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Venue du protestantisme évangélique, elle témoigne avoir été touchée par la foi catholique au pèlerinage de Chartres

Venue du protestantisme évangélique, elle témoigne avoir été touchée par la foi catholique au pèlerinage de Chartres

Témoignage publié sur le site de l’Union Lex Orandi :

18 000 personnes, 18 000 âmes, 18 000 chemins de vie convergèrent vers les chemins qui lient Paris à Chartres en 2024. Des jeunes, des moins jeunes, des nouveaux convertis, de cathos de berceau, des agnostiques et des curieux, tous réunis derrière croix et bannières pour marcher, quoi qu’il en coûte, pendant trois jours, leurs pas rythmés de prières et de louanges. Qu’y a-t-il de « normal » dans cette image ? N’est-ce pas justement pour échapper un instant à la folie de ce monde que tant sacrifient le confort quotidien pendant trois précieux jours ?

À l’aube de l’édition 2025, selon le journal La Croix, le dicastère pour le culte divin et la discipline des sacrements, semble estimer que la situation du pèlerinage est « anormale ». À les entendre, cela justifierait la modification d’un des éléments majeurs de l’événement : la célébration de la messe en rite tridentin, plus simplement « la messe en latin ». En jeune convertie, ce discours attriste mon coeur et ma raison.

La raison d’abord, choquée par cet éloignement de la définition originale du sacré. Étymologiquement, le mot trouve sa source dans le latin sacer — « ce qui ne peut être touché sans être souillé, ou sans souiller », et le verbe sancire — « délimiter, prescrire ». Plus loin encore, le terme original des textes hébraïques, ensuite traduit par « sacré », est celui de קָדוֹשׁ (Kadosh), qui signifie « séparé ». Selon cette lecture, la volonté de normaliser rejoint la volonté d’homogénéiser, de faire sauter les limites… donc de désacraliser. L’heure est à la prudence, car cette voie de nivellement pourrait glisser vers la compromission. Les Écritures nous l’enseignent, nous sommes dans ce monde, pas de ce monde. La tendance à vouloir lui ressembler est contraire au véritable objectif : celui de ressembler au Christ.

Le cœur ensuite, inquiet que d’autres ne puissent goûter à ce qui a largement contribué à mon propre chemin de Foi, à mon retour à l’Église catholique. En 2022, mon premier pèlerinage de Chartres, protestante évangélique convaincue, j’enfile mes baskets motivée par la volonté de comprendre mieux mes frères dans la Foi. Même si nos cœurs se rejoignent, en pratique rien ne s’apparente au culte duquel je viens : ici les jeunes récitent le chapelet, les prêtres sont reconnaissables par leur accoutrement, et ils ne parlent même pas français pendant les offices. Ils savent se tenir en silence, et rester à genoux malgré la fatigue, la chaleur ou la pluie. Ils ne ressemblent à rien de tout ce qui m’est familier. C’est pour cela que j’y suis allée, pour rencontrer « l’anormal » : la révérence profonde induite par cette langue qui a traversé les âges, la joie paisible qui reprend la place qui lui est due — une fois dépouillés des habitudes citadines qui nous ankylosent, et, enfin et surtout : ces rites et ces symboles qui concrétisent l’invisible. Non, le fait que le sacré ne soit pas « normal » ne le rend pas inaccessible, cela le rend reconnaissable.

Comme l’écrivait le théologien C.S. Lewis dans son traité sur l’éducation L’Abolition de l’Homme : « Si l’on parvient à voir à travers tout, alors tout est transparent. Mais un monde totalement transparent est un monde invisible. “Percer tout à jour”, c’est ne plus rien voir du tout. ». Alors, j’en implore les autorités, pour la conversion des âmes : laissez-nous voir le sacré.

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