Lors de la veillée de prière de ce soir, Bernard Antony a prononcé cette allocution d'introduction :
"Merci et bravo à vous ! Pour votre courage. Vous êtes là, chrétiens de toutes origines, dans la même angoisse de ce qui vous frappe dans vos pays voire déjà ici, en France, chez nous. Oui, nous avons pris une fois encore le risque de ce froid hélas éloignant de nous beaucoup des nôtres par les difficultés des transports et les risques de santé pour certains. Mais votre ferveur va combler cette absence et prouver une extraordinaire détermination d’unité chrétienne, par-delà les différences, hors de tout œcuménisme de confusion, une unité pour clamer ensemble notre fraternité avec ceux que dans 50 pays l’on relègue, en dhimmitude, ceux que l’on persécute, ceux que l’on tue lentement dans des geôles ignobles, ceux que l’on massacre.
Nous avons voulu aussi de cette soirée en hiver parce nous nous l’avions dit, répété, il n’y avait pas du soi-disant « printemps arabe » : billevesée, mensonge politico-médiatique qui ne trompait que les ignorants. Le printemps pour les arabes ne sera que lorsque viendra pour eux le temps de la liberté religieuse, de la liberté de pouvoir librement ouvrir la Bible et en diffuser l’Évangile ; que lorsque viendra pour les femmes le respect dans les lois de leur égalité en dignité avec les hommes ; le temps de pouvoir partout ne pas voiler leurs visages selon une pratique de séquestration égoïste, leur interdisant l’expression de leur humanité selon l’idée atroce qu’il n’est pas de vertu possible pour la femme hors du harem, et le voile est-il finalement autre chose que le maintien dans le harem ?
Le printemps, nous, nous le voulons pour les arabes mais aussi pour les Berbères, pour les Coptes, pour les Turcs et les Kurdes et les Bosniaques, pour les Syriaques et chaldéens, pour les Perses, pour les peuples Africains du Nigéria au Soudan, pour les peuples d’Asie, du Pakistan et d’Afghanistan à l’Indonésie et aux Philippines, pour tous les chrétiens de ces pays mais aussi pour les musulmans que nous aimons et qui méritent la grande libération de l’amour véritable, de la vérité et de la vraie liberté que seul donne le Christ.
Mais sur tous ces peuples, une poussée de fièvre et de fanatisme resserre partout impitoyablement « l’ordre » de la charia, dans une surenchère d’extrémisme où le seul fait de n’être pas officiellement partisan du terrorisme vaut le qualificatif de « modéré » ! Mais elle n’est jamais modérée la terreur d’État combinée à celle de foules excitées qui expose au pire les chrétiens sans défense.
Ce soir particulièrement, nous pensons à Asia Bibi, la petite catholique martyrisée dans un enfermement qui n’en finit pas, dans une prison hostile, nous pensons à sa famille dans l’angoisse et la terreur. Et à travers eux, nous pensons à tous ceux que l’on ne connaît pas, des églises et des prisons du silence dans tant de pays sous la contrainte islamique. Devant cela, que disent et que font les responsables des associations islamiques chez nous s’affirmant tolérants, modérés, ouverts au dialogue, et réclamant toujours plus les droits que l’on refuse partout dans l’islam aux non-musulmans ? Que ne font-ils jouer les solidarités de l’oumma islamique pour prouver leur sincérité ?
Ce soir, nous prierons aussi pour les chrétiens terriblement persécutés en Inde par les plus fanatiques des hindouistes. Et naturellement nous penserons encore à ceux qui, en Corée, meurent dans les camps de la faim et du grand froid. Mais aussi encore à ceux que traquent les polices communistes de Chine et d’Indochine. Que Dieu et la Vierge Marie leur viennent en aide et que l’on puisse ne pas dire que devant les tragédies des Églises du silence, il n’y aurait eu qu’Églises silencieuses !"