question: quelle conséquence sur les jeunes communiants qui ne connaissent rien d’autre que cette liturgie yéyé? L’exemple de leurs grands frères est révélateur: une heure à plaisanter, la pâte à mâcher dans la bouche, le casque de musique sur les oreilles, et la petite virée pour aller chercher l’hostie. Et ils ne sont pas responsables. Je pense que c’est ce que Marie désigne par cette vacuité.
Anonyme
Je reprends donc ce post:
– Au début:
– Un beau projet d’université catholique aux Etats Unis en pleine croissance
– Rien de similaire en France
– Au milieu:
– Un bon blog francais reprends l’info qui pourrait etre un exemple ou du moins une inspiration pour notre situation actuelle catastrophique
– Les premiers francais répondent: “oui mais la messe elle est en latin dans quel rite ?” “oui mais vous voyez les ricains ils sont conservateurs et carrés mais pas completement dans la tradition comme nous quand meme” suivent “oui mais vous comprennez vous avez pas mit les guillements a l endroit opportuin dans votre commentaire…” etc etc
– A la fin
– Une université catholique américaine bien tenue et en pleine croissance
– Un exemple ou du moins une bonne idée moderne a acculturer etc etc
– Un bon blog qui a fait passer l’info au dela des frontières
– Des gaulois drapés dans leurs certitudes qui se battent dans la boue
– Toujours rien en France
Ca me donne un bon coup de spleen tout ca
Aller, bonne nuit,
Max le fou
Paul Le Silve
Completement d’accord avec Max le Fou!
Evitons ce genre de dialogues stériles (“Toi t’es plutot P6 latin ou PV lyonnais??”), imbibé d’anti-americanisme primaire (Merci Marie)… Soyons des aigles francais et non des coq gaulois de basse-cour…
Luc
Reconnaîssez au moins aux interlocuteurs précédents qu’ils occupent “savamment” leur dimanche !…..Avec des messages aussi longs ,ils doivent sacrémment s’e……. le week end……;-))
iu
Excellent et prodigieux !!
Si j’ai bien compris, ces Américains sont en train de faire ce que les Ouest-Européens firent au Moyen-Âge, pendant que Byzance s’effondrait dans ses petites querelles.
Qui sait, peut-être que les Français des Croisades, des Cathédrales et des Ordres Hospitaliers, sont déjà partis aux USA il y a quelques générations.
Pendant que nous y sommes, Mardi 30 mai à Paris :
http://cccsp.free.fr/programme.htm
Mardi 30 mai à 20h – participation aux frais: 5€
“Constantinople dans le choc des civilisations : 10 siècles
d’histoire” – par Jean Castrillo – l’auteur dédicacera son livre : “Constantinople, la perle du Bosphore” Editions de l’Harmattan
12 rue Saint Joseph
75002 Paris
Métro : Bourse, Bonne-Nouvelle, Grands Boulevards ou Sentier
Bus: 20, 39, 48, 67, 74, 85
Parking Bourse (payant)
Tèl. 01.40.26.41.78
Demets
Universite catholique, donc universelle, peut etre, mais qui en tout cas n’admet pas en son sein tout les rits de l’Eglise Catholique.
Pour la petite histoire, on m’a refuse la possibilite d’y celebrer la messe dans le rit tridentin. Les moyens de pression exerces a mon encontre pour que je celebre dans le nouveau rit ( on m’aurait surement deploye le tapis rouge si je l’avais fait )etaient vraiment indignes.
Ceci dit l’idee d’une universite catholique en elle meme est bonne.
Abbe Demets, fssp
Mableton GA