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L'Eglise : Vie de l'Eglise

Veni Sancte Spiritus, le souffle de l’Esprit Saint

Veni Sancte Spiritus, le souffle de l’Esprit Saint

D’Aurelio Porfiri, éditeur et écrivain catholique italien, pour le Salon beige:

Voici quelque temps, j’ai eu une conversation par Skype avec le cardinal Joseph Zen de Hong Kong. Vous devez savoir que le cardinal Zen aime profondément le chant grégorien, qu’il a beaucoup pratiqué dans sa jeunesse et qu’il a aussi enseigné. Avant de conclure notre échange, il m’a souhaité une bonne fête de la Pentecôte et s’est mis à fredonner la séquence Veni Sancte Spiritus, qui se chante dans le Missel avant l’acclamation de l’Évangile. Peut-être devrais-je dire « devrait se chanter », tant il est désormais rare d’entendre ces chefs-d’œuvre du chant liturgique dans nos célébrations. Ce n’est pas seulement le cas pour la Pentecôte, mais aussi pour la Fête-Dieu ou pour Pâques : on se contente souvent de lire des versions partielles de ces séquences (comme dans le cas duLauda Sion Salvatorem), sur un ton monotone et peu convaincu. Et pourtant, ce sont de véritables joyaux de prière.
Le genre de la séquence a fleuri et débordé au Moyen Âge, au point qu’il existait des milliers de séquences pour toutes les occasions, puis réduites à cinq :
« Après la réforme du Concile de Trente, sur les quelque 5 000 séquences connues, seules les suivantes restèrent en usage : Victimae paschali laudes pour le jour de Pâques, Veni Sancte Spiritus pour la Pentecôte, Lauda Sion Salvatorem pour la Fête-Dieu, Dies irae, dies illa pour la messe des défunts ; une cinquième, Stabat Mater dolorosa, pour le Vendredi saint, fut introduite dans la liturgie par Benoît XIII en 1727 » (treccani.it).
Massimo Mila en parle également dans son Brève histoire de la musique, attribuant la séquence de la Pentecôte à Étienne Langton ou au pape Innocent III. Il écrit à propos de cette forme :
« La séquence et le trope, ces formes de la seconde époque du chant grégorien, reflètent la fatigue créative survenue dans le chant chrétien après la codification liturgique réalisée par Grégoire le Grand, qui avait naturellement découragé et paralysé l’invention, désormais superflue, de nouveaux chants. En s’appliquant à commenter des chants déjà existants, et en s’y agrippant comme des plantes parasites, la séquence et le trope se rapprochent de la nature juridique, typiquement médiévale, de la glose et de la postille. »
Certes, le Veni Sancte Spiritus a mérité sa fortune grâce à la beauté de sa mélodie — accessible même aux chanteurs non professionnels — et à la profondeur de son texte :
« Viens, Esprit Saint, envoie du ciel un rayon de ta lumière.
Viens, père des pauvres, viens, donateur des dons, viens, lumière des cœurs.
Consolateur parfait, hôte doux de l’âme, rafraîchissement suave.
Dans la fatigue, le repos, dans la chaleur, l’ombre, dans les larmes, le réconfort.
Ô lumière bienheureuse, pénètre jusqu’au fond des cœurs de tes fidèles.
Sans ton secours, il n’y a rien dans l’homme, rien qui ne soit coupable.
Lave ce qui est souillé, baigne ce qui est aride, guéris ce qui saigne.
Assouplis ce qui est raide, réchauffe ce qui est froid, redresse ce qui est faussé… »
Un texte qui nous montre la profondeur de l’action de l’Esprit Saint, la manière dont il intervient en corrigeant, par son secours, ce qui est dévié.
Le pape Benoît XVI, dans son homélie pour la messe de Pentecôte (23 mai 2010), commençait ainsi:
« Au cours de la célébration solennelle de la Pentecôte, nous sommes invités à professer notre foi dans la présence et dans l’action de l’Esprit Saint et à en invoquer l’effusion sur nous, sur l’Église et sur le monde entier. Faisons donc nôtre, et avec une intensité particulière, l’invocation de l’Église elle-même : Veni, Sancte Spiritus ! Une invocation si simple et immédiate, mais dans le même temps extraordinairement profonde, jaillie avant tout du cœur du Christ. En effet, l’Esprit est le don que Jésus a demandé et demande constamment au Père pour ses amis ; le premier et principal don qu’il nous a obtenu avec sa Résurrection et son Ascension au Ciel. Le passage évangélique d’aujourd’hui, qui a pour cadre la Dernière Cène, nous parle de cette prière du Christ. Le Seigneur Jésus dit à ses disciples : “Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements, et je prierai le Père et il vous donnera un autre Paraclet, pour qu’il soit avec vous à jamais” (Jn 14, 15-16). Ici nous est dévoilé le cœur en prière de Jésus, son cœur filial et fraternel. Cette prière atteint son sommet et son accomplissement sur la Croix, où l’invocation du Christ ne fait qu’un avec le don total qu’Il fait de lui-même, et sa prière devient donc pour ainsi dire le sceau même de son don en plénitude par amour pour le Père et pour l’humanité : invocation et don de l’Esprit Saint se rencontrent, s’entremêlent, deviennent une unique réalité. “Et je prierai le Père et il vous donnera un autre Paraclet, pour qu’il soit avec vous à jamais”. En réalité, la prière de Jésus – celle de la Dernière Cène et celle sur la croix – est une prière qui demeure également au Ciel, où le Christ siège à la droite du Père. En effet, Jésus vit toujours son sacerdoce d’intercession en faveur du peuple de Dieu et de l’humanité et prie donc pour nous tous, en demandant au Père le don de l’Esprit Saint. »
En ces temps marqués par tant de difficultés, nous avons tous besoin du don de l’Esprit Saint, dans une époque troublée par l’inquiétude et la peur. Méditer sur les paroles magnifiques de la Séquence de la Pentecôte nous aidera à retrouver une paix intérieure plus profonde et une confiance renouvelée dans l’intervention divine.

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