Le magazine britannique Prospect (l’équivalent, intellectuellement et politiquement, du Nouvel Obs – mais mensuel) consacre ce mois-ci son article de couverture à la perspective d’une Europe plus religieuse à la fin du XXIe siècle.
La thèse de l’auteur, l’universitaire Eric Kaufmann, est que la proportion de croyants dans la société va tendre à augmenter du fait du différentiel de fécondité entre les familles croyantes et non-croyantes.
Ce différentiel n’est pas nouveau, mais Kaufmann prend en compte trois faits qui le sont :
- l’immigration musulmane, bien sûr, qui pourrait constituer un tiers de la population de grands pays européens au milieu du siècle;
- un moindre taux de "défection" que par le passé parmi les enfants issus de familles croyantes – défections qui annulaient jusqu’ici le différentiel démographique;
- la renaissance d’une identité chrétienne en réaction à l’Islam – Kaufmann cite le recensement britannique de 2001, qui montre que plus il y a de musulmans dans un quartier, plus le reste de la population tend à se définir comme "chrétien" plutôt que "sans religion".
L’auteur, dont la démarche est sociologique et non spirituelle, ne confond pas cette "identité chrétienne" avec la Foi – mais dit avec raison que l’une peut mener à l’autre.
Kaufmann conclut par une analyse des conséquences politiques de cette évolution. Elle devrait, comme la religiosité américaine, favoriser les partis conservateurs, mais ces derniers sont devant une alternative.
Beaucoup se jouera sur le choix que feront les partis conservateurs : opteront-ils pour un programme qui s’adresse aux croyants à travers les frontières ethniques, ou mobiliseront-ils une majorité blanche nationaliste traversant la division croyants/non croyants ?
Thierry
Civitas (http://www.civitas-institut.com/content/view/374/2/) l’avait annoncé lors de son excellent “soirée-débat” du 25 mars 2006. Les choses semblent se confirmer.