De Mgr Castet, évêque de Luçon, sur Facebook :
"Dans le monde entier, comme l’an dernier, à l’initiative du Saint Père, de très nombreuses communautés vont se réunir à l’occasion de l’entrée dans le temps de l’Avent pour prier pour toute vie naissante. Laissez-moi vous faire part de quelques éléments de réflexion et de méditation qui pourront vous permettre de vous unir dans la prière à ces veillées.
Une grossesse, attendue, espérée …ou imprévue. Une vie naissante. Une présence qui grandit. La « création » d’un nouvel être humain, totalement dépendant de sa mère, totalement aussi en devenir… C’est la vie qui se donne, qui est donnée, qui passe par un lien unique, intime, celui de la mère à son enfant. Un lien biologique, un lien affectif, un lien émotionnel, avec un autrui qu’elle ne connaît pas encore mais qu’il lui est donné d’apprendre à connaître.
Pendant la grossesse, tout est transformation, voulue ou subie, dans le corps de la femme : transformations physiologiques mais aussi psychologiques et affectives. Accueillir cette vie naissante, c’est pour la femme un passage, l’offrande de son corps pour la vie d’un autre, l’accomplissement de sa vocation. On pourrait en exclure l’homme, le père, qui reste parfois un étranger à ce mystère, responsable d’hier mais aussi et surtout pour demain. Pour lui aussi, il y a un avant et un après, un chemin à parcourir, un changement à opérer.
La vie naissante est fragile, vulnérable, et faible. Elle est dépendance. Elle est silence. La femme, la mère en devenir, porte sur cette vie vulnérable un regard ambivalent : une joie profonde, intense, charnelle mais aussi une inquiétude, une incertitude et parfois même une angoisse. Les examens anténataux, de plus en plus systématisés et précoces, suscitent des questions, voudraient apporter des réponses, et ne veulent plus laisser sa place au mystère de la vie. La vie qui n’est pas perfection. Cette nouvelle vie peut alors être perçue comme une menace ou un danger. L’homme prométhéen d’aujourd’hui se donne le droit de trier, de choisir et de condamner à mort au prétexte que l'imperfection n’autorise pas la vie. L'intelligence humaine, mise au service du refus de la vie, dénie alors la vie dans ce qu’elle est vraiment. « En désignant l’un des nôtres comme indigne de vivre, c’est nous-mêmes que nous renions », selon le mot du pianiste Michel Petrucciani.
On ne peut ni nier ni éteindre les angoisses suscitées par la vie naissante. Mais n’avons-nous pas d’abord à mobiliser notre intelligence et nos actes pour que la venue d'un enfant soit synonyme de bénédiction, et source de joie pour ses parents. Soyons assez généreux pour entourer et accompagner tous ceux et surtout toutes celles que la vie blesse, et qui désespèrent. La vie, toute vie, est don de Dieu. L’Avent nous redit que notre vie, comme toute vie, est appelée à s’incarner et prendre chair ! « Avant même de te former au ventre maternel, je t'ai connu; avant même que tu sois sorti du sein, je t'ai consacré » (Jr 1, 5)"