Extrait d'une entretien de Philippe Maxence dans Direct Matin :
"Le 19 mars s’est imposé au calendrier pontifical d’autant plus
facilement que l’Église célèbre ce jour-là la fête de saint Joseph,
époux de la Vierge Marie mais aussi protecteur de l’Église. Plutôt que
de hasard, les catholiques préféreront parler de « providence » puisque cette messe d’intronisation, qui marque le début réel du pontificat,
aura lieu le jour où l’Église honore son protecteur, l’humble (lui
aussi) et silencieux Joseph, qui apparaît peu dans les Évangiles et qui
est considéré comme le modèle des priants et des religieux. Et comme par
hasard, le nouveau pape est un religieux. […]Donc saint Joseph va aussi marquer son pontificat ?
Très certainement ! Mais peut-être à sa manière : discrète. Disons
plus, il l’a déjà marqué par le choix de cette date. […]Le Pape François 1er a maintenu l’ancienne équipe de son
prédécesseur à la tête des dicastères de la curie romaine. On continue
comme avant, alors ?Saint Thomas d’Aquin dit que la vertu propre du gouvernant n’est pas
la sainteté, la force ou l’intelligence, mais la prudence. Le pape a
décidé de prendre son temps et de réfléchir. Il ne va pas continuer
comme avant – il a déjà montré l’originalité de sa personnalité – mais
il entend visiblement réformer en profondeur. Il veut connaître les
dossiers avant de trancher.Mais va-t-on vers une rupture avec l’héritage de Benoît XVI ?
Tout dépend ce qu’on appelle rupture. Il y a déjà eu effectivement
une rupture de style et de comportement. Sous le feu de l’événement, on
parle, par exemple, de la simplicité du nouveau pontife. Mais Benoît XVI
était simple aussi, très humble (pour l’avoir rencontré à plusieurs
reprises, je peux en témoigner), mais d’une simplicité plus discrète,
effacé même. François 1er a, si l’on peut dire, une simplicité plus
parlante, plus ostentatoire, plus visible et donc plus médiatique.
Là où Benoît XVI était simple au point de faire disparaître sa personne
sous la fonction, François 1er n’a pas encore pris toute la dimension
de la fonction pontificale – et on le comprend, c’est une telle charge.
En poussant un peu les choses, je dirais que sa personne prend, pour
l’instant, le dessus sur la fonction.Mais doit-on s’attendre à une rupture sur le fond ?
L’Église repose davantage sur la continuité que sur les
bouleversements. En revanche, elle agit à travers des accentuations
différentes selon les papes et les époques, des mises en évidence de tel
ou tel aspect du message chrétien plutôt que d’autres. Mais votre
question est pertinente dans la mesure où l’on peut se demander si en
choisissant en 2013 le challenger du cardinal Ratzinger au conclave de
2005 et en prenant un homme âgé et malade alors que Benoît XVI renonçait
pour laisser place à un pape plus jeune et vigoureux, les cardinaux
n’ont pas voulu mettre entre parenthèse ce pontificat. Mais quelles que
furent les raisons des cardinaux électeurs, raisons bien diverses
d’ailleurs, le nouveau pape est libre d’agir dans le sens qu’il entend.
On aurait tort cependant d’enterrer le pontificat de Benoît XVI. Il va
subir une éclipse forcément et c’est bien compréhensible. Mais il
jouera, à sa manière, un rôle dans les années à venir. À mon avis, dans
les prochaines dix années, l’Église n’a pas fini de nous surprendre.Vous continuez à l'appeler François 1er ?
Oui, effectivement, même si l'appellation de Pape François me va très
bien et d'ailleurs il est bien ainsi nommé au canon de la messe. Mais
en parlant de François 1er, je veux souligner que pour nous, humbles
fidèles, il est le pape, au-delà même de ce que nous pouvons éprouver
pour sa personne ou du sentiment qu'il éprouve lui-même pour la fonction
qu'il occupe aujourd'hui. En poussant un peu les choses, je dirais que
nous ne sommes pas sedevacantistes. Le Siège de saint Pierre n'est pas
vacant. Aujourd'hui, il est occupé par François 1er, comme il le fut
hier par Benoît XVI, Jean-Paul II ou… l'humble Jean-Paul 1er."
Louis
Bof. On sent qu’il exprime ses petites craintes à lui, qu’il voudrait faire passer ses petits messages au nouveau pape… pas très folichon comme article. Quand il dit qu’il a rencontré plusieurs fois Benoit XVI… en tête à tête ? J’aime bien PMaxence, mais cet interview me semble inutile. Commençons déjà par aimer le pape, prier pour lui, et nous comprendrons d’autant mieux ce qu’il dit, ce qu’il fait et ce qu’il attend de nous.
G
Être humble et pauvre, certes : le Vatican l’est déjà par la faiblesse de ses ressources matérielles.
