Bernard Lugan analyse la crise libyenne :
"La fin de Kadhafi qui risque d’avoir des conséquences dont nous sommes loin de mesurer l’ampleur est en effet moins une aspiration démocratique populaire que la manifestation de l’éclatement de l’alchimie tribale sur laquelle reposait son pouvoir. A la différence de la Tunisie ou de l’Egypte, la Libye dont plus de 90% du territoire est désertique, n’est en effet pas un Etat, mais un conglomérat de plus de 150 tribus divisées en sous tribus et en clans. Ces ensembles ont des alliances traditionnelles et mouvantes au sein des trois régions composant le pays, à savoir la Tripolitaine avec la ville de Tripoli qui regarde vers Tunis, la Cyrénaïque dont la capitale est Benghazi et qui est tournée vers Le Caire et le Fezzan dont la principale ville est Sebba et qui plonge vers le bassin du Tchad et la boucle du Niger.
De l’indépendance de la Libye en 1951 jusqu’au coup d’Etat qui porta le colonel Kadhafi au pouvoir en 1969, la Libye fut une monarchie dirigée par les tribus de Cyrénaïque. […] Kadhafi fut porté au pouvoir par une junte militaire […] dans laquelle dominaient les deux principales tribus de Libye, celle des Warfallah de Cyrénaïque et celle des Meghara de Tripolitaine. […] Kadhafi réussit un grand coup politique en épousant une fille du clan des Firkeche membre de la tribu royale des Barasa, ce qui lui assura le ralliement de la Cyrénaïque rebelle.
Or, aujourd’hui, c’est tout son système d’alliance avec la Cyrénaïque qui a volé en éclats. […] Tout est en effet suspendu au choix que vont faire les chefs de la tribu guerrière des Megahra qui domine en Tripolitaine. […] Si les Meghara abandonnaient Kadhafi, cela voudrait dire qu’ils ont l’intention de s’emparer du pouvoir et la Libye serait coupée en deux, la Tripolitaine et la Cyrénaïque se trouvant dominées par les alliances tribales constituées autour des Warfallah et des Meghara. La question qui se poserait alors serait celle de la survie de l’Etat libyen.
Ces deux ensembles se combattront-ils ou bien se partageront-ils le pouvoir dans un cadre fédéral ou confédéral ? Nous l’ignorons, mais le danger est de voir apparaître une situation de guerres tribales et claniques comme en Somalie."
PK
L’éternel problème africain : des pays qui n’en sont pas…
Un amas de tribus ne font pas une nation… Il faut un ciment…
La Gaule n’a commencé à devenir une nation quand le pouvoir fédérateur a trouvé le ciment qui le liait au peuple… et ce fut vraiment le cas au baptême de Clovis.
Les Africains attendent presque tous aujourd’hui un Clovis… Quand les dictateurs tombent, la réalité réapparait, cruelle et véritable.
RL
Merci à Bernard Lugan ! Heureusement qu’il est là pour nous expliquer comment fonctionne l’Afrique, car s’il fallait se contenter de la soupe superficielle que nous servent les journalistes de France 2…
SD-Vintage
Bernard Lugan refuse toujours de prendre en compte un élément autre que l’élément ethnique : la religion, ici l’islam radical très présent en Libye et qui peut changer bien des choses
jube
L’Islam est une Peste pour le monde entier, il n’ y a pas d’islam radical ou non, il y a l’islam et l’affreux coran.
Il suffit de lire ce machin pour comprendre ce que c’est.
Lugan est historien de qualité, Lagartempe a mieux approfondi l’islam dans son dernier ouvrage “les origines de l’islam”.
L’islam n’est même pas un ciment entre les musulmans, mais une contrainte et une coercition.