D’Esther Louis pour Le Salon beige :
Tiré de A.L., courrier des lecteurs de Science & Foi n°138, avec l’aimable autorisation de l’auteur et de la rédaction.
Un article publié récemment par le Charlotte Lozier Institute (Prentice, 2021) fait le point sur l’utilisation de lignées cellulaires issues de fœtus avortés (Figure 1) dans le cadre de l’élaboration des vaccins contre la Covid-19.
Figure 1 : Obtention de lignées cellulaires à partir d’un fœtus avorté. Ici il s’agit de lignées cellulaires issues du rein de ce fœtus. Reproduction d’une image publiée sur un rapport « Fact sheet : COVID vaccines and Fetal cell lines » du Charlotte Lozier Institute.
De telles lignées cellulaires peuvent, rappelle cet article, être utilisées à trois étapes clés de l’élaboration des vaccins :
- L’étape Design & Développement : conceptualisation, expériences préparatoires, spécification du vaccin.
- L’étape Production : industrialisation et fabrication des vaccins.
- L’étape Tests de confirmation du produit en laboratoire : tests d’analyse de la qualité, des acides nucléiques ou séquences protéiques, de réaction des anticorps, sur le produit fini.
Le Tableau 1 est un résumé du tableau publié par le Charlotte Lozier Institute (Prentice, 2021), concernant l’utilisation de ce type de lignées cellulaires dans les différentes étapes d’élaboration des 6 vaccins commandés par l’Union Européenne (European Commission Decision, 15/12/2020). Le vaccin Spoutnik 5 du Gamaleya Research Institute a été ajouté également à cette liste. Le signe « x » indique l’utilisation de lignées cellulaires issues de fœtus avortés à l’étape désignée (pour les tests de confirmation en laboratoires sur produits finis, cela implique qu’au moins certains tests ont été menés sur de telles lignées cellulaires). Le signe « v » indique qu’il n’y a pas eu utilisation de lignées cellulaires de fœtus avortés. Le signe « ? » indique une absence de données fiables ou publiées sur la question. Lorsque cela était possible, les sources bibliographiques ont été indiquées. Les sources de certaines données publiées par le Charlotte Lozier Institute n’ont pas été retrouvées.
Vaccin | Design & Développement | Production | Tests de confirmation | Sources |
AstraZeneca | X
(HEK 293) |
X
(HEK 293) |
X
|
Van Doremalen et al. (2020) |
Sanofi Pasteur & Glaxosmithkline Biologicals | V | V
(Cellules d’insectes Sf9) |
? | – |
Janssen Pharmaceutica | X
(PER.C6) |
X
(PER.C6) |
X
|
Tostanoski et al. (2020)
Mercado et al.(2020) |
Pfizer & BioNTech Manufacturing | V
(Séquence définie par ordinateur) |
V
(Pas d’utilisation de cellules) |
X
(Tests protéiques et pseudovirus sur HEK 293) |
Vogel et al.(2020) |
CureVac | V
(Séquence définie par ordinateur) |
V
(Pas d’utilisation de cellules) |
V
(Test protéiques lysats de réticulocytes, lignée cellulaire humaine HeLa) |
Rauch et al.(2020) |
Moderna Switzerland | V
(Séquence définie par ordinateur) |
V
(Pas d’utilisation de cellules)
|
X
(Tests protéiques et pseudovirus sur HEK 293) |
Corbett et al.(2020) |
Gamaleya Research Institute
(Spoutnik 5) |
X
(HEK 293) |
X
(HEK 293) |
X | – |
Tableau 1 : Utilisation de lignées cellulaires issues de fœtus avortés lors de l’élaboration des 6 vaccins commandés par L’Union Européenne. Données issues de l’étude de Prentice (2021).
Il est donc clair, d’après ce tableau, que sur les six vaccins commandés par l’Union Européenne, quatre d’entre eux utilisent des lignées cellulaires issues de fœtus avortés dans au moins une des phases de l’élaboration du vaccin. C’est également le cas du vaccin russe Spoutnik 5. Pour le vaccin Sanofi/GSK, certaines données sont manquantes et il n’est donc pas possible de conclure ou non sur l’utilisation de telles lignées cellulaires. Le vaccin CureVac n’utilise à aucune étape des lignées cellulaires issues de fœtus avortés. Il utilise en revanche des lignées cellulaires développées à partir d’un prélèvement de métastase d’une patiente adulte atteinte d’un cancer du col de l’utérus. Tout comme les vaccins Moderna et Pfizer, le vaccin CureVac est un vaccin à ARN. Cette nouvelle technologie est utilisée pour la première fois chez l’homme.
Bibliographie
A.L., Courrier des lecteurs paru dans Science & Foi, n°138, Janvier 2021.
Charlotte Lozier Institute, « Fact Sheet: COVID Vaccines & Fetal Cell Lines », téléchargé 24/01/2021.
Corbett et al., « SARS-CoV-2 mRNA vaccine design enabled by prototype pathogen preparedness », Nature, Volume 586, Pages 567–571, 05/08/2020.
European Commission, « COMMISSION DECISION of 15.12.2020 on implementing Advance Purchase Agreements on COVID-19 vaccines », Brussels, C(2020) 9309 final, 15/12/2020.
Mercado et al., « Single-shot Ad26 vaccine protects against SARS-CoV-2 in rhesus macaques », Nature, Volume 586, Pages 583–588, 2020.
Prentice, D., « Update: COVID-19 Vaccine Candidates and Abortion-Derived Cell Lines », updated 04/01/2021.
Prentice, D., Sander Lee, T., « A Visual Aid to Viral Infection and Vaccine Production », Charlotte Lozier Institute, 15/06/2020.
Rauch et al., « mRNA based SARS-CoV-2 vaccine candidate CVnCoV induces high levels of virus neutralizing antibodies and mediates protection in rodents », bioRχiv, 23/10/2020.
Tostanoski et al., « Ad26 vaccine protects against SARS-CoV-2 severe clinical disease in hamsters », Nature Medicine, Volume 26, Pages 1694–1700, 2020.
Van Doremalen et al., « ChAdOx1 nCoV-19 vaccine prevents SARS-CoV-2 pneumonia in rhesus macaques », Nature, Volume 586, Pages 578–582, 30/07/2020.
Vogel et al., « A prefusion SARS-CoV-2 spike RNA vaccine is highly immunogenic and 2 prevents lung infection in non-human primates », bioRχiv, 08/09/2020.