C'est Minute :
"Le scandale grandit aux États-Unis depuis que, le 14 juillet, jour de rien du tout là-bas, le Center for Medical Progress a publié sa première vidéo. Comme celles qui vont suivre, elle a été réalisée en caméra cachée. Les usages que la télévision française a fait de cette méthode montrent que le procédé est détestable. Aux États-Unis pourtant, les propos recueillis par de faux acquéreurs potentiels, à des fins de recherche médicale, de morceaux d’embryons ont entraîné une avalanche de réactions. Tout le monde veut savoir si, oui ou non, un bout d’embryon a un prix et lequel. En deux semaines, neuf États ont lancé une enquête et plusieurs membres du Congrès réclament des investigations poussées au niveau fédéral.
S’il est trop tôt pour savoir si le scandale jouera dans l’élection à la présidence des États-Unis, qui aura lieu fin 2016, il s’immisce en tout cas dans la primaire républicaine dans un pays où, au contraire de certains autres dont les valeurs ne sont que républicaines, il n’est pas tabou d’être « pro-vie ». L’affaire est loin d’être terminée puisque le Center for Medical Progress, qui a déjà diffusé trois vidéos, affirme en avoir réalisé neuf autres et détenir « près de 300 heures de vidéos filmées en caméra cachée, rassemblées par des journalistes d’investigation au cours de 30 mois, montrant comment le Planning familial vend les parties du corps des bébés qu’ils tuent ».
Que voit-on ? Des aveux ou à tout le moins, derrière les précautions d’usage, ce qui y ressemble de la part de responsables ou collaborateurs du Planning familial, lequel ne se contente pas, aux États-Unis, d’orienter les femmes vers les structures pratiquant les IVG mais en pratique elle-même dans ses propres cliniques, raison pour laquelle ses collaborateurs et dirigeants ont été ciblés par les faux acquéreurs. On y voit par exemple le Dr Deborah Nucatola, directrice des services médicaux de la Fédération du Planning familial des États-Unis, casser la croûte tout en discutant des pratiques liées à la cession d’organes ou autres parties du corps des bébés tués dans le ventre de leur mère. Elle y concède qu’elle facture de 30 dollars à 100 dollars le bout de bébé, et que le foie de foetus est particulièrement demandé (même si, ces temps-ci, « beaucoup de gens veulent des coeurs intacts »). Elle confesse également avoir reçu des demandes pour des poumons et des « extrémités inférieures ». Le pied de bébé, c’est comme le pied de cochon, c’est moins noble donc moins cher ? Une autre vidéo livre des extraits d’une conversation avec la présidente de la direction médicale du Planning familial, le Dr Mary Gatter. Les faux acheteurs se sont présentés comme les dirigeants d’un start up qui met en relation des chercheurs avec ceux qui peuvent fournir des tissus foetaux. Les propos diffusés semblent ne laisser aucun doute. Pour 75 dollars, on peut emporter le morceau. À 100 dollars la partie du corps, c’est un très bon tarif. Pour un prix de gros, ça peut se négocier. À un moment, la conversation porte même sur la nécessité de bien préciser les besoins pour que le toubib qui opère sache bien comment il doit procéder pour ne pas abîmer la partie demandée. Faudrait pas esquinter la marchandise…
À aucun moment, dans les enregistrements qui ont été diffusés, n’est mentionnée la question du bénéficiaire réel du fruit de la vente. Est-ce que le Planning familial en empoche la totalité ? Procède-t-il à une rétrocession d’une partie de la somme au chirurgien pour prix de son labeur délicat ? Serait-il même victime – hypothèse – de malversations accomplies sous couvert de sa raison sociale ? Avec plus d’un million d’avortements annuels aux États-Unis (chiffres de 2011), on imagine le chiffre d’affaires du trafic si tous les bébés tués dans le ventre de leur mère étaient soumis à ce dépeçage sonnant et trébuchant… Malgré les documents fournis – et une autre vidéo, pas encore traduite en français, qui est tout aussi accablante – , le Planning familial nie en bloc « profiter de quelque façon que ce soit » de la vente de « tissus foetaux », persistant à parler de « dons », qui sont autorisés par la loi américaine, reconnaissant juste un « dédommagement » pour des frais de transport, et réfutant donc toute vente d’une partie d’un corps humain qui est punie par la loi fédérale d’une peine de dix ans de prison. C’est donc par maladresse que le Dr Gatter a demandé à ses interlocuteurs, au cours de la négociation : « Pourquoi ne commenceriez- vous pas par me dire combien vous avez l’habitude de payer », puis a lâché, pas aimable : « Vous savez, dans une négociation, la personne qui annonce en premier est perdante, non ? Alors… » Dans une conversation, un interlocuteur confie que tant que la demande ne relève pas d’un texte dont pourrait être saisi la Cour suprême, il y a moyen de s’arranger. Avec sa conscience aussi ?"