Mgr Fernando Rifan, administrateur de l’administration apostolique personnelle Saint Jean Marie Vianney de Campos (Brésil), a été reçu par le Pape Léon XIV le 15 novembre en audience privée.
Pour mémoire, dans les années 1970, Mgr de Castro Mayer, évêque de Campos, maintient la forme traditionnelle du rite romain dans son diocèse et, lors de son remplacement, l’Union sacerdotale Saint-Jean-Marie-Vianney (SSJV) est fondée, avec l’abbé Fernando Rifan comme supérieur, sous la houlette de Castro Mayer. Ce dernier se rapproche de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X (FSSPX) dont il co-consacre les 4 évêques en juin 1988. Après la mort de Mgr Castro Mayer, l’Union Saint-Jean-Marie-Vianney fait appel aux évêques de la Fraternité Saint-Pie X pour le sacre d’un successeur : Licinio Rangel est consacré évêque en 1991, sans l’aval du pape. En 2000, lorsque la FSSPX entame un rapprochement avec Rome, l’Union SSJV fait de même. Alors que la FSSPX refuse l’administration apostolique proposée, Mgr Rangel décide de continuer les pourparlers. Le 15 août 2001, une lettre d’union au Saint-Siège est adressée au pape Jean-Paul II, qui y répond le 25 décembre par une lettre réglant le statut juridique de l’administration. Le 18 août 2002, le père Fernando Rifan, vicaire général de l’Union sacerdotale Saint-Jean-Marie-Vianney et collaborateur le plus proche de Mgr Rangel, est sacré évêque à Campos au Brésil par le cardinal Castrillon Hoyos, préfet de la Congrégation pour le Clergé, et par Mgr Rangel lui-même. Celui-ci est en effet malade et meurt le 16 décembre 2002.
Mgr Rifan a présenté au Pape Léon XIV les spécificités de l’Administration Saint Jean Marie Vianney (messe traditionnelle) et a évoqué sa succession puisqu’il a eu 75 ans cette année.
Mgr Rifan raconte :
Le 15 novembre 2025, j’ai été reçu en audience privée par le pape Léon XIV à la bibliothèque du Palais apostolique. L’audience a duré 30 minutes. Après m’être présenté comme évêque de l’Administration apostolique personnelle de saint Jean-Marie Vianney, titre qu’il ne connaissait certainement que de nom, je lui ai expliqué son origine et les raisons de sa création par le pape saint Jean-Paul II en 2002. Je lui ai relaté notre histoire et lui ai remis nos documents ainsi que ceux du Saint-Siège s’y rapportant. Je lui ai également offert certains de mes livres, articles et éclaircissements. J’ai évoqué notre cheminement théologique et spirituel, notre sortie de la séparation d’avec l’Église et notre prise de conscience de la nécessité de la communion, communion dans laquelle, grâce à Dieu et à l’Église, nous nous trouvons aujourd’hui.
Je lui ai exprimé notre communion et notre ferme adhésion au Siège de Pierre, en sa personne.
Il m’a posé plusieurs questions sur notre position, auxquelles j’ai répondu correctement, le satisfaisant pleinement.
Il s’est rendu compte que nous sommes très différents des autres groupes radicaux et schismatiques.
Je lui ai rappelé les paroles de saint Augustin : « Hors de l’Église, on peut avoir beaucoup de bonnes choses ; on peut chanter Alléluia, Amen, faire le signe de la croix, etc. Mais hors de l’Église, il n’y a pas de salut. »
Je lui ai montré comment nous sommes en communion avec notre évêque diocésain et avec les autres évêques catholiques.
Je lui ai expliqué le fonctionnement de notre séminaire et notre processus de sélection professionnelle.
Je lui ai expliqué que nous desservons également 11 autres diocèses avec la permission ou à la demande des évêques locaux.
Je lui ai donc parlé de la nécessité de maintenir notre administration apostolique pour le bien de l’Église. Je lui ai indiqué avoir déjà remis ma lettre de démission, compte tenu de mon âge (75 ans), et de la nécessité de conserver un évêque.
Bien entendu, sa réponse parviendra par les voies appropriées, après les consultations habituelles.
J’ai été très heureux de cette visite cordiale et propice, qui témoigne de notre adhésion et de notre communion avec le Siège de Pierre en sa personne.
A la fin, j’ai cité et nous avons récité la prière ensemble : Dominus conservet eum… et non tradat eum in manibus inimicorum eius.
Concernant ma démission, je ne me considère ni indispensable ni irremplaçable, ce qui est le cas de tous, comme je l’ai toujours enseigné.
Bien sûr, je n’ai rien demandé d’autre que sa bénédiction. Je fais mienne la prière de saint Martin : « Seigneur, si ton peuple a encore besoin de moi, je ne refuse pas de travailler. »
Mais ces procédures prennent du temps. Le pape ne donne pas de réponse immédiate. Il consulte d’abord longuement.
Je lui ai répété sa phrase, prononcée lorsqu’il était cardinal, lors du conclave : « Nous sommes entre les mains du Saint-Esprit et de l’Église. »
Prions pour que le Pape fasse ce qui est le mieux pour l’avenir de notre Administration apostolique, pour le bien de l’Église et pour la gloire de Dieu.
Notre-Dame, Mère de l’Église, nous protégera toujours.
Dieu pourvoit, Dieu pourvoira ! Sa miséricorde est sans fin.
