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L'Eglise : Vie de l'Eglise

Veni Creator Spiritus, l’hymne de l’Église en prière (Domenico Bartolucci)

Veni Creator Spiritus, l’hymne de l’Église en prière (Domenico Bartolucci)
D’Aurelio Porfiri, éditeur et écrivain catholique italien, pour le Salon beige:
Il ne fait aucun doute que certaines pièces musicales ont été traditionnellement associées à des fêtes liturgiques particulières et qu’elles ont, pour cette raison, connu – du moins par le passé – une grande popularité. Parmi celles-ci, on peut citer l’hymne Veni Creator Spiritus, qui, dans sa mélodie grégorienne, continue de résonner en diverses occasions, et pas uniquement autour de la fête de la Pentecôte. Il est en effet utilisé chaque fois que l’on invoque l’assistance de l’Esprit Saint pour une circonstance particulière.
Le chant du Veni Creator Spiritus est prescrit pour l’Office divin durant la Pentecôte, même s’il nous arrive parfois de l’entendre pendant la Messe, où la séquence Veni Sancte Spiritus est pourtant prescrite. L’hymne est attribué à Rabban Maur, archevêque de Mayence au IXe siècle et grande figure de la culture carolingienne. Composé dans le huitième mode grégorien, le texte est d’une grande beauté et riche en théologie. L’auteur semble rivaliser avec lui-même pour trouver des titres dignes de l’Esprit Saint, qu’il appelle « doux consolateur, don du Père très haut, eau vive, feu, amour, saint chrême de l’âme, doigt de la droite de Dieu… ». Dans une strophe, on demande à l’Esprit d’être lumière pour l’intelligence et de répandre l’amour dans nos cœurs, en fortifiant nos corps faibles de sa vigueur ferme.
Le cardinal Raniero Cantalamessa, ancien prédicateur de la Maison pontificale, affirme :
« Dans l’hymne le plus célèbre à l’Esprit Saint, le Veni Creator, composé au début du IXe siècle, on demande à l’Esprit d’“allumer une lumière dans l’esprit” (accende lumen sensibus). (Le mot sensus ne désigne pas ici les sens extérieurs, mais, comme souvent dans le latin ecclésiastique, l’intelligence, la pensée, l’esprit). »
En somme, on demande à l’Esprit Saint d’éclairer notre esprit et de soutenir notre cœur.
À côté de la version grégorienne, il existe de nombreuses mises en musique de cet hymne, souvent en polyphonie. L’une des plus belles, selon moi, est celle de Domenico Bartolucci (1917–2013), ancien maître de la Chapelle Sixtine et plus tard cardinal. Il en a fait une version pour sopranos, premiers et deuxièmes ténors, barytons et basses – un chœur mixte à cinq voix. Cette version est souvent interprétée lors des cérémonies pontificales, comme lors du récent conclave. Elle s’inspire de la mélodie grégorienne, mais en supprimant certaines notes (les notes inutiles, c’est-à-dire celles qui ne sont pas essentielles à la structure mélodique – une pratique en usage depuis la Renaissance).
Très touchante est la manière dont les voix graves, les voix masculines, forment une sorte de fond sonore au chant des sopranos qui, dans la Chapelle Sixtine, sont confiés à l’innocence vocale des Pueri Cantores. L’usage traditionnel d’habiller polyphoniquement les mélodies grégoriennes a trouvé en Domenico Bartolucci un très grand maître, fidèle d’ailleurs à ce qu’avait affirmé le concile Vatican II, qui réserve au chant grégorien la première place, et à ce qu’avait déjà ordonné saint Pie X dans son motu proprio sur la musique sacrée :
« Le chant grégorien a toujours été considéré comme le modèle suprême de la musique sacrée. Aussi peut-on poser en principe général : plus une composition sacrée s’inspire, dans sa forme, son inspiration et sa saveur, de la mélodie grégorienne, plus elle est propre au culte divin ; plus elle s’en éloigne, moins elle est digne du sanctuaire. »
Une règle que le maître toscan a suivie de manière exemplaire.
Il existe de nombreuses compositions en l’honneur de l’Esprit Saint, que l’on entendait souvent lors de la fête de la Pentecôte. L’Esprit Saint a inspiré des musiciens et des artistes de toutes les époques. Dans une homélie prononcée pour le vingt-cinquième anniversaire de sa consécration épiscopale, en contemplant la colombe du Bernin dans la basilique Saint-Pierre, Pie XII disait :
« Tout à l’heure, alors que, au pied de cet autel, dans les souvenirs graves qui émouvaient et inondaient Notre âme, Nous revêtions les ornements sacrés pour nous préparer à célébrer le Sacrifice eucharistique, Notre regard, se levant, contemplait resplendissante, du haut de ce merveilleux baldaquin, au milieu de rayons d’or, l’image de la colombe aux ailes déployées – symbole évangélique et réconfortant de l’Esprit Saint Paraclet, qui veille sur l’Église, y souffle et y répand les multiples charismes de sa grâce et l’abondance de sa paix spirituelle. C’est un symbole qui parle. »
Oui, un symbole qui parle en tout temps, comme dans l’hymne dont nous avons parlé, où le doux Consolateur est imploré pour être lumière de notre intelligence et soutien dans l’épreuve.

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