Mais humilité, pauvreté signifient aussi faiblesse, dénuement, disette, et donc mise en danger de l’organisme affaibli.
Au moment où la Turquie “s’ottomanise” et où les chrétiens sont exterminés quotidiennement avec la complicité plus ou moins tacite des régimes athées d’Occident, ce pape devrait prendre la mesure de sa fonction : apparaître non comme le simple “évêque de Rome” mais comme le chef de la chrétienté face à l’ennemi musulman et sa “5e colonne” occidentale, le laïcisme.
Dans sa prophétie, saint Malachie avait donné le nom de “Petrus Romanus” (Pierre le Romain) au dernier pape. Or, le pape François a été élu le 13 mars 2013, fête du Bienheureux Pierre II (de La Cave).
Malachie annonçait : « Dans la dernière persécution de la sainte Église romaine siégera Pierre le Romain qui fera paître ses brebis à travers de nombreuses tribulations. Celles-ci terminées, la cité aux sept collines sera détruite, et le Juge redoutable jugera son peuple. »
Antoine
Fine analyse sur la ‘simplicité ostentatoire’, “l’humilité médiatique”.
En habitant le costume pontifical avec le plus grand respect pour ses prédécesseurs et la tradition, Benoit XVI s’effaçait derrière la fonction de pape.
Le champion de l’humilité reste donc Benoit XVI.
Francois apparaît en contraste comme un habile communicant. Non pas que son humilité soit feinte, on doit le présumer saint homme en son for intérieur, mais Francois sait et aime manifestement jouer une partition médiatiques.
Benoit XVI a oeuvré avec talent pour consolider la foi du noyau de fidèles catholiques attachés à la saine doctrine et inquiets des errements de si nombreux clercs; pour attirer de nombreuses brebis de sensibilité traditionaliste y compris chez les anglicans; pour rapprocher Rome des Orthodoxes et préparer l’unité future.
Francois semble disposer de qualités pour
attirer ceux qui sont tentés par les églises évangéliques; et peut-être une partie des chrétiens de sensibilité progressiste.
Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse.
Une seule ivresse : celle de la Foi, l’Espérance et la Charité…
HA
Pour ne parler que de la France, celle-ci étant déjà un bidonville culturel et spirituel, et très prochainement économique,
un ” Pape des pauvres ” est juste ce qu’il nous faut : il pourra ainsi brandir bien haut la croix du Christ crucifié au milieu des ruines, seul signe de ralliement et de salut,
rassemblant autour d’elle son troupeau d’une voix simple et directe…
Trophyme
Le dernier paragraphe est un peu curieux, pour ne pas dire bizarre. J’aimerais que l’on m’explique…
Maïe
@ Louis : “Commençons déjà par aimer le pape, prier pour lui, et nous comprendrons d’autant mieux ce qu’il dit, ce qu’il fait et ce qu’il attend de nous” : tout est dit.
charles
@ Trophyme : il semble que PM veut dire que le nom “François” tout seul est une encore une marque de “simplicité ostentatoire”, une coquetterie, que “François Ier” serait dans l’ordre des choses ; il y aurait un François Ier si il y a un François II, même si on ne le nomme pas ainsi
Jean Ferrand
Il y a eu d’autres papes sans numéro. Ne seraient-ce que saint Pierre, Landon, Libère ou Vigile… N’étaient-ils pas pleinement papes ?
Veilleur de l'Aube
Philippe Maxence : “François Ier n’a pas encore pris toute la dimension de la fonction pontificale”
Tout est dit en une seule phrase.
Pour le moment, cinq jours après, nous avons encore devant nous Jorge Mario Bergoglio, cardinal argentin. Espérons que, dans les prochaines semaines, émergera le Pape, le Pasteur Universel.
Sylvie
Oui Charles, vous avez raison, il n’y aura de François I que lorsqu’il y aura un François II. Il est incorrect de parler aujourd’hui de François I. Tout ceci a bien été expliqué.
Michèle
Enfin il y a bien eu un Jean Paul 1er ! Pour qu’il y ait un deuxième, il faut bien qu’il y ait d’abord un premier. Il peut y avoir un premier sans jamais de deuxième, le contraire est impossible: pas de numéro deux sans un premier. Encore et toujours l’inversion !!!
Philippe Maxence a entièrement raison: l’humilité ne se donne pas à voir, la simplicité se passe de signes extérieurs de simplicité.
S’il se dépossède de lui-même comme l’a fait Benoit XVI, nul doute que le Saint Père perdra jusqu’au souvenir de la personne qu’il était “avant”.
En attendant, tout ce qu’il donne à voir est interprété par une presse française malveillante comme un désaveu du pontificat et de la personne de Benoit XVI. Il n’y est pour rien, et l’ignore probablement, mais c’est une grande peine pour ceux qui ont tant aimé notre cher Pape Benoit, dont rien ni personne n’effacera jamais le souvenir.