Silencieuse dans l’affaire du décret d’exhumation de la dépouille du général Franco signé le 24 août dernier par le gouvernement, l'Eglise pourrait subir à son tour les foudres du gouvernement. Le régime socialiste de Pedro Sánchez souhaite rendre publique la liste de tous les biens appartenant à l’Eglise et pour lesquels cette dernière ne possède pas de certificat de propriété : en ligne de mire, leur récupération par l’Etat.
En Espagne, une loi de 1946 permettait aux évêques d’inscrire en leur nom propre n’importe quelle propriété, à l’exception des édifices dédiés au culte – exception qui, dans la pratique, a rapidement été mise de côté. La réforme de cette loi en 1998, sous le gouvernement de José Maria Aznar, a facilité davantage encore ces inscriptions, permettant à l’Eglise de revendiquer la propriété de biens, sans avoir à fournir de certificat de propriété.
Mais en 2016, un arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme de Strasbourg avait qualifié d’arbitraire cette procédure et demandé à l’Etat d’indemniser les propriétaires se jugeant spoliés. […]
Avec l’arrivée au pouvoir du socialiste Pedro Sanchez, en juin 2018, les chantres de la laïcité se sont remis à espérer : le ministère de la Justice a annoncé souhaiter publier dans les six mois une liste des biens que l’Eglise a acquis et qui ne sont pas enregistrés. […]
La Conférence des évêques d’Espagne a timidement répondu aux accusations : son secrétaire-adjoint aux affaires économiques, Fernando Giménez Barriocanal, a déclaré « ne pas disposer d’une liste de ces biens », et a souhaité que « le principe de non-discrimination » soit appliqué à l’égard de l’Eglise. L’Eglise d’Espagne aura à ferrailler plus vigoureusement si elle veut ne pas être spoliée de ses biens, à l’instar de ce qui s’est passé en 1905 en France."