A force de vouloir contenter tout le monde, on finit par ne contenter personne. L'absence de conviction et la démagogie ne rapportent plus, Valérie Pécresse est en train de l'apprendre. D'un côté, elle fait des promesses face à La Manif Pour Tous sur la suppression des subventions aux "associations qui font du lobbying politique", en particulier celles qui font la promotion de la "théorie du genre".
Suite à cela, l'une de ces fameuses associations qui font du lobbying politique, l'Inter-LGBT, coquille vide qui a ses entrées dans les médias, la harcèle pour savoir si elle va perdre ses subventions (et mourir, car visiblement, ce ne sont pas ses adhérents qui la font vivre, contrairement à La Manif Pour Tous). L'équipe de la candidate a donc tenté d'expliquer son propos. Valérie Pécresse essaie de rallier les mécontents sur BFMTV, en faisant un exercice d'équilibriste avec la journaliste Ruth Elkrief :
- Ruth Elkrief : À qui vous coupez les subventions ?
– Valérie Pécresse : Mais att… (butte sur ses mots). Je ne veux pas…
- Ruth Elkrief : Lesquelles ?
– Valérie Pécresse : Mais je vais vous dire, je vais vous dire. Je ne veux plus financer les associations qui me demandent de l'argent pour faire de la politique. Et nous avons un certain nombre d'associations qui ne présentent pas des projets concrets.
- Ruth Elkrief : Par exemple ?
– Valérie Pécresse : Qui présentent des projets… Ben par exemple, des associations… Mais je vais pas les nommer, mais je peux vous dire qu'on a subventionné un nombre très important d'associations qui… [elle est interrompue].
Voilà donc une promesse qui n'engage à rien, faite pour contenter un électorat de droite sans mécontenter l'électorat centriste… En fin d'interview, elle explique :
"Je vous donnerai tous les noms quand j'aurai le listing, parce que pour le moment je ne l'ai pas, mais j'ai vu passer un certain nombre de subventions qui me paraissent suspectes."
Avant ou après dimanche ?
Interrogée sur le cas de l'Inter-LGBT, elle avoue :
"S'ils portent un projet d'intérêt régional, de lutte contre l'homophobie par exemple, nous les subventionnerons."
"C'est ce qu'ils font aujourd'hui", répond la journaliste complice de cette officine. Et Valérie Pécresse répond:
"Attendez madame Elkrief, ils font ça aujourd'hui, mais enfin, ils ont aussi beaucoup manifesté pour la loi Taubira, ils ont aussi beaucoup fait des tracts…
"Je veux qu'on arrête de faire de la politique avec l'argent des Franciliens. Il y a énormément d'associations qui demandent des subventions et qui sont subventionnées sans avoir de vrai projet d'intérêt régional. Qui font de la politique."
La porte-parole de l'Inter-LGBT Amandine Miguel déclare :
"D'un côté, Valérie Pécresse parle de supprimer les subventions aux associations qui font du lobbying politique, et qui feraient la promotion de la 'théorie du genre' ; de l'autre, elle veut lutter contre l'homophobie. C'est très paradoxal. Par ailleurs, toutes les associations qui luttent contre les violences, contre celles faites aux femmes par exemple, font du lobbying et c'est important ! Certes, l'Inter-LGBT n'est pas nommée, mais c'est tout comme ! C'est un flou très dangereux."
C'est un aveu : la lutte contre l'homophobie et la promotion du gender, c'est la même chose. Nous le savions déjà, mais Valérie Pécresse ne semble pas l'avoir encore compris.
En somme, par son ambiguïté, Valérie Pécresse risque de perdre et l'électorat centriste et l'électorat de droite. C'est la stratégie de la droite sans conviction, la plus bête du monde.