Les discussions, difficiles, avancent selon Olivier Bault dans Présent :
Interrogée par le journal polonais Gazeta Wyborcza, Marine Le Pen expliquait le 20 avril : « J’aimerais que nous formions un seul groupe, parce qu’alors nous serions influents au Parlement européen. […] Les Polonais du PiS et les Hongrois du Fidesz devraient appartenir à notre groupe, mais je sais que ce ne sera pas simple. » Le 8 avril dernier, le chef de la Ligue italienne Matteo Salvini annonçait à Milan la création, en vue des élections européennes du 26 mai, d’une Alliance européenne des peuples et des nations (AEPN), avec la participation de partis issus des trois groupes aujourd’hui situés à la droite du Parti populaire européen (PPE) : la Ligue italienne, le RN français, l’AfD allemand, le FPÖ autrichien, le Parti populaire danois, le Parti des Finlandais (ou Vrais Finlandais) et quelques autres.
Le vice-Premier ministre italien Matteo Salvini doit rencontrer le Premier ministre hongrois Viktor Orbán ce jeudi à Budapest. Selon le journal italien Corriere della Sera de lundi, les deux leaders souhaiteraient même une alliance au Parlement européen entre le Parti populaire européen (PPE) et ces droites dites « populistes », afin de mettre un terme à la domination de la gauche et des libéraux au Parlement européen.
Car il est clair, malgré leur progression partout en Europe, que lesdits populistes n’auront pas la majorité après le 26 mai face à la Grosse Koalition qui se dessine entre le PPE dont font partie Les Républicains, l’ALDE (libéraux) dont font partie les élus LREM et autres centristes, ainsi que le S&D (sociaux-démocrates) dont font partie les socialistes français. Cette coalition qui n’inclut pas encore, en théorie, les libéraux existe déjà dans les faits.
Voici deux exemples frappants parmi d’autres en dépit du discours, supposément conservateur et hostile au fédéralisme bruxellois, de MM. Wauquiez et Bellamy à l’approche des européennes :
– le 17 janvier dernier les élus LR votaient en masse (à l’exception de Brice Hortefeux) avec leur groupe PPE, mais aussi avec les libéraux et les socialistes, en faveur de nouveaux pouvoirs pour la Commission européenne non élue qui pourra, si ces nouveaux pouvoirs sont approuvés par le Conseil, suspendre le versement des fonds européens (fonds de cohésion, PAC, etc.) à tout pays dont elle jugera, à l’aune de critères arbitraires, qu’il ne respecte pas l’Etat de droit et les « valeurs européennes ». Les députés RN et leur groupe ENL (tout comme le Fidesz hongrois et le PiS polonais) ont en revanche voté contre ;
– le 17 avril, tous les députés LR au Parlement européen et l’ensemble du PPE hormis les Hongrois du Fidesz votaient avec les socialistes et les libéraux en faveur d’un programme européen intitulé « Citoyens, égalité, droits et valeurs ». Or, dans ce programme, il est question de la nécessité de lutter contre toutes sortes de phobies et discriminations, et notamment celles visant les musulmans et les « LGBTQI », mais il n’est à aucun moment question de la christianophobie ni des discriminations et attaques dont sont victimes les chrétiens. Encore une fois, les députés RN et leur groupe ENL (tout comme le Fidesz hongrois et le PiS polonais) ont bien entendu voté contre ce texte typiquement gauchiste et outrageusement discriminatoire à l’égard des chrétiens.
Si une scission du PPE est envisageable, il est donc en revanche exclu de le voir s’allier avec la vraie droite. Les LR français notamment ont maintes fois prouvé à Strasbourg qu’ils étaient idéologiquement de gauche. En revanche une alliance des droites dites populistes mais non favorables à la fin de l’UE pourrait en toute logique intégrer le PiS et le Fidesz.