Pour Philippe Portier, directeur d’études à l’École pratique des hautes études, les catholiques ont toujours été présents dans la vie politique :
"(…) La politique est considérée comme « l’expression la plus élevée de la charité » (encyclique Quadragesimus annus de Pie XI) (…) La Ve République marque une privatisation de la religion, sans doute liée à l’apaisement de la laïcité. Lors du débat sur l’avortement, des députés se réaffirment catholiques. Plus récemment, les débats sur les lois de bioéthique sont l’occasion d’un retour des thématiques religieuses pour contrer les évolutions sécularisantes de la société. On voit revenir ces thématiques depuis les années 1990 de plusieurs manières : place à donner à l’islam et identité religieuse de la France, mais aussi lien entre politique de l’intime et droit naturel (…)
Sous l’influence de l’épiscopat, lui aussi recentré sur ces questions, l’Église que l’on croyait en voie de minorisation, d’invisibilité, trouve des relais à l’Assemblée nationale pour contrer des politiques qu’elle juge trop relativistes et libérales. Ces députés sont principalement à droite. Ils ne viennent plus de l’Action catholique mais sont plutôt passés par l’enseignement catholique ou des mouvements familialistes ou spirituels, voire ont des parcours de convertis. Ils sont rejoints par d’autres, catholiques sans aller à la messe, qui estiment que la culture catholique fait partie de la culture française. Ils réutilisent la culture catholique comme fondement du vivre-ensemble.
Il est intéressant de voir que perdure une tentation « intégraliste » : les catholiques européens ont toujours eu du mal avec le clivage droite/gauche et sont davantage dans un schéma triangulaire avec un ennemi libéral et un ennemi socialiste. Les catholiques français aussi sont souvent tentés de renouer avec ce rêve de définir l’identité catholique contre ces deux identités modernes pour reconstituer une famille catholique unie, en surplomb en quelque sorte du monde politique. C’est ce que l’on voit encore aujourd’hui : certains essaient de transformer leur statut de minoritaires en force prophétique pour penser l’avenir. C’est ce que laisse entendre par exemple ce terme de veilleurs."
Elégant
Il faut dire que les protestants sont, également, très présents dans les sphères du pouvoir, peut-être, trop présents, même.
Et que leur action, par le biais d’associations, telles que le Cimade, peut être, particulièrement, insidieuse.