Extrait de l'homélie de ce
matin prononcée par le père abbé de Triors, Dom Hervé Courau :
"Bienheureux les doux, ils obtiendront la terre promise. S. Benoît a quitté Rome, choisissant la vie d'ermite pour conquérir la douceur de Jésus en lui, à la place de la violence de ses propres passions (Vie, c. 2), puis il a fondé la forteresse si visible du Mont Cassin qui a rayonné cette douceur autour de lui d'une façon aimablement contagieuse, faisant de lui ainsi le premier patron de l'Europe (id°, c. 8). Il sut en effet apaiser la société de son temps, envahie par l'angoisse du présent et la peur de l'avenir, victime des terrorismes que lui infligeaient alors les invasions barbares ; il l'a exorcisée de son mal de vivre.
Plus sophistiquée de nos jours, la barbarie n'est pas moindre, avec de nouvelles violences des déstructurations qui semblent imparables et une odeur de mort suicidaire. Alors c'est l'heure de croire à la béatitude, Heureux les doux, ils obtiendront la terre promise (Mt 5,4). Depuis peu de mois, cette béatitude de la douceur s'est frayée un chemin sur les places publiques, au nom d'une transgression douce et non violente (Axel), calme et ferme refus de ce qui nourrit précisément ce terrorisme et l'anarchie des mœurs. La transgression des veilleurs est-elle une nouvelle et violente révolution ? N'est-elle pas plutôt une douceur qui compatit et rejoint la souffrance poignante de l'homme orphelin plus ou moins volontaire de son Dieu et Sauveur. Ce nouveau fait de société ne fait que montrer visiblement à tous, croyants ou non, la puissance du ferment invisible qu'est la foi. La nouvelle évangélisation s'y déploie, prouvant doucement qu'elle n'est pas un thème éthéré sans conséquence